SOURCE - Mgr Williamson - 3 août 2013
Pour affirmer qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans la
politique de la Fraternité St Pie X, on dit d’une part que la
Déclaration Doctrinale de la mi-avril, 2012, ayant été refusée par Rome,
n’est plus d’aucun intérêt et peut être oubliée, et d’autre part on
recourt maintenant à la récente Déclaration des trois évêques du 27
juin, faite de toute évidence pour rassurer les fidèles que le canot de
sauvetage qu’est la Fraternité St Pie X n’a souffert aucun dommage et
reste parfaitement en état de naviguer. Mais ceux qui ne veulent pas s’y
noyer doivent regarder de plus près.
C’est bien le onzième paragraphe de cette Déclaration qui est devenu
notoire. Bref, les trois évêques y affirment qu’ils entendent à
l’avenir suivre la Providence, soit que Rome revienne bientôt à la Tradition, soit
qu’elle reconnaisse explicitement le droit et devoir de la Fraternité
de s’opposer en public aux erreurs du Concile. Or, le retour de Rome à
la Tradition est exclu parce que rien de moins qu’une intervention de
Dieu ne fera que les ennemis de Dieu, maîtres incontestés du pouvoir au
Vatican, lâcheront leur Concile. Donc les trois évêques que peuvent-ils
avoir voulu dire par la « reconnaissance explicite » du « droit et
devoir » de la Fraternité de s’opposer au Concile ?
Le sens naturel de ces mots c’est que Rome accorderait à la
Fraternité un statut officiel dans l’Église officielle, une forme de
régularisation canonique. De toute évidence une reconnaissance de ce
genre est ce que poursuivent les chefs de la Fraternité depuis qu’ils
ont adopté les idées de la boîte à penser parisienne, GREC, il y a bien
plus de dix ans. Mais lorsque ces mêmes chefs au mois d’avril, 2012, ont
accepté en grande partie les termes exigés par Rome pour une telle
reconnaissance, une protestation si forte s’est élevée dans la
Fraternité qu’ils ont été obligés de faire semblant qu’ils ne voulaient
plus d’une reconnaissance selon les termes de la mi-avril. Alors
qu’est-ce que peut bien signifier une « reconnaissance explicite »du
« droit et
devoir » de la Fraternité de s’opposer, etc. ?
Peu après le 27 juin, le Supérieur du District français leur a posé
précisément cette question. On lui a répondu qu’il ne s’agissait pas
nécessairement d’une reconnaissance officielle, mais tout simplement de
l’éventualité d’un Pape assez catholique d’une part pour reconnaître en
privé ce « droit et devoir », mais trop isolé et faible dans la Curie
romaine d’autre part pour pouvoir rendre publique et officielle cette
reconnaissance. Et le Supérieur de District semble s’être contenté de
cette réponse, en la transmettant tout de suite aux prêtres de son
District.
Eh bien, je tombe à la renverse ! D’abord, qui aurait jamais deviné
que c’était à cela que pensaient les évêques lorsqu’on lit ce texte du
27 juin, 2013 ? Et ensuite, qu’y a-t-il dans ce texte qui exclue toute une gamme d’autres possibilités que les évêques accepteraient sous prétexte de « suivre la Providence » ?
Étant donné que le 17 juin, 2012, Mgr Fellay a écrit à Benoît XVI qu’il
ferait tout dans son pouvoir pour poursuivre encore une réconciliation
entre Rome et la Fraternité, qu’y a-t-il dans le texte qui empêcherait
les roublards romains de faire éventuellement aux évêques une offre
qu’au nom de la « Providence » -- bien sûr
--
ils ne pourraient refuser ?
S’il y en a qui prennent au sérieux cette explication donnée au
Supérieur de District français, je leur souhaite bonne chance.
N’empêche, il y a beaucoup d’entre nous qu’il faudra encore persuader
que les chefs de la Fraternité ont renoncé à leur rêve délirant de
concilier les inconciliables. Jusqu’à preuve claire du contraire nous
resterons persuadés que ces chefs, pour inconscients qu’ils y soient,
entendent toujours faire de ce canot de sauvetage que devrait être la
Fraternité un canot de noyade. Et quand tout le monde se noiera, voyez
si ce ne sera pas à l’océan qu’ils feront porter toute la
responsabilité !
Kyrie eleison.