SOURCE - summorum-pontificum.fr- 9 décembre 2010
DICI nous informe que la Fraternité Saint-Pie X (dont je n’ai pas parlé depuis longtemps) comporte désormais trente nouveaux membres. Il s’agit, en fait, des trente séminaristes de deuxième année qui ont prononcé leur premier engagement au sein de cette fraternité, hier, en la fête de l’Immaculée Conception. Toujours selon DICI, « Ils étaient 13 à Ecône, 11 à Winona et 6 à Zaitzkofen ».
Puisque j’évoque la Fraternité Saint-Pie X, que l’on me permette une question, légèrement irrévérencieuse dans son exposé, mais pas dans mon esprit. Le Pape Benoît XVI a-t-il voulu faire échouer les entretiens avec les théologiens de la Fraternité Saint-Pie X ?
Cette question, je me la suis posé tout au long de la lecture de son dernier livre, Lumière du monde, ouvrage que j’ai maintenant achevé. Mon attachement au Pape reste entier, mon admiration pour Joseph Ratzinger est totale, mais je n’ai pas trouvé ce livre à la hauteur du Souverain pontife qu’est Benoît XVI ni de l’intellectuel qu’est Joseph Ratzinger. Nous sommes loin de la vigueur intellectuelle des Entretiens sur la foi et du Sel de la terre, ainsi que des confidences de Ma vie.
Surtout, je me suis posé la question des entretiens avec la Fraternité Saint-Pie X. Je suis de ceux qui ont plutôt tendance à penser qu’il faudra des siècles avant de régler par ce biais les problèmes soulevés. Évidemment, je puis (et je dirais même, je souhaite) me tromper. Mais en abordant la question de la messe, de la liberté religieuse, des relations avec le judaïsme et l’islam, la question de la communion dans la bouche, Humanæ vite, le préservatif et l’affaire Williamson, en répondant comme il l’a fait, Benoît XVI a-t-il voulu faire échouer les tentatives de rapprochements ? Je me pose seulement la question.
Je sais bien que toute la vie de l’Église, et donc les préoccupations du Saint-Père, ne tourne pas et ne doive pas tourner uniquement autour de la question de la Fraternité Saint-Pie X. J’en suis bien d’accord. Le centre de l’Église est à Rome et non ailleurs.
Mais, en même temps, quand on commence une action, qu’on décide une politique – je sais que ce mot fait peur dès que l’on parle de l’Église, réalité à la fois surnaturelle et humaine, mais le Souverain Pontife est aussi un… souverain – je ne peux m’empêcher de penser que l’on n’expose pas publiquement ce qui peut nuire à une action publiquement engagée. C’est l’aspect public des réponses non magistérielles du Pape qui m’interpelle. Que Benoît XVI veuille obtenir, au cours des entretiens, l’assentiment des théologiens de la Fraternité Saint-Pie X sur sa vision de Vatican II, telle qu’elle est développée dans ce livre, je le comprends bien. Mais cela se passe dans le cadre discret d’une rencontre, de discussions, voire de négociations. Mais, en l’exposant publiquement, il ruine l’action même qu’il a voulu entreprendre. Cette manière de faire me paraît étrange. Et j’imagine l’interrogation des théologiens du Vatican qui discutent avec ceux de la Fraternité Saint-Pie X. Ils ont désormais du pain sur la planche…