Nous recevons et nous répondons.
“J’ai lu ce qui est écrit sur les tentatives de manipuler “en cours d’opération” le corps électoral qui doit réélire le Supérieur de l’Institut du Bon Pasteur, des tentatives qui me rappellent celles avec le “clergé jureur”. Une curiosité: après ces élections (façon de parler) comment a changé le corps électoral par rapport à celui qui avait procédé à l’élection controverse de juillet 2012? Est-il plus ou moins favorable à la ligne de l’abbé Laguérie?
Giacomo Santini”
La vraie Romanité est le culte du Droit. |
Supposant que l’on se rappelle la série d’articles publiés sur ce même sujet, nous renvoyons à ces derniers pour une relecture opportune et nous nous limitons ici à approfondir la réponse, à laquelle nous avons déjà fait allusion, à la question spécifique présentée dans cette lettre. Le 4 juin, le Père Abbé Dom Forgeot, le Commissaire de l’IBP, avait convoqué une réunion pour tous les membres de l’IBP, initialement pour discuter et chercher une pacification ; quelques jours avant cette date, il a communiqué que cette réunion devenait une session électorale pour renouveler les membres électoraux du Chapitre, lesquels au contraire - élus en décembre 2011 et approuvés ensuite par la Commission E.D. - restent en fonction, d’après les Statuts, pendant six ans. En bref : six Capitulaires ont été ainsi destitués sans aucune motivation canonique et en absence de toute dérogation manifeste en matière - deux de droit et quatre élus - sur un total de douze en fonction, ce qui, de la sorte, altérait le collège électoral.
Avant cela, le Rév.me Dom Forgeot a voulu rencontrer les Capitulaires et les autres prêtres pour leur demander comment ils entendaient interpréter les Statuts et comment ils voulaient appliquer le chapitre relatif à la “célébration exclusive dans le rite traditionnel”. Il a été expressément demandé quel était la disponibilité à la célébration dans leNovus Ordo et quelle était la position doctrinale de chacun. Parfois, le Père Abbé a invité, en privé, à suivre l’exemple de sa communauté en adoptant un certain biritualisme, même si d’une façon réduite. En quoi cela concerne-t-il le problème canonico-électoral ? Sur quelle base a eu lieu la “mise sous Commissaireˮ de l’IBP ? Uniquement en raison d’une élection “controversée” du Supérieur ? Dans ce cas, convoquez alors les douze capitulaires en fonction et que ces douze votent à nouveau. C’est simple. Par contre, si le problème est la position doctrinale du Bon Pasteur de 2006, que le Saint Siège a aussi déclaré admissible par la volonté expresse du Saint Père Benoît XVI (et Son Excellence Mgr Di Noia a, lui aussi, reconnu qu’au moins à l’intérieur de l’IBP certaines invitations peuvent être légitimement discutées : cf. Plutôt que la Commission Pontificale Ecclesia Dei, c’était donc le servilisme… ), ne serait-il pas juste de dire ouvertement que les accords ne sont valables que pendant quelques années, plutôt que de modifier les membres du Chapitre?
Toutefois, au-delà des intentions, Dom Forgeot destituait de la fonction de Capitulaires et donc d’électeurs du Supérieur – sans qu’aucun critère juridique ne soit connu – les membres suivants, quatre desquels avaient été élus lors de l’élection de juillet 2012 et même désignés, à cette élection, pour la fonction d’Assistants Généraux et Conseillers (!) :
Toutefois, au-delà des intentions, Dom Forgeot destituait de la fonction de Capitulaires et donc d’électeurs du Supérieur – sans qu’aucun critère juridique ne soit connu – les membres suivants, quatre desquels avaient été élus lors de l’élection de juillet 2012 et même désignés, à cette élection, pour la fonction d’Assistants Généraux et Conseillers (!) :
Abbé Paul Aulagnier
Kl. Leszek Kròlikowski
Abbé Louis-Numa Julien
Don Stefano Carusi
Abbé Vincent Baumann
Abbé Matthieu Raffray
À la réunion “pacificatrice” du 4 juin, qui venait d’être transformée à l’improviste en une section électorale “belliqueuse”, seulement une petite partie des membres du Bon Pasteur s’est présentée, en reniant ainsi – qui explicitement et qui implicitement – un acte inadmissible.
Mais un autre problème s’est présenté. Le Commissaire avait prévu un règlement pour le vote, qui fixait un quorum minimum pour la validité de cette élection. Ce quorum n’a pas été atteint, pas même en intégrant les quatre membres déjà sortis de l’Institut et maintenant en service dans le diocèse, qui ont été rappelés ad hoc, et après que deux desquels, pratiquants le Novus Ordo, se s’étaient même présentés (abbé Fournier et abbé Cecchin). Le Commissaire Dom Forgeot a décidé de faire tout de même voter, en violant la règle qu’il avait lui-même établie pour la validité de ce vote. L’élection a eu lieu en soutenant que l’on aurait vu par la suite si elle était valable ou non.
Les membres élus ont été les suivants
- Abbé Guillaume de Tarnoüarn, dont il faut reconnaître la franchise d’avoir soutenu depuis longtemps –sans double jeu– la nécessité d’une “ouverture” n’excluant pas la possibilité d’une “adaptation” des Statuts vers une voie plus conciliante.
- Abbé Vincent Baumann, prêtre qui – avec la même franchise et le même possibilisme – a affirmé à plusieurs reprises être disponible à concélébrer, bien que ne le faisant pas par obéissance aux Statuts.
- Abbé Jean-François Billot, secrétaire personnel de l’abbé Laguérie.
Voilà la raison pour laquelle le communiqué suivant est apparu sur le soi-disant site du Bon Pasteur de la part du webmaster, le Secrétaire personnel de l’abbé Laguérie (lequel ne voulut pas remettre les codes d’accès à ce site, pas même lors de l’élection capitulaire, après sa démission, préférant ne pas les révéler à son successeur) :
Par autorisation spéciale du Supérieur Général de l'Institut du Bon Pasteur et délégué plénipotentiaire du Saint-Siège, le Révérendissime Père abbé Dom Forgeot, et sur son ordre expresse, nous publions sur ce site unique et officiel du Bon Pasteur [excusatio non petita…], la dernière lettre de notre Supérieur Général qui fait le point sur la situation actuelle de notre Institut. C'est dire aussi qu'avec notre Supérieur Général et derrière lui, nous attendons avec impatience, dans la prière la loyauté et la confiance, la résolution de la crise. Nous invitons tous les fidèles à se joindre à nos prières pour que le mois de septembre connaisse la résurrection de notre cher institut. Nous les en remercions bien sincèrement.
Ce mail de notre Supérieur est du premier juillet 2013.
+ PAX
Chers Membres de l'Institut du Bon Pasteur,
Depuis notre réunion du 4 juin dernier, vous êtes tous très présents à ma pensée et à ma prière.
Le 9 de ce même mois, j'ai écrit à S.Exc. Mgr Di Noia pour lui rendre compte de ma mission. A propos de l'embarras dans lequel je me suis trouvé pour l'élection du " troisième tiers", je lui disais:"Je me suis souvenu d'un passage de la Règle de S.Benoît, au chapitre 64ème, sur l'élection de l'abbé:. N'y a-t-il pas là une certaine analogie avec notre situation actuelle? J'ai pris la responsabilité de procéder au vote, tout en disant aux électeurs que j'avais bien conscience de cette irrégularité et que je m'en ouvrirais à vous en toute franchise, en sollicitant de votre part une sanatio ou une dérogation, étant dans la disposition de me ranger sans hésitation à votre décision".
Le jour de la fête des SS. Apôtres Pierre et Paul, je recevais la lettre suivante, datée du 20 juin et signée par Mgr Di Noia:
"TRP, votre lettre en date du 9 juin dernier a exposé les difficultés rencontrées au cours de l'élection du troisème tiers des capitulants appelés à élire prochainement le nouveau Supérieur général de l'Institut du Bon Pasteur. Vous y avez joint le texte de la conférence que vous avez donnée à Fontgombault aux membres de cet Institut.
Cette Commission pontificale vous remercie très vivement pour l'ensemble de votre action. Puisque les statuts de l'Institut ne prévoient nul quorum pour ce type d'élection (cf. chap. V, art. 4), elle vous invite à poursuivre votre mission.
Nous apprenons donc que, après avoir connu les noms des élus, le Commissaire Dom Forgeot a estimé que l’élection pouvait être valable, en demandant la confirmation à la Commission, laquelle – dans le texte connu – approuve avec une formule générale, mais sans s’exprimer clairement à propos du problème canonique qui a été soulevé. Il est certain qu’en lisant le communiqué du Secrétaire personnel de l’abbé Laguérie, on se demande si c’est un homonyme de celui qui assaillait Saint Germain l’Auxerrois, de cet “incontrôlable curé de Saint Nicolas du Chardonnet” devenu si docilement “vatican” (tout au moins en public) qu’il faisait maintes fois des jeux de mots à propos des phrases statutaires qui expriment nos spécificités ; en nous demandant si c’est aussi ce même prêtre qui, en tant que Supérieur du Bon Pasteur, s’installait à Poitiers en siège vacant, en bravant l’épiscopat français (pour fermer peu de mois après) et qui maintenant dit « Rome, Rome, Rome », « obéissance et silence, obéissance et silence » face à toute mesure qui « doit l’aider à réorganiser les élections», comme affirme le texte de la “désignation du Commissaire”. Le Tribunal Suprême de la Signature Apostolique a justement été interpellé sur la compréhensibilité canonique de cette phrase énigmatique et sur sa légitimité juridique, ainsi que sur sa correspondance aux normes les plus élémentaires de correction et de justice. Ce qui aura lieu le 31 août est – évidemment et si les choses restent comme elles le sont – dénué de toute valeur quelconque aux fins de l’élection du Supérieur de l’Institut du Bon Pasteur. Au prochain épisode.
La Rédaction