SOURCE - Laurent Dandrieu - Valeurs Actuelles - 10 juillet 2008
Des cinq conditions qui avaient été posées à Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X,par Mgr Darió Castrillón Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée de gérer les rapports entre le Vatican et les traditionalistes, lors de leur rencontre au siège de celle-ci, à Rome, le 4 juin, l’évêque en rupture de ban en a d’ores et déjà rempli une: contrairement à son habitude de prendre tout son temps, il a répondu dans les délais impartis, c’est-à-dire avant le 30 juin. La teneur de sa réponse, transmise au pape, n’est pas connue à ce jour.Mais, contre toute attente, il se murmure que Rome aurait été plutôt satisfait de son contenu.
Que demandait Mgr Castrillón au chef des lefebvristes dissidents ? Essentiellement un changement de ton: la Fraternité devait s’engager à « une réponse proportionnée à la charité du pape »,à manifester plus de respect envers celui-ci dans ses prises de position, à ne pas paraître revendiquer un magistère supérieur à celui du pape et à démontrer plus clairement sa bonne volonté. «Ultimatum » dont la Frater-nité elle-même reconnaissait le « caractère très général, pour ne pas dire vague ». Dans ces conditions, on était surpris des déclarations très rudes distillées tout au long du mois de juin par les responsables de la Fraternité, de la surenchère de MgrWilliamson (« Si l’Église nous veut dans son sein, elle doit abolir, éliminer complètement le missel de Paul VI et revenir à son glorieux passé ») au sermon prononcé par Mgr de Galarreta lors des ordinations lefebvristes à Écône, le 27 juin («Cette voie qu’on veut nous imposer est une voie morte et nous ne la suivrons pas »). Fidèle à sa tactique habituelle et soucieux de donner des gages à son aile intransigeante,MgrFellay aurait donc combiné une parole publique pessimiste, comparant les conditions posées par Rome à une « injonction de la fermer », et une réponse officielle beaucoup plus accommodante.
Pour autant, il ne semble pas que la Fraternité veuille saisir dans l’immédiat la carotte tendue par Mgr Castrillón Hoyos. Il semble que dans l’esprit de celui-ci, une réponse franchement positive aurait débouché sur l’ouverture rapide d’un processus de réconciliation,entraînant une levée des excommunications pesant sur les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre et l’octroi à la Fraternité Saint-Pie-X d’un statut de prélature personnelle (soit le même statut que l’Opus Dei).Mais la Fraternité semble vouloir s’en tenir à son propre calendrier et – alors que Rome évite soigneusement d’évoquer la pomme de discorde de Vatican II – à son exigence de négociations doctrinales préalables à tout accord pratique.
Une chose semble certaine: considérant que l’élection de Benoît XVI a ouvert une occasion historique d’en finir avec la dissension avec les traditionalistes, Rome semble décidé à presser le pas. Irrité que la Fraternité Saint-Pie-X n’ait en rien modifié son attitude depuis son élection (lors d’une récente homélie, Mgr Fellay le traitait encore de « libéral ») en dépit des innombrables signaux qui lui ont été envoyés (à commencer par la libéralisation du rite traditionnel), le pape semble bien décidé à la bousculer pour l’emmener, de gré ou de force, sur le chemin des négociations.
Que demandait Mgr Castrillón au chef des lefebvristes dissidents ? Essentiellement un changement de ton: la Fraternité devait s’engager à « une réponse proportionnée à la charité du pape »,à manifester plus de respect envers celui-ci dans ses prises de position, à ne pas paraître revendiquer un magistère supérieur à celui du pape et à démontrer plus clairement sa bonne volonté. «Ultimatum » dont la Frater-nité elle-même reconnaissait le « caractère très général, pour ne pas dire vague ». Dans ces conditions, on était surpris des déclarations très rudes distillées tout au long du mois de juin par les responsables de la Fraternité, de la surenchère de MgrWilliamson (« Si l’Église nous veut dans son sein, elle doit abolir, éliminer complètement le missel de Paul VI et revenir à son glorieux passé ») au sermon prononcé par Mgr de Galarreta lors des ordinations lefebvristes à Écône, le 27 juin («Cette voie qu’on veut nous imposer est une voie morte et nous ne la suivrons pas »). Fidèle à sa tactique habituelle et soucieux de donner des gages à son aile intransigeante,MgrFellay aurait donc combiné une parole publique pessimiste, comparant les conditions posées par Rome à une « injonction de la fermer », et une réponse officielle beaucoup plus accommodante.
Pour autant, il ne semble pas que la Fraternité veuille saisir dans l’immédiat la carotte tendue par Mgr Castrillón Hoyos. Il semble que dans l’esprit de celui-ci, une réponse franchement positive aurait débouché sur l’ouverture rapide d’un processus de réconciliation,entraînant une levée des excommunications pesant sur les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre et l’octroi à la Fraternité Saint-Pie-X d’un statut de prélature personnelle (soit le même statut que l’Opus Dei).Mais la Fraternité semble vouloir s’en tenir à son propre calendrier et – alors que Rome évite soigneusement d’évoquer la pomme de discorde de Vatican II – à son exigence de négociations doctrinales préalables à tout accord pratique.
Une chose semble certaine: considérant que l’élection de Benoît XVI a ouvert une occasion historique d’en finir avec la dissension avec les traditionalistes, Rome semble décidé à presser le pas. Irrité que la Fraternité Saint-Pie-X n’ait en rien modifié son attitude depuis son élection (lors d’une récente homélie, Mgr Fellay le traitait encore de « libéral ») en dépit des innombrables signaux qui lui ont été envoyés (à commencer par la libéralisation du rite traditionnel), le pape semble bien décidé à la bousculer pour l’emmener, de gré ou de force, sur le chemin des négociations.