SOURCE - Joséphine Bataille - 30 juin 2009
INTÉGRISME. A l’occasion des ordinations à Ecône, le supérieur de la FSSPX a envisagé l’ouverture imminente des « discussions théologiques » qui conditionnent l’évolution du statut de la Fraternité.
Les ordinations de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) ont eu lieu. Comme prévu, et comme chaque année. Sept Français et un Belge, âgés de 24 à 30 ans, sont devenus prêtres, et dix autres, diacres, au fil de longues et solennelles processions, à grands renforts d’encens, de dentelles, d’or et de pourpre. Ces ordinations du lundi 29 juin ont attiré au séminaire international d’Ecône, en Suisse, plus de 2500 fidèles, prêtres et religieux de la communauté. Rien que de très habituel, pour les disciples de Mgr Lefebvre, dont c’est le grand rassemblement annuel. A un détail près : aux côtés de Mgr Fellay, le célébrant, se trouvaient les évêques Tissier de Mallerais et Galaretta, mais manquait Richard Williamson. Dont le supérieur général a concédé, plus tard dans la journée lors d'un « point presse », qu’on pouvait considérer qu’il était « au coin », en résidence à Londres depuis qu’il a été démis de ses fonctions en Argentine.
Pour des raisons indépendantes, toutefois, des frasques de l’évêque négationniste, ces ordinations, avaient fait l’objet d’une relative dramatisation. Bien que le pape ait levé le 21 janvier dernier les peines d’excommunication des évêques de la FSSPX, ceux-ci ne peuvent conférer les ordres sacrés que de façon illicite, car le Saint-Siège ne leur reconnaît toujours aucune charge dans l’Eglise. Le 17 juin, le bureau de presse du Saint Siège rappelait que les ordinations étaient « illégitimes » : « tant que la Fraternité n’a pas de statut canonique dans l’Eglise, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Eglise ».
« A ce moment là, c’est à chaque messe que nous célébrons qu’il faut rouspéter, et pas seulement pour les ordinations », a répondu Mgr Fellay aux journalistes. Car selon le supérieur général de la Fraternité, qui s’est plu à banaliser l’événement, le nouveau « contexte » ne change pas fondamentalement la donne. « Certes nous sommes dans une situation d’imperfection canonique, mais quand on voit la situation de l’Eglise, notre position aujourd’hui reste totalement justifiée. Quant à arrêter de faire des prêtres, nous ne le pouvons pas, car nous sommes une société sacerdotale ». Il s'est félicité de voir la FSSPX « donner des prêtres à l’Eglise » au moment même où le pape ouvrait une « année sacerdotale ». Une façon de relever le dynamisme de sa communauté, face à une Eglise que les Lefebvristes n'ont de cesse de décrire comme moribonde.
Evoquant le statut « bancal » de la FSSPX - levée d’excommunications sans restauration de la pleine communion -, Mgr Fellay va même plus loin : en l’absence « d’interdiction formelle » émise par le Vatican, il mise sur la « tolérance tacite » de Rome à voir conférer le sacrement de l’ordre.
En fait, la question n’est déjà plus celle de ces ordinations, mais encore et toujours celle des « discussions » théologiques qui doivent se tenir entre le Vatican et les représentants de la Fraternité sur le fond, à savoir l’acceptation du Concile Vatican II. Lundi, Mgr Fellay affirmait que les échanges avec Rome restaient intenses et réguliers, et il pensait pouvoir annoncer le début des débats pour l’automne. « Je vois chez le Pape une vraie volonté d’aboutir ; et là on l’on veut arriver, il y a un chemin. J’attends du Pape qu’il fasse le travail de clarification qui aurait dû être fait au moment du Concile, et qu’il en fournisse une grille de lecture. Le problème est que les textes du Concile puissent donner lieu à des interprétations qui ne peuvent pas coexister. »
Reste à voir si Benoît XVI, qui a néanmoins réaffirmé en mars que la Fraternité devrait « accepter Vatican II et le magistère post conciliaire des papes », sera aussi conciliant que Mgr Fellay veut bien l’espérer.
Reste à voir si Benoît XVI, qui a néanmoins réaffirmé en mars que la Fraternité devrait « accepter Vatican II et le magistère post conciliaire des papes », sera aussi conciliant que Mgr Fellay veut bien l’espérer.