SOURCE - Lettre à nos frères Prêtres (Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France) - Mise en ligne par "La Porte Latine" - décembre 2010
Quel rapport entre Vatican II et la crise ?
Depuis un an déjà, les entretiens doctrinaux souhaités par la Fraternité Saint-Pie X et décidés par le Souverain Pontife se déroulent régulièrement entre des experts de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et des représentants de la Fraternité Saint-Pie X.
Ces conversations doctrinales se poursuivent avec la discrétion que réclame une entreprise si importante et si difficile. Il est impossible, et il serait insensé, de vouloir travailler sur des questions complexes et subtiles sous l’oeil des caméras de télévision et devant une forêt de micros.
Chacun des protagonistes, en effet, doit pouvoir exprimer sa position, sa vue d’un problème, devant ses pairs, même si cette expression est encore insuffisante et imparfaite, de façon à recevoir les critiques et les remarques fondées des autres, et réussir ainsi à affiner et à parfaire ce qu’il doit dire et défendre. Il serait ridicule et imprudent de vouloir répandre à tous vents dès maintenant ce qui a besoin d’être poli, approfondi, mieux argumenté. Et ceci, d’un côté comme de l’autre.
Attendons alors sans impatience, et en priant pour le bien de l’Église, que ces discussions soient suffisamment avancées pour que tel ou tel élément définitivement élaboré puisse en être présenté au public et que nous ayons alors l’occasion d’en prendre connaissance.
Cependant, ces approfondissements théologiques ont pour objet principal notre rapport au concile Vatican II, et l’influence de ce dernier dans la crise que traverse l’Église aujourd’hui. Il m’a alors semblé utile de vous proposer une synthèse simple mais assez complète de notre position sur ce point crucial, synthèse dont la première partie est présentée en ce numéro.
Parler de Vatican II avec délicatesse et nuance, mais aussi avec franchise et vérité, est aujourd’hui extrêmement difficile. Laisser entendre que tel texte du Concile, en tel de ses points, et pour telle raison théologique, pourrait éventuellement ne pas être entièrement étranger à la crise actuelle, paraît totalement impensable et inaccepté : c’est le grand tabou ecclésiastique contemporain, la question brûlante par excellence.
J’ai pensé qu’il n’était ni digne de vous, ni digne de nous d’esquiver cette question cruciale sous prétexte qu’elle pourrait contrarier celui-ci ou celui-là. Il m’a semblé que nous pouvions, entre prêtres, entre adultes mûrs et responsables comme on dit, librement « parler des choses qui fâchent sans se fâcher ». C’est un pari sur l’intelligence et l’ouverture d’esprit.
Abbé Régis de CACQUERAY