SOURCE - Paix Liturgique, lettre 248 - 16 septembre 2010
À l’occasion du troisième anniversaire de l’entrée en vigueur du Motu Proprio, l’émission « Le Grand Témoin » de Radio Notre-Dame du 14 septembre dernier était spécialement consacrée à ce thème ce qui, en soi, est déjà un événement devant être placé dans la ligne de la visite du cardinal Vingt-Trois au Pèlerinage de Chrétienté, en juin dernier ; et quelques autres gestes d’évêques français.
L’invité principal de Louis Daufresne, ce matin-là, était Mgr Patrick Chauvet, vicaire épiscopal pour l’usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris et curé de la paroisse Saint-François-Xavier.
Tant l’émission elle-même sur la radio officielle du diocèse - au cours de laquelle le vicaire épiscopal dialoguait avec un journaliste de L’Homme nouveau, Daniel Hamiche, et par téléphone avec l’abbé Chanut, prêtre du diocèse d’Évry, l’un et l’autre favorables au développement du Motu Proprio -, que les propos - il va de soi prudents - du Père Chauvet, semblent tout à fait positifs pour l’avenir.
Et d’abord pour l’avenir dans le diocèse de Paris lui-même. Rappelons en effet que, jusqu’à présent, dans le diocèse de Paris, deux messes dominicales seulement ont été mises en place à la suite du Motu proprio de Benoît XVI :
- l’une célébrée chaque dimanche à 12 h 15 à Ste Jeanne de Chantal dans le 16ème arrondissement,
- l’autre célébrée à 18 h 30 à Notre-Dame du Travail dans le 14ème arrondissement, mais seulement, très curieusement, 3 dimanches par mois.
Or, notre association a eu connaissance de plus de 30 demandes sérieuses d’application du Motu Proprio dans les paroisses parisiennes. Les deux messes célébrées n’étant pas de surcroît proposées à un horaire familial (entre 9h et midi), on restait pour l’instant dans le cadre d’une application très réservée. Surtout si l’on considère qu’un catholique pratiquant parisien sur trois assisterait au moins une fois par mois à la célébration de la forme extraordinaire si celle-ci lui était proposée dans sa paroisse (voir notre lettre 220 présentant les résultats du sondage Harris Interactive de janvier 2010 auprès d’un échantillon de 850 Parisiens de 18 ans et plus se considérant catholiques).
Ceci précisé, il est normal pour toutes les « parties » en présence qu’une situation ecclésiale passablement nouvelle exige un certain temps pour être assumée par elles. D’où, d’un côté l’impatience de la “demande” qui a pu monter parfois jusqu’à l’irritation, de l’autre la lenteur de “l’offre” qui estime qu’elle doit défendre des « droits acquis » conciliaires. Mais la situation générale de l’Église de France est en pleine mutation et oblige tout le monde à se repositionner rapidement de la manière la plus constructive possible, notamment pour revitaliser ce qui peut l’être en matière de vocations, de séminaires, de visibilité, de remontée de la pratique liturgique, en qualité, âge, nombre, etc.
Les propos pondérés de Mgr Chauvet - qui, en tant que vicaire épiscopal pour l’usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris, est le collaborateur privilégié du Cardinal-Archevêque de Paris, Président de la Conférence des Évêques de France - semblent être un infléchissement dans ce contexte.
Nous vous proposons ci-dessous quelques brefs passages de l’entretien avec Mgr Chauvet (nous avons conservé leur style oral, mais nous avons rajouté des titres pour faciliter la compréhension de l’enchaînement des points évoqués), l’intégralité de l’émission étant consultable sur le site de Radio Notre-Dame.
1 – L’exemple de Saint-François-Xavier
- Mgr Chauvet : [...] Je pense qu’il faut que les fidèles puissent découvrir par eux-mêmes [la forme extraordinaire], parce que si j’annonce moi, à Saint-François-Xavier, que désormais la messe de 10h15, qui est la messe de toutes les familles, va être la messe selon le missel de Saint Pie V, je peux vous assurer que j’aurai un peu la révolution chez moi. Parce que, d’abord ils ne sont pas très pro-latin et, ensuite je pense qu’ils ne seraient en plus pas préparés. Donc il faut voir quand on veut faire des sondages ou des demandes, il faut toujours se méfier.
- Radio Notre-Dame : Mais vu d’un regard extérieur, Monseigneur, est-ce que ce n’est pas un peu curieux d’avoir au sein d’une même institution, là on parle de l’Église, deux formes si différentes, pas forcément antagonistes, mais simplement avec lesquelles les fidèles ne sont pas familiarisés, selon qu’ils sont attachés à l’une ou à l’autre ? Est-ce que ce n’est pas un peu étonnant ?
- Mgr Chauvet : Moi je ne dirais pas que ça soit si différent. Parce que comme vous dites le Canon, la Prière...
- Radio Notre-Dame : Vous avez dit : ça serait “la révolution” un peu chez vous parce qu’on y est pas habitués...
- Mgr Chauvet : Parce que ceux qui viennent à la messe d’habitude en latin à neuf heures, il n’y a pas de problème, elle est en grégorien et tout, ça je pense que ça ne fera pas de révolution, mais pour des fidèles qui aiment la liturgie de Paul VI, parce qu’ils y participent, parce que d’abord ils y sont habitués, parce qu’elle est bien célébrée et que vraiment il y a des temps de silence, d’intériorité... Ils seraient même étonnés qu’on propose cela. Donc je veux dire par là qu’ils n’ont rien contre la messe en latin, la preuve c’est que s’ils veulent, ils peuvent venir à 9h. [...] Je pense qu’il y a aussi une pédagogie divine. Il faut rentrer dans la pédagogie de Dieu.
2 – Non aux ghettos liturgiques
- Mgr Chauvet : Dans le diocèse de Paris, le Cardinal Vingt-Trois, comme d’ailleurs son prédécesseur j’y reviendrai, n’a pas souhaité une paroisse personnelle. Pourquoi ? Parce qu’il ne voit pas pourquoi on mettrait des chrétiens comme ça à côté, une sorte de “ghetto des tradis” entre guillemets, et puis les autres... Je crois, et le Père Chanut a raison, c’est dans la paroisse que ça doit se vivre et là j’en reviens à l’intuition du Cardinal Lustiger, qui il y a 20 ans avait dit : « Il faut que dans une paroisse il y ait les deux missels, parce que ça va permettre une communion » qui va se faire - il faut du temps, on a les paroles de la vie éternelle -, qui va se faire progressivement et nous voyons effectivement dans les lieux où le curé dit et célèbre les deux missels, qu’il y a des communications qui peuvent se faire entre des fidèles qui viennent souvent à la messe extraordinaire ou à la messe ordinaire, et qui passent et qui s’habituent et qui redécouvrent les richesses et tout ce qu’on évoquait tout à l’heure, cette communion entre ces deux belles traditions, ça devient une richesse et non pas une source de conflits.
3 – Former les prêtres
- Mgr Chauvet : J’adhère aussi à 180 % même 200% à ce que vient de dire le Père [l’abbé Chanut]. Je veux dire par-là que la question qu’il avait évoquée, c’est qu’il faut que nous formions des prêtres, jeunes et peut-être même moins jeunes, parce que ce n’est pas uniquement des prêtres âgés qui doivent célébrer ce missel, mais cela suppose que nous formions des prêtres qui puissent célébrer dignement, saintement et avec cœur ce missel. Je peux vous assurer que le diocèse de Paris, c’est une question qui est ...
- Radio Notre-Dame : Il y a une formation au séminaire de Paris ?
- Mgr Chauvet : Non, actuellement il n’y a pas de formation.
Il y en a une à Lyon, mise en place cette année - on va voir comment ça se passe - avec Mgr Batut. En revanche on peut quand même apprendre, même si l’on est pas au séminaire, à célébrer dignement, il y a des lieux où on la célèbre bien, que ça soit au Barroux, ou à Fontgombault, et donc je peux vous assurer que c’est une préoccupation en tout cas du Cardinal, qui réfléchit et qui travaille sur cette question.
4 – Le Pape et les évêques
- Mgr Chauvet : Moi je crois que les évêques font tout et qu’il ne faut surtout pas entrer dans cette sorte de dialectisme entre le Pape et les évêques. Opposer le Pape aux évêques, c’est un péché.
Un péché contre l’Unité et un péché grave.
- Radio Notre-Dame : Il y en a qui peuvent se dire que le Pape découd ce que le prédécesseur a cousu... Benoît XVI n’est pas éternel...
- Mgr Chauvet : Précédemment dans l’histoire de l’Église ça ne s’est jamais vu. [...] Il y en a peut-être certains qui prient pour que le Pape puisse s’endormir rapidement et que celui qui arrivera cassera tout... Non, ça n’existe pas dans l’Église. Ce souci de communion est lié au Siège de Pierre. Quand il est élu, déjà dans son cœur, il y a le travail de la communion. « Qu’ils soient un comme nous sommes Un ! »
LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
À propos de l’exemple de Saint-François-Xavier : selon le P. Chauvet, une application dominicale du Motu Proprio à 9h le dimanche « ne fera pas de révolution ». Ce qui va dans le sens de ses propos lors d’une réunion devant un public important à Paris, en juin 2008, consacrée à la première application du Motu Proprio (voir lettre de Paix liturgique n°116 ) : « On peut raisonnablement penser qu’à moyen terme, la forme extraordinaire du rite romain pourrait être célébrée dans toutes les grandes églises de Paris ». À Saint-François-Xavier comme en d’autres paroisses parisiennes, il semble en effet raisonnable et aisé de passer d’une messe grégorienne à une messe en forme extraordinaire sans choquer aucune habitude.
Sur les ghettos liturgiques : il faut que « dans une paroisse il y ait les deux missels ». Mais Il y a 120 paroisses à Paris, alors que l’intuition du cardinal Lustiger s’appliquait, à l’époque, à quelques paroisses déterminées où s’appliquait (et s’applique toujours), le Motu Proprio de 1988. Mgr Chauvet laisse entendre qu’une extension progressive de cette cohabitation, conforme au Motu Proprio de 2007, peut se faire.
Sur la formation des prêtres : Mgr Chauvet convient très simplement qu’à Paris, il n’est pas encore donné de formation pour la forme extraordinaire. Elle passera logiquement par une célébration au séminaire de cette forme (une fois par semaine ?), de sorte que dans le séminaire aussi, il y ait les deux missels.
Sur le Pape et les évêques : « Opposer le Pape aux évêques, c’est un péché », dit Mgr Chauvet, puisqu’ils sont en parfaite communion. Mgr Chauvet a cependant dû, comme tout un chacun, constater un certain décalage entre le Pape et beaucoup d’évêques à propos de Summorum Pontificum. L'accentuer, à la manière de la politique du pire, serait en effet un péché (et plus encore une erreur). Mais constater ce décalage n’est pas péché. Tout faire pour que ce décalage se réduise est œuvre de communion.
Nous attendons donc sereinement et nous émettons quelques vœux constructifs très simples :
1/ Qu’il y ait une prise de conscience impartiale de l’évident déficit de l’offre de la forme extraordinaire par rapport à la demande : nous rappelons que si près de 80 célébrations dominicales nouvelles ont été mises en œuvre en France depuis le 7 juillet 2007, il reste plus de 400 demandes insatisfaites. Sans parler de la demande potentielle, non exprimée par le moyen de la constitution formelle de groupes, mais considérable : comme nous le disons plus haut, les sondages montrent qu’un tiers des pratiquants réguliers assisteraient volontiers à la messe extraordinaire dans leur paroisse.
2/ Il est évident qu’il faudra un certain temps pour que toutes les paroisses de France fassent coexister les 2 missels. Il serait bon qu’on y parvienne avant le Jugement dernier. Et il est non moins évident que l’exemple et les exhortations épiscopales - a fortiori en provenance de la présidence de l’épiscopat - y aideront puissamment.
3/ Enfin, on a souvent dit que la réforme liturgique était un échec, parce qu’elle avait été insuffisamment expliquée. À nos oreilles de fidèles, il a cependant semblé que les explications, depuis 40 ans, avaient été nombreuses, insistantes et fort copieuses. Une simple information donnée de manière positive par les évêques et les curés à propos du Motu Proprio de 2007, sur le droit qu’il concède et sur la teneur de la messe en forme extraordinaire, pourrait donner des résultats assez étonnants.
À l’occasion du troisième anniversaire de l’entrée en vigueur du Motu Proprio, l’émission « Le Grand Témoin » de Radio Notre-Dame du 14 septembre dernier était spécialement consacrée à ce thème ce qui, en soi, est déjà un événement devant être placé dans la ligne de la visite du cardinal Vingt-Trois au Pèlerinage de Chrétienté, en juin dernier ; et quelques autres gestes d’évêques français.
L’invité principal de Louis Daufresne, ce matin-là, était Mgr Patrick Chauvet, vicaire épiscopal pour l’usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris et curé de la paroisse Saint-François-Xavier.
Tant l’émission elle-même sur la radio officielle du diocèse - au cours de laquelle le vicaire épiscopal dialoguait avec un journaliste de L’Homme nouveau, Daniel Hamiche, et par téléphone avec l’abbé Chanut, prêtre du diocèse d’Évry, l’un et l’autre favorables au développement du Motu Proprio -, que les propos - il va de soi prudents - du Père Chauvet, semblent tout à fait positifs pour l’avenir.
Et d’abord pour l’avenir dans le diocèse de Paris lui-même. Rappelons en effet que, jusqu’à présent, dans le diocèse de Paris, deux messes dominicales seulement ont été mises en place à la suite du Motu proprio de Benoît XVI :
- l’une célébrée chaque dimanche à 12 h 15 à Ste Jeanne de Chantal dans le 16ème arrondissement,
- l’autre célébrée à 18 h 30 à Notre-Dame du Travail dans le 14ème arrondissement, mais seulement, très curieusement, 3 dimanches par mois.
Or, notre association a eu connaissance de plus de 30 demandes sérieuses d’application du Motu Proprio dans les paroisses parisiennes. Les deux messes célébrées n’étant pas de surcroît proposées à un horaire familial (entre 9h et midi), on restait pour l’instant dans le cadre d’une application très réservée. Surtout si l’on considère qu’un catholique pratiquant parisien sur trois assisterait au moins une fois par mois à la célébration de la forme extraordinaire si celle-ci lui était proposée dans sa paroisse (voir notre lettre 220 présentant les résultats du sondage Harris Interactive de janvier 2010 auprès d’un échantillon de 850 Parisiens de 18 ans et plus se considérant catholiques).
Ceci précisé, il est normal pour toutes les « parties » en présence qu’une situation ecclésiale passablement nouvelle exige un certain temps pour être assumée par elles. D’où, d’un côté l’impatience de la “demande” qui a pu monter parfois jusqu’à l’irritation, de l’autre la lenteur de “l’offre” qui estime qu’elle doit défendre des « droits acquis » conciliaires. Mais la situation générale de l’Église de France est en pleine mutation et oblige tout le monde à se repositionner rapidement de la manière la plus constructive possible, notamment pour revitaliser ce qui peut l’être en matière de vocations, de séminaires, de visibilité, de remontée de la pratique liturgique, en qualité, âge, nombre, etc.
Les propos pondérés de Mgr Chauvet - qui, en tant que vicaire épiscopal pour l’usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris, est le collaborateur privilégié du Cardinal-Archevêque de Paris, Président de la Conférence des Évêques de France - semblent être un infléchissement dans ce contexte.
Nous vous proposons ci-dessous quelques brefs passages de l’entretien avec Mgr Chauvet (nous avons conservé leur style oral, mais nous avons rajouté des titres pour faciliter la compréhension de l’enchaînement des points évoqués), l’intégralité de l’émission étant consultable sur le site de Radio Notre-Dame.
1 – L’exemple de Saint-François-Xavier
- Mgr Chauvet : [...] Je pense qu’il faut que les fidèles puissent découvrir par eux-mêmes [la forme extraordinaire], parce que si j’annonce moi, à Saint-François-Xavier, que désormais la messe de 10h15, qui est la messe de toutes les familles, va être la messe selon le missel de Saint Pie V, je peux vous assurer que j’aurai un peu la révolution chez moi. Parce que, d’abord ils ne sont pas très pro-latin et, ensuite je pense qu’ils ne seraient en plus pas préparés. Donc il faut voir quand on veut faire des sondages ou des demandes, il faut toujours se méfier.
- Radio Notre-Dame : Mais vu d’un regard extérieur, Monseigneur, est-ce que ce n’est pas un peu curieux d’avoir au sein d’une même institution, là on parle de l’Église, deux formes si différentes, pas forcément antagonistes, mais simplement avec lesquelles les fidèles ne sont pas familiarisés, selon qu’ils sont attachés à l’une ou à l’autre ? Est-ce que ce n’est pas un peu étonnant ?
- Mgr Chauvet : Moi je ne dirais pas que ça soit si différent. Parce que comme vous dites le Canon, la Prière...
- Radio Notre-Dame : Vous avez dit : ça serait “la révolution” un peu chez vous parce qu’on y est pas habitués...
- Mgr Chauvet : Parce que ceux qui viennent à la messe d’habitude en latin à neuf heures, il n’y a pas de problème, elle est en grégorien et tout, ça je pense que ça ne fera pas de révolution, mais pour des fidèles qui aiment la liturgie de Paul VI, parce qu’ils y participent, parce que d’abord ils y sont habitués, parce qu’elle est bien célébrée et que vraiment il y a des temps de silence, d’intériorité... Ils seraient même étonnés qu’on propose cela. Donc je veux dire par là qu’ils n’ont rien contre la messe en latin, la preuve c’est que s’ils veulent, ils peuvent venir à 9h. [...] Je pense qu’il y a aussi une pédagogie divine. Il faut rentrer dans la pédagogie de Dieu.
2 – Non aux ghettos liturgiques
- Mgr Chauvet : Dans le diocèse de Paris, le Cardinal Vingt-Trois, comme d’ailleurs son prédécesseur j’y reviendrai, n’a pas souhaité une paroisse personnelle. Pourquoi ? Parce qu’il ne voit pas pourquoi on mettrait des chrétiens comme ça à côté, une sorte de “ghetto des tradis” entre guillemets, et puis les autres... Je crois, et le Père Chanut a raison, c’est dans la paroisse que ça doit se vivre et là j’en reviens à l’intuition du Cardinal Lustiger, qui il y a 20 ans avait dit : « Il faut que dans une paroisse il y ait les deux missels, parce que ça va permettre une communion » qui va se faire - il faut du temps, on a les paroles de la vie éternelle -, qui va se faire progressivement et nous voyons effectivement dans les lieux où le curé dit et célèbre les deux missels, qu’il y a des communications qui peuvent se faire entre des fidèles qui viennent souvent à la messe extraordinaire ou à la messe ordinaire, et qui passent et qui s’habituent et qui redécouvrent les richesses et tout ce qu’on évoquait tout à l’heure, cette communion entre ces deux belles traditions, ça devient une richesse et non pas une source de conflits.
3 – Former les prêtres
- Mgr Chauvet : J’adhère aussi à 180 % même 200% à ce que vient de dire le Père [l’abbé Chanut]. Je veux dire par-là que la question qu’il avait évoquée, c’est qu’il faut que nous formions des prêtres, jeunes et peut-être même moins jeunes, parce que ce n’est pas uniquement des prêtres âgés qui doivent célébrer ce missel, mais cela suppose que nous formions des prêtres qui puissent célébrer dignement, saintement et avec cœur ce missel. Je peux vous assurer que le diocèse de Paris, c’est une question qui est ...
- Radio Notre-Dame : Il y a une formation au séminaire de Paris ?
- Mgr Chauvet : Non, actuellement il n’y a pas de formation.
Il y en a une à Lyon, mise en place cette année - on va voir comment ça se passe - avec Mgr Batut. En revanche on peut quand même apprendre, même si l’on est pas au séminaire, à célébrer dignement, il y a des lieux où on la célèbre bien, que ça soit au Barroux, ou à Fontgombault, et donc je peux vous assurer que c’est une préoccupation en tout cas du Cardinal, qui réfléchit et qui travaille sur cette question.
4 – Le Pape et les évêques
- Mgr Chauvet : Moi je crois que les évêques font tout et qu’il ne faut surtout pas entrer dans cette sorte de dialectisme entre le Pape et les évêques. Opposer le Pape aux évêques, c’est un péché.
Un péché contre l’Unité et un péché grave.
- Radio Notre-Dame : Il y en a qui peuvent se dire que le Pape découd ce que le prédécesseur a cousu... Benoît XVI n’est pas éternel...
- Mgr Chauvet : Précédemment dans l’histoire de l’Église ça ne s’est jamais vu. [...] Il y en a peut-être certains qui prient pour que le Pape puisse s’endormir rapidement et que celui qui arrivera cassera tout... Non, ça n’existe pas dans l’Église. Ce souci de communion est lié au Siège de Pierre. Quand il est élu, déjà dans son cœur, il y a le travail de la communion. « Qu’ils soient un comme nous sommes Un ! »
LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
À propos de l’exemple de Saint-François-Xavier : selon le P. Chauvet, une application dominicale du Motu Proprio à 9h le dimanche « ne fera pas de révolution ». Ce qui va dans le sens de ses propos lors d’une réunion devant un public important à Paris, en juin 2008, consacrée à la première application du Motu Proprio (voir lettre de Paix liturgique n°116 ) : « On peut raisonnablement penser qu’à moyen terme, la forme extraordinaire du rite romain pourrait être célébrée dans toutes les grandes églises de Paris ». À Saint-François-Xavier comme en d’autres paroisses parisiennes, il semble en effet raisonnable et aisé de passer d’une messe grégorienne à une messe en forme extraordinaire sans choquer aucune habitude.
Sur les ghettos liturgiques : il faut que « dans une paroisse il y ait les deux missels ». Mais Il y a 120 paroisses à Paris, alors que l’intuition du cardinal Lustiger s’appliquait, à l’époque, à quelques paroisses déterminées où s’appliquait (et s’applique toujours), le Motu Proprio de 1988. Mgr Chauvet laisse entendre qu’une extension progressive de cette cohabitation, conforme au Motu Proprio de 2007, peut se faire.
Sur la formation des prêtres : Mgr Chauvet convient très simplement qu’à Paris, il n’est pas encore donné de formation pour la forme extraordinaire. Elle passera logiquement par une célébration au séminaire de cette forme (une fois par semaine ?), de sorte que dans le séminaire aussi, il y ait les deux missels.
Sur le Pape et les évêques : « Opposer le Pape aux évêques, c’est un péché », dit Mgr Chauvet, puisqu’ils sont en parfaite communion. Mgr Chauvet a cependant dû, comme tout un chacun, constater un certain décalage entre le Pape et beaucoup d’évêques à propos de Summorum Pontificum. L'accentuer, à la manière de la politique du pire, serait en effet un péché (et plus encore une erreur). Mais constater ce décalage n’est pas péché. Tout faire pour que ce décalage se réduise est œuvre de communion.
Nous attendons donc sereinement et nous émettons quelques vœux constructifs très simples :
1/ Qu’il y ait une prise de conscience impartiale de l’évident déficit de l’offre de la forme extraordinaire par rapport à la demande : nous rappelons que si près de 80 célébrations dominicales nouvelles ont été mises en œuvre en France depuis le 7 juillet 2007, il reste plus de 400 demandes insatisfaites. Sans parler de la demande potentielle, non exprimée par le moyen de la constitution formelle de groupes, mais considérable : comme nous le disons plus haut, les sondages montrent qu’un tiers des pratiquants réguliers assisteraient volontiers à la messe extraordinaire dans leur paroisse.
2/ Il est évident qu’il faudra un certain temps pour que toutes les paroisses de France fassent coexister les 2 missels. Il serait bon qu’on y parvienne avant le Jugement dernier. Et il est non moins évident que l’exemple et les exhortations épiscopales - a fortiori en provenance de la présidence de l’épiscopat - y aideront puissamment.
3/ Enfin, on a souvent dit que la réforme liturgique était un échec, parce qu’elle avait été insuffisamment expliquée. À nos oreilles de fidèles, il a cependant semblé que les explications, depuis 40 ans, avaient été nombreuses, insistantes et fort copieuses. Une simple information donnée de manière positive par les évêques et les curés à propos du Motu Proprio de 2007, sur le droit qu’il concède et sur la teneur de la messe en forme extraordinaire, pourrait donner des résultats assez étonnants.