SOURCE - Aigle - Le Forum Catholique - 22 août 2013
Bon l'avantage des déplacements estivaux, c'est de rencontrer des têtes nouvelles. En l'occurrence un prof de philo tradi mais un peu original. Il m'a soumis une conception étonnante des relations entre l'Eglise (enfin le clergé et l'épiscopat) et les riches depuis 1945 en répondant à ma question : "pourquoi l'Eglise "qui est en" France est elle si discrète sur les inégalités spectaculaires de revenus qui caractérisent notre société et l'enrichissement massif de gens qui ne créent pas grand chose : traders, animateurs télé ou joueurs de foot alors que jadis (avant 1990 en gros) tant d'évêques soutenaient sans hésiter manifs et grèves ?"
Bon l'avantage des déplacements estivaux, c'est de rencontrer des têtes nouvelles. En l'occurrence un prof de philo tradi mais un peu original. Il m'a soumis une conception étonnante des relations entre l'Eglise (enfin le clergé et l'épiscopat) et les riches depuis 1945 en répondant à ma question : "pourquoi l'Eglise "qui est en" France est elle si discrète sur les inégalités spectaculaires de revenus qui caractérisent notre société et l'enrichissement massif de gens qui ne créent pas grand chose : traders, animateurs télé ou joueurs de foot alors que jadis (avant 1990 en gros) tant d'évêques soutenaient sans hésiter manifs et grèves ?"
Je résume à grands traits sa réponse et voudrais avoir votre avis.
Son point de départ : entre 1945 et 1960, l'épiscopat français et la majorité du clergé "installé" se plaçaient dans une relation d'amicale coopération avec les "riches" (les patrons si vous préférez) qui étaient massivement catholiques pratiquants, finançaient les diocèses et partageaient la même culture conservatrice et anticommuniste (même sous la forme démo-chrétienne). Cette attitude était contestée de plus en plus fortement par une frange croissante du jeune clergé soutenu par des intellectuels bruyants, très sensibles aux questions sociales, intimidés voire influencés par le PCF et la CGT et qui voyaient les pauvres de l'Evangile dans la classe ouvrière.
Dans les années 1960, le rapport de force s'inverse brutalement et la position "ouvriériste" des jeunes devient sinon la thèse officielle de tout l'épiscopat, du moins un élément très important du discours officiel ecclésial qui prend une orientation très méfiante à l'égard de l'initiative privée, de l'entreprise, etc ... et très soucieuse de défendre les droits des salariés, des ouvriers, des immigrés, etc ... Le courant "conservateur" est obligé de se taire.
Bon tout cela est peut-être simpliste - mais il s'agit d'échanges effectués un verre de rosé à la main !
Cette seconde période aurait pris fin depuis une quinzaine/vingtaine d'années selon mon interlocuteur. Désormais les anciens riches cathos(nobles, grands ou petits bourgeois) ont vu leur patrimoine se contracter, leurs domestiques disparaître comme leurs châteaux et ils vivent désormais du fruit de leur travail dans des conditions relativement proches des classes moyennes.
En revanche les vrais riches, qui roulent en Porsche, volent en jets privés, se soignent à l'hôpital américain de Neuilly, prénomment leurs enfants "William" ou "Kate" et ont une adresse à Londres et une autre en Suisse, sont très rarement des catholiques pratiquants. Soit il s'agit d'ex catholiques vendus à l'esprit du monde, soit il s'agit de musulmans (surtout dans le sport professionnel cher à XA) soit il s'agit d'adeptes d'autres religions. En toute hypothèse, des gens qui adhèrent à des religions que le clergé contemporain s'interdirait de critiquer - même de manière indirecte - de peur d'âtre accusé de racisme (injure suprême).
En gros pour cet intellectuel (qui à mon avis pousse le bouchon un peu loin) dire que les traders sont des voleurs voire simplement rappeler qu'on ne peut servir deux maîtres (Dieu et l'argent) seraient assimilables à du racisme, maintenant que bien rares sont les catholiques pratiquants richissimes ...
Qu'en pensez vous ? le clergé contemporain serait il assez sot ? ou y a-t-il une autre explication ?