SOURCE - Alain Escada (Institut Civitas) / Anne Le Pape - Présent - 17 mars 2015
— Selon vous, que doit attendre un catholique de la politique ?
Le catholique doit avant tout considérer la politique comme un moyen de servir le Bien commun. A ce titre, Civitas encourage vivement les catholiques à prendre leurs responsabilités en politique, d’abord en tant qu’électeurs, mais aussi en tant que candidats et ensuite, pour une partie d’entre-eux, en tant qu’élus.
On ne peut pas légitimement à la fois se plaindre de la politique et s’en désintéresser. Si les choses vont aussi mal n’est-ce pas aussi en partie parce que les catholiques ont déserté le terrain politique ? Il est trop facile de se limiter à répondre que le système est pourri pour justifier de ne rien faire. Je voudrais rappeler ces mots extraordinaires de Mgr Lefebvre, ô combien visionnaire : “Vous qui êtes chef de famille, vous avez une grave responsabilité dans votre pays. Vous n’avez pas le droit de laisser votre pays envahi par le socialisme ou le communisme. Vous n’en avez pas le droit ou vous n’êtes plus catholique. Vous devez militer au moment des élections pour que vous ayez des maires, catholiques, des députés catholiques et qu’enfin la France redevienne catholique. (...) Chefs de famille, c’est vous qui êtes responsables de cela, pour vos enfants, pour les générations qui viennent. Alors, vous devriez vous organiser, vous réunir, vous entendre pour arriver à ce que la France redevienne chrétienne, redevienne catholique. Ce n’est pas impossible, ou alors il faut dire que la grâce du Saint Sacrifice de la messe n’est plus la grâce, que Dieu n’est plus Dieu, que Notre Seigneur Jésus-Christ n’est plus Notre Seigneur Jésus-Christ.”
C’est dans cet esprit que Civitas a mis en place un réseau qui propose depuis peu une véritable assistance (service de documentation, conseils juridiques, réponses aux questions morales,...) aux élus catholiques.
— Pensez-vous que le thème de la famille sera, en France, au cœur des enjeux politiques de 2015?
La Famille ne sera un enjeu politique apparent en 2015 que si les familles catholiques font le nécessaire pour cela. Cela demande de s’investir avec intelligence et méthode. Je ne crois pas du tout à l’utilité d’envoyer des questionnaires à des candidats car les promesses de politiciens n’ont de valeur que pour ceux qui ont envie d’y croire. Par contre, c’est lors des réunions publiques des politiciens en campagne qu’il faut s’organiser pour les forcer à répondre à des questions précises et pour démontrer avec imagination et visibilité que ce sujet reste cher au cœur des Français.
— Les manifestations massives font penser plus que jamais à un « vote catho ». Y croyez-vous?
Je me méfie des illusions. Les manifestations massives ont eu l’avantage de prouver que le potentiel existe mais n’ont pas débouché sur la mise en place de quelque chose de structuré et durable. Le “vote catho” n’est envisageable que si des outils viennent aider les électeurs catholiques à faire preuve de discernement. En l’absence de ces outils, c’est la confusion qui règnera encore et toujours à la veille des élections. Il ne suffit pas de vouloir sanctionner le PS ou l’UMPS. Faire élire des militants LGBT drapés momentanément de tricolore ne résoudrait rien, bien au contraire. Plus que jamais, il faut se distancier des partis pour ne s’intéresser qu’aux hommes – et aux femmes – qui, une fois élus, pourraient avec courage et persévérance défendre le Bien commun (ce qui inclut la Famille) sans céder aux pressions.
Propos recueillis par Anne Le Pape