17 décembre 2010

[Credidimus caritati] Interview de nos futurs prêtres

SOURCE - Credidimus caritati, bulletin du Séminaire de La Reja - mis en ligne par La Porte Latine - autome/hiver 2010


Le samedi 18 décembre prochain, Dieu voulant, nos cinq diacres recevront le sacrement de l'ordination sacerdotale des mains de S.E.R. Mgr Bernard Tissier de Mallerais, cérémonie à laquelle vous êtes tous très cordialement invités à assister et à vous unir en ce jour action de grâces.
Quels facteurs vous ont conduit à la vocation sacerdotale?

Juan Martín Albisu: Depuis mon enfance, mes parents et ma famille m'ont inculqué l'importance et la première place que doit occuper Dieu dans nos vies. Voir que « nous ne pouvions pas arriver en retard à la messe », que « il fallait prier l'ange gardien avant de dormir », et toute cette atmosphère difficile à exprimer, favorisa l'inclination que j'eus tout jeune envers la sainte messe, envers le prêtre et la liturgie, et qui ira croissant d'année en année.
Carlos Caliri: La vocation sacerdotale est un appel de Dieu qui peut se manifester de diverses façons. En mon cas particulier, il s'est manifesté par une sécurité intérieure, en mon âme, que je devais suivre Notre Seigneur de plus près, et de ne pas diviser mon coeur. Puis cette assurance, ce désir, me fut confirmé par un prêtre.
Fabio Calixto: Je peux dire qu'il y eut deux facteurs: le premier se réfère au salut de mon âme, car, voyant les périls du monde et ses attraits, mon âme courait le danger de se laisser séduire et ainsi de perdre pour toujours le bonheur éternel du ciel ; le second est le salut des autres âmes, qui se perdent pour n'avoir pas de guide qui les aide à abandonner le péché et leur montre le chemin du ciel.
Hector Guiscafré: Je crois que le facteur le plus important furent les Exercices Spirituels de Saint Ignace : ce fut pendant une retraite que je pris la résolution de donner à la vocation la priorité sur toutes autres choses. Quand on est absorbé et imbus du monde, il est difficile de prendre une décision tranchée et généreuse de tout abandonner pour Dieu. C'est pourquoi le climat favorable des exercices spirituels me permit d'entendre l'appel de Dieu et, avec sa grâce, d'y répondre courageusement.
Carlos Ramírez: Les facteurs qui m'amenèrent à suivre ma vocation furent deux: l'exemple d'un bon prêtre, et la prière en famille (et spécialement la récitation quotidienne du chapelet).

Face à un monde plongé dans l'indifférence religieuse, comment avez-vous réussi à maintenir ferme votre décision d'entrer au séminaire ?

Juan M. Albisu: A la fin du secondaire, je fis deux retraites ignaciennes pour voir et discerner plus clairement ce que Dieu avait prévu pour moi dans ses éternels desseins. A cela s'ajouta le fait de fréquenter les sacrements plus assidument en semaine. Et ainsi s'est fortifié et purifié le désir de « être prêtre ».
Carlos Caliri: Ce qui me détermina le mieux à maintenir ma décision fut de me confier entre les mains d'un bon prêtre. Ceci est très important, parce qu'elles sont nombreuses les illusions ou les tentations que le démon peut opposer à ceux qui veulent suivre leur vocation. Et grâce aux conseils de ce bon prêtre, je pus mener une vie ordonnée, fréquenter davantage les sacrements et lire de bons livres. Ce sont des moyens très simples, mais qui disposent bien l'âme à être fidèle aux grâces reçues.
Fabio Calixto: J'ai pu me garder fermement grâce aux prières de bonnes religieuses, grâce aussi aux conseils d'un bon entourage et l'aide d'un bon prêtre, lequel me guida jusqu'au séminaire, m'appuyant de ses conseils et me montrant les erreurs funestes du modernisme dans l'Église.
Héctor Guiscafré: Ma vocation fut tardive, vu que je suis entré au séminaire après avoir terminé des études universitaires et travaillé deux années. Ceci me permit de me rendre compte de l'ambiance dans le monde et que, pour nombreux que soient ses attraits, celui-ci ne peut donner à l'âme la paix et le bonheur qu'elle cherche intensément. C'est pourquoi, en me décidant à entrer au séminaire, je n'ai pas eu le moindre doute que c'était le mieux que je pusse faire, et que c'était la volonté de Dieu. Et au-delà de la considération que Dieu me laisserait ou non parvenir au sacerdoce, je savais que je devais abandonner le monde, être généreux envers le Bon Dieu pour répondre à la grande bonté qu'Il avait eu à mon égard, et renoncer à penser à moi avant de penser à Lui. Une fois au séminaire, il appartiendrait à Dieu de m'indiquer la poursuite du chemin.
Carlos Ramírez: Pour trois raisons principales, j'ai gardé fermement ma décision: la paternité sacerdotale, je veux dire en confiant mon âme aux bons soins d'un prêtre et en faisant ce qu'il m'indiquait ; en second lieu, le soutien des parents et amis ; et enfin, la prière.
Quels sont, à votre avis, les raisons principales du manque de vocations?
Juan M. Albisu: Comment les jeunes verront-ils que le Bon Pasteur les invite à une vie de plus grande intimité, s'ils ne prennent pas le temps de penser aux vérités éternelles ? La musique, l'internet, la télévision, à toute heure et en tout lieu, distraient l'intelligence, suffoquent la volonté, et font taire la conscience. De cette léthargie au sensualisme, il n'y a plus qu'un pas. Et Dieu, alors ? « Plus tard. Je suis jeune, maintenant je dois jouir… »
Carlos Caliri: Il y a une relation très étroite entre le sacerdoce et la pureté. Et le démon a su étendre ses collets avec l'impureté sur de nombreux jeunes gens. Il en résulte que ceux-ci ne se posent même pas la question de la vocation sacerdotale ; ils la voient de très loin, inatteignable. C'est bien triste, parce que ne pas suivre la vocation à laquelle Dieu nous appelle, c'est renoncer au bonheur véritable, celui que Notre Seigneur offrit au jeune homme riche et que celui-ci refusa.
Fabio Calixto: Nous pourrions dire qu'il y a plusieurs raisons. D'abord, le manque d'un esprit vraiment catholique dans les familles, lequel se constate même dans les milieux « traditionnalistes ». On y voit un manque d'esprit de mortification, de sacrifice, que l'on devrait inculquer dès le berceau, pour ainsi dire. Également un manque d'esprit de prière en famille, principalement la récitation du chapelet présidée par le père. Ces deux choses vont de paire : là où il y a peu ou pas de prière, il y aura peu ou pas d'esprit de sacrifice, ce qui rendra impossible l'éclosion d'une vocation sacerdotale ou religieuse.
Héctor Guiscafré: Je crois que la cause principale est l'attachement excessif des jeunes au monde. Et si nous ajoutons à cet attachement la grande débilité des jeunes, on mettra facilement de côté l'idée de tout abandonner pour entrer en religion. Le va-et-vient du monde ne leur donne pas le temps ni ne leur permet de penser à la vocation, étant donné que le monde les absorbent avec sa routine tyrannique. Et si, à l'occasion, des jeunes parviennent à s'élever un moment et se posent la question de la vocation, bientôt ils n'en ont pas le courage ni la volonté suffisante pour la mener à terme, en considération des sacrifices et renoncements que cela implique.
Carlos Ramírez: La cause principale du manque de vocations c'est le monde moderne, lequel nous constitue rois et seigneurs de tout ce que nous possédons. Et comme le roi est fait pour commander, se soumettre au Roi des Cieux et suivre ses exigences devient très difficile. En d'autres termes : il nous manque l'esprit de sacrifice.

À quelques jours de votre ordination, quels conseils pourriez-vous donner aux familles, et en particulier aux jeunes gens?

Juan M. Albisu: Pères de famille, soyez d'autres Jean-Baptiste, préparez les âmes de vos enfants, ôtez les pierres et les obstacles qui sont sources (appareils) principales de tentation, et menez une vie intense de prière. Aux jeunes gens : pensez clairement que l'assistance à la messe dominicale ne suffit pas ; priez le chapelet, ne soyez pas catholiques à moitié. Il vaut mieux subir le blâme et les moqueries du monde que, au Jour du Jugement, entendre des lèvres de Notre Seigneur et Rédempteur : « Je connais tes oeuvres : parce que tu n'es ni froid ni chaud… je te vomis de ma bouche » (Apoc. III, 15-16). Courage ! Ne vous laissez pas surpasser en générosité, parce que seul celui qui se vainc, recevra la récompense éternelle.
Carlos Caliri: Aux pères de famille, je leur dis: fiez-vous en l'autorité que vous avez reçue de Dieu, et exercez-la sur vos enfants. Par-dessus tout, veillez sur vos enfants, les protégeant des tromperies de l'impureté. Et aux jeunes gens, trois choses. La première : accomplissez avec fidélité les petits devoirs de chaque jour, car, personne ne devient bon subitement. La seconde : luttez pour être purs, et soyez des modèles de pureté pour les autres ; et le meilleur moyen pour cela, est la dévotion tendre envers la Vierge Marie, particulièrement par la récitation quotidienne du chapelet. En troisième lieu : préservez-vous du monde moderne, par la vie en famille et les bonnes amitiés.
Fabio Calixto: Que les familles soient vraiment catholiques, dans tous les sens du terme. Monseigneur Antoine de Castro Mayer (évêque émérite de Campos, Brésil) disait que « si la société se paganise, si elle s'éloigne de la mentalité chrétienne telle que la définissent les maximes évangéliques, ce ne peut être qu'avec la connivence et la coopération des familles catholiques ». Que les époux prient ensemble avec leurs enfants, qu'ils se retrouvent à la table commune, qu'ils ôtent de leur maison la télévision, l'internet, qu'ils pratiquent et enseignent à leurs enfants à pratiquer l'amour du sacrifice et de la pauvreté, et spécialement la pureté et la modestie dans le vêtement. Que leur foyer soit comme celui de Nazareth. Jeunes gens : ayez un coeur généreux, qui sache aimer Dieu et se faire violence, car notre idéal est élevé. Aimons la vertu, pratiquons l'amour du sacrifice, la sainte pureté, et imitons Jésus et Marie, nos modèles.
Héctor Guiscafré: Aux familles, je souhaiterais leur conseiller de se maintenir unis dans la prière et l'apostolat. Pour moi, ce fut très important que, à la maison, nous priions ensemble les prières du matin, le saint rosaire, ainsi que l'assistance à la messe dominicale. En outre, mon père nous fit toujours participer à des groupes d'action catholique, qui remplissaient nos esprits de bonnes pensées et d'idéaux élevés. De cette façon, lorsque je me retrouvai seul dans le monde, celui-ci chercha à m'absorber et pénétrer jusque dans mon esprit et mon coeur, mais il ne put triompher, car ces principes que j'avais reçus à la maison étaient bien enracinés en moi. Aux jeunes, je leur recommande qu'ils ne se contentent pas de la messe dominicale et un peu de prière vocale chaque jour. C'est insuffisant ! Le monde exerce une influence très grande, et si le jeune homme ne contrarie cette séduction par des actes bons, il finira par être du monde. Il est nécessaire faire des efforts immenses pour recevoir les sacrements avec assiduité, maintenir une oraison quotidienne avec Dieu, lire fréquemment des livres qui élèvent l'âme, avoir de bons amis, de bonnes conversations, pratiquer des oeuvres de charité, et essayer de convertir et secourir le prochain, etc.
Carlos Ramírez: Le R.P. Raymond Sarmiento (Q.E.P.D.) avait l'habitude de nous dire: “Res non verba”, afin de nous faire entendre que le catholicisme ne consiste pas en paroles vaines qui ne mènent à rien, mais qu'il faut que se voient les oeuvres nées de la foi professée en paroles.?