SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 26 mars 2015
A l'occasion de la cérémonie organisée au Brésil par Mgr Williamson, plusieurs articles ont affirmé que le mouvement scissionniste communément appelé "résistance" comptait en son sein - ou revendiquait - 60 prêtres. Sans doute ce chiffre a-t-il été recopié de blog en blog, de même que les journalistes répètent sans sourciller les affirmations gratuites de l'AFP.
A l'occasion de la cérémonie organisée au Brésil par Mgr Williamson, plusieurs articles ont affirmé que le mouvement scissionniste communément appelé "résistance" comptait en son sein - ou revendiquait - 60 prêtres. Sans doute ce chiffre a-t-il été recopié de blog en blog, de même que les journalistes répètent sans sourciller les affirmations gratuites de l'AFP.
Cependant, si on reprend l'historique de la crise williamsonienne et les annonces de départ de prêtres, on s'aperçoit que, depuis cinq ou six ans, seuls 22 prêtres - dont 8 français, 2 allemands, 2 argentins, 2 américains et d'autres nationalités éparses - ont quitté la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X en direction de cette mouvance. Il est possible que j'en oublie un ou deux mais j'en doute. D'ailleurs, de plusieurs, on n'entend absolument plus parler. Se réclament-ils toujours de la mouvance résistante ou bien sont-ils passés à autre chose ? Rien ne l'indique. Certes, doivent être ajoutés à ces 22 les moines d'Avrillé qui ont été ordonnés, à l'exception des frères, ou les rares prêtres bénédictins ayant pris fait et cause pour Mgr Williamson, tels que le Père Thomas d'Aquin ou le Père Bruno. Mais, même en ajoutant des prêtres extérieurs, on est encore très loin des 60. Le chiffre paraît considérablement sollicité.
Les sociétés religieuses, qui incardinent leurs membres, n'ont pas grand mal à définir leur appartenance précise et, par conséquent, à en donner le chiffre exact. Mais d'une nébuleuse qui serait constituée de plusieurs entités dont on voit mal la réalité juridique - du moins la structure - la consistance et la hiérarchie (USML, Initiative Saint-Marcel, Marian Corps, Fraternité de stricte observance), il est tout de même difficile d'en faire les contours. Une liste de noms serait plus appropriée pour justifier les chiffres.
Pour l'heure, même s'il s'agit d'une des grandes crises de l'oeuvre fondée par Mgr Lefebvre, il n'est pas dit qu'elle ait été plus importante que :
- la crise de 1977 (le chanoine Berthod et les professeurs d'Ecône partant avec des séminaristes).
- la crise des Etats-Unis en 1983, les supérieurs du district et du séminaire américains laissant un district quasiment vide.
- la séparation des sacres (Le monastère du Barroux - dans la foulée de S.-Joseph de Clairval) et les fondateurs de la FSSP détachant sans doute plus de clercs à la mouvance de la FSSPX qu'en 2012-2013)
- la grande défection de La Reja en 1989 (derrière le directeur l'abbé Morello devenu évêque et la grande partie du séminaire)
- l'affaire de Bordeaux (derrière les abbés Laguérie, Aulagnier et de Tanoüarn et plusieurs prêtres de la FSSPX).
Ce qui est certain, c'est qu'en proportion, ces crises étaient plus rudes, et donc plus vivement ressenties, pour la FSSPX, dans la mesure où celle-ci était plus petite à l'époque. La différence la plus notable dans la crise williamsonienne est sans doute le statut de l'une des figures de cette crise, à savoir un des évêques auxiliaires. Mais le fait que l'unité des 4 prélats ait déjà tenu de 1988 à 2012 est déjà une prouesse. A la fin de sa vie, Mgr Lefebvre n'avait pas caché dans son entourage qu'il imaginait qu'une scission pouvait voir le jour, mais il l'imaginait plus proche dans le temps.