Communion Ecclesiale et bi-ritualisme dans l'Eglise latine |
21 octobre 2006 - infocatho.cef.fr |
Les éventuels projets du Vatican sur la messe en latin préoccupent bien des évêques français et de nombreux fidèles attachés au concile Vatican II, car un bi-ritualisme eucharistique dans l'Eglise catholique latine contredit ce que l'Eucharistie signifie. Pour beaucoup de théologiens ce projet marque une rupture avec l'unité qui est celle de l'Eucharistie. Les liturgies orientales catholiques sont en communion avec leurs patriarches respectifs et selon un rite unique dans chaque patriarcat. Avec deux rites dans l'Église latine, il s'agit d'une "nouveauté" qui va à l'encontre de la tradition. Il y a dans la prière eucharistique une réalité mystique, celle de l'unique Corps du Christ qui constitue l'unique Corps mystique qu'est l'Église. C'est une question de fond, disent la plupart des théologiens. Pour eux, il ne s'agit pas de répondre à des préférences "ponctuelles" de telle ou telle catégorie de fidèles pour obtenir un retour à la Communion ecclésiale en brisant la Communion de l'Eucharistie." "Autour de moi, aussi bien les laïcs que les prêtres sont bousculés", observe un prêtre lyonnais sous couvert de l'anonymat, cité par l'Agence France presse. Il ajoute: "Certains fidèles me disent qu'ils se posent la question d'aller chez les protestants, des prêtres se demandent s'ils vont continuer leur ministère si l'intention du pape devenait effective". Pour quelques retours, combien de départs ? Des jeunes prêtres français, et qui sont loin d'être des "progressistes", ont affirmé mercredi 11 octobre leur attachement au rite en vigueur depuis le concile et mis en garde le pape Benoît XVI contre un éventuel retour à la messe en latin d'avant Vatican II. "Nous ressentons comme un besoin plus urgent de recevoir de notre pape Benoît XVI des signes d'encouragement à nous insérer dans le monde tel qu'il est pour y porter le témoignage d'une vie authentiquement chrétienne, plutôt qu'à nous replonger dans une vie liturgique d'un autre âge", écrivent ces prêtres qui se définissent comme "nés après le concile Vatican II". "Nous nous sommes engagés dans le ministère presbytéral il y a encore peu de temps (moins de 15 ans)", soulignent-ils dans une lettre aux évêques, au président de la Conférence des évêques de France et au nonce apostolique à Paris. Ils se disent "à l'aise avec l'esprit de notre temps" et soulignent avoir trouvé dans l'Eglise "un équilibre entre la fidélité au Christ et l'actualité du monde". "Prendre le risque de rompre cet équilibre par la décision symbolique de proposer un retour à un ancien rite est de nature à nous déstabiliser et à menacer l'unité du groupe de jeunes prêtres aux sensibilités déjà bien diverses", avertissent-ils. L'évêque d'Angoulême, Mgr Claude Dagens, assure que les évêques veulent "être informés" d'éventuels projets du Vatican sur la messe en latin et avertit qu'un biritualisme mettrait l'Eglise catholique "dans une situation grave et préoccupante". "Si jamais on voulait, de manière autoritaire, imposer un biritualisme, on serait dans une situation grave et préoccupante" pour l'unité de l'Eglise, déclare Mgr Dagens à l'hebdomadaire catholique La Vie à paraître jeudi, à propos des projets pour libéraliser la messe de Saint Pie V d'avant Vatican II. "Il serait dommageable pour l'authenticité chrétienne et la vie de l'Église que deux rites différents soient les propriétés de groupes catholiques qui les brandiraient comme des étendards. Ou sinon, on n'est plus dans la logique catholique", insiste-t-il. "Je suis dans l'incertitude de ce qui va être publié. La réalité est que nous, les évêques, nous souhaitons être informés pour exercer notre discernement avec l'évêque de Rome et sous son autorité", ajoute Mgr Dagens. Car ces annonces par l'intermédiaire de la presse contredisent le souci de collégialité qui voudrait être celui de Benoît XVI. "Est-ce un acte de réconciliation? J'ai plutôt l'impression que cela réveille des rapports de force, où il y aurait un gagnant et un perdant", estime Mgr Dagens. Plus qu'une impression d'ailleurs, car l'abbé Laguérie avec le tempérament quo'n lui connaît prévoit une conférence face à ses anciens collègues de Saint Nicolas du Chardonnet et demande à Rome d'accélérer la promulgation du décret pour obloger les évêques à se "positionner". Dans le même ordre de l'unité autour de l'évêque, Mgr Michel Pansard, évêque de Chartres, regrette, lui, d'apprendre par la presse la création d'un séminaire du Bon-Pasteur à Courtalain dans son diocèse: "Je suis étonné qu'à ce jour aucun contact, par respect du droit ecclésial (canon 733) ou ne serait-ce que par politesse, n'ait été pris avec moi de la part des responsables de cet institut", écrit-il sur son site internet. Mgr André-Vingt-Trois, archevêque de Paris, s'est adressé à la Curie romaine, agacé de ne pas être en possession des statuts du nouvel Institut pourtant « implanté » sur son diocèse par le biais du centre Saint-Paul, dirigé par l'abbé Guillaume de Tanoüarn. Quant à l'éventuel Motu Proprio, "son texte est rédigé" et il est "en train d'être relu" par différentes Congrégations vaticanes car il suscite des oppositions, même au sein de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. "Il faut laisser mûrir, ne pas précipiter" les choses, dit-on à Rome. Il faudra attendre, "en charité et en vérité", la prochaine assemblée des évêques de France à Lourdes pour connaître ce qui sera mis en oeuvre, selon ce que le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la conférence des évêques de France, a exprimé dans sa lettre à ses prêtres de Bordeaux .(information : CEF) |