Abbé Claude Barthe : Les nominations épiscopales en France |
2008-07-01 - leforumcatholique.org |
Introduction. A l’heure du bilan Lors de l’accession au souverain pontificat de Benoît XVI, le 19 avril 2005, une onde d’espérance a soulevé cette part du clergé français, peu nombreuse en soi mais proportionnellement toujours plus importante, qui attendait impatiemment une nouvelle donne, avec un nouveau style de pasteurs, une nouvelle pastorale de visibilité de l’Église, l’utilisation ouverte de toutes les ressources humaines, y compris traditionalistes, en un mot une salutaire « remise des pendules à l’heure ». Ces clercs, formés dans le contexte désastreux de l’après-Concile et en réaction contre lui, reprochent à leurs aînés et à leurs supérieurs de ne pas vouloir tirer les conséquences des erreurs passées. Surtout dans les zones rurales, où ils s’épuisent à saupoudrer cultuellement une quantité toujours plus grande d’églises pour un nombre toujours plus réduit de paroissiens, leur désir de rupture avec des expériences désastreuses reste, à ce jour, étouffé. Beaucoup d’évêques, demeurant encore trop souvent, par conviction ou en raison de la pression de leur entourage, conformes au modèle des « années de plomb », les années soixante-dix, maintiennent un ensemble de structures, de bureaux et de conseils, au niveau diocésain ou à celui des ensembles pastoraux. Pourtant, deux mois seulement après l’élection du nouveau pape est intervenue la nomination de Raymond Centène à l’évêché de Vannes, désignation étrangère à tous les réseaux habituels de « fabrication » d’évêques, comparable à la toute récente désignation de Nicolas Brouwet, curé de Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine, comme auxiliaire de Mgr Daucourt, à Nanterre. Mais l’ensemble des nominations durant les trois premières années du pontificat de Benoît XVI ont fait retomber un optimisme sans doute trop impatient. Les procédures ont continué à fonctionner de manière accoutumée […]. Je voudrais donc tenter dans ces pages d’expliquer les mécanismes qui, favorisant la cooptation, expliquent pour une part l’étonnante lenteur que met le monde épiscopal français à se renouveler. […] J’insiste sur le fait que la déception n’est pas tant le fait des traditionalistes que de ces prêtres que l’on appelle, avec une connotation inverse à celle des années soixante, « les nouveaux prêtres », proportionnellement toujours plus nombreux (proportionnellement : dans tel diocèse, les « nouveaux prêtres » en activité formeront dans dix ans la moitié du presbyterium, c’est-à-dire qu’ils seront trois sur six…) […] C’est un cercle infernal : il y a toujours moins de pratiquants et donc toujours moins de vocations ; mais comme les prêtres restent en activité fort longtemps, ils sont parfois… trop nombreux pour les fidèles qui restent ! Et cependant, dans ces diocèses financièrement et humainement exsangues, on continue à organiser à grands frais des synodes diocésains (ou plus modestement, des « assemblées générales diocésaines », comme au Mans) dont tout le monde sait qu’ils ne servent à rien, on s’échine à planifier des regroupements paroissiaux alors que l’heure est en réalité au regroupement de diocèses dans lesquels on ne célèbrera bientôt plus qu’une poignée de messes dominicales, et surtout on persiste à laisser se coopter entre eux des évêques d’une génération qui gère aujourd’hui la faillite après qu’elle l’ait hier programmée. Table des matières (Vient de paraitre, en vente chez votre libraire) Chapitre I – Les rouages du processus de nomination Chapitre II – La France à Rome Chapitre III – Paris, modèle pour une troisième voie ? Chapitre IV – Le cardinal « faiseur d’évêques ». |