SOURCE - Yves Chiron - Aletheia - 17 juillet 2017
Maria Valtorta [1897-1961] est une mystique italienne dont les très abondants écrits (plus de 15 000 pages manuscrites) sont tenus par certains comme «révélés». Elle aurait notamment reçu la révélation d’une Vie de Jésus.
Maria Valtorta [1897-1961] est une mystique italienne dont les très abondants écrits (plus de 15 000 pages manuscrites) sont tenus par certains comme «révélés». Elle aurait notamment reçu la révélation d’une Vie de Jésus.
L’édition de ces écrits, à l’initiative des éditions Pisani, a commencé en 1956, sans nom d’auteur et sous le titre anodin : Il poema di Gesu pour le premier volume, puis sous le titre Il poema dell’Umo-Dio pour les suivants. Les quatre premiers volumes ont été mis à l’Index librorum prohibitorum (Index des livres interdits) par décret du Saint-Office en date du 5 janvier 1960 1.
Ne tenant aucun compte de cette condamnation, le même éditeur a poursuivi l’édition italienne, qui compta dix volumes, et a engagé des traductions en diverses langues. La première traduction étant celle en espagnol publiée à partir de 1976
.
La traduction française, en dix volumes, est parue à partir de 1979 sous un titre sensationnaliste : L’Évangile tel qui m’a été révélé. Le titre français, théologiquement inacceptable, sera repris désormais pour les autres traductions et pour la nouvelle édition italienne.
L’édition des écrits de Maria Valtorta est devenue une véritable entreprise commerciale, l’éditeur Pisani assurant aussi la diffusion des livres dans les différents pays. En quelque soixante ans, quatre millions d’exemplaires de l’ouvrage auraient été vendus, en différentes langues.
Cet éditeur a décidé de faire réaliser une nouvelle traduction en français des écrits de Maria Valtorta. Il l’a confiée à Yves d’Horrer. Le premier volume de cette nouvelle traduction est paru en décembre 2016, les neuf autres ont suivi ou suivront.
Pour vendre cette nouvelle édition de fausses révélations, l’éditeur Pisani a engagé de grands moyens financiers et il a développé une stratégie marketing qui s’avère très efficace. Aujourd’hui c’est un véritable lobby qui œuvre non seulement auprès des médias, mais aussi dans l’Église, pour faire connaître les écrits de Maria Valtorta.
Je ne relève que les principales étapes de cette action de propagande valtortiste :
• Une conférence de presse a été organisée le 23 mars dernier, dans un salon de la mairie du VIe arrondissement de Paris, pour présenter le 1er volume de la nouvelle traduction française. Ont pris successivement la parole pour louer les écrits de Maria Valtorta : Benoît de Fleurac, qui fait office d’attaché de presse et de chargé de la communication pour cette nouvelle édition française; Daniel Fiorletta, représentant des éditions Pisani; Yves d’Horrer, le traducteur; François-Michel Debroise, qui a écrit deux livres consacrés à Maria Valtorta avec l’abbé René Laurentin; le Père Yannik Bonnet, qui a été pendant quarante ans chef d’entreprise avant d’être ordonné prêtre en 1999 – il a expliqué comment la lecture de Maria Valtorta « a changé sa vie » et il est un collaborateur régulier de L’Homme nouveau. Est intervenu aussi Florian Boucansaud, ancien footballeur professionnel, converti en 2013 – il a découvert l’œuvre de Maria Valtorta en 2015.
Cette conférence de presse a duré plus d’une heure et demie, en présence d’une dizaine de journalistes.
L’action de Benoît de Fleurac n’a pas été sans effet puisque, entre autres, un prêtre, homme de grande culture et docteur en philosophie, l’a invité à parler de Maria Valtorta pendant une demi-heure dans son émission de radio, tout en reconnaissant n’avoir pas encore lu le livre...
• L’Association Maria Valtorta a organisé, en mai dernier, deux «Journées nationales» dans des paroisses parisiennes, selon un modèle bien établi: le matin, messe, rosaire, repas; l’après-midi, conférences et témoignages. L’entrée était gratuite. Le but était de faire connaître les écrits de Maria Valtorta et de les vendre. Outre la nouvelle traduction française de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, sont vendus une multitude de produits ”valtortistes“. Sont en cours de parution une édition adaptée et illustrée pour les enfants et une autre édition «simplifiée» (en 20 volumes!) «avec les dialogues authentiques, sans les longues descriptions ni les longs discours» (sic). Est en préparation encore une édition en bandes dessinées.
• Une conférence de presse a été organisée le 23 mars dernier, dans un salon de la mairie du VIe arrondissement de Paris, pour présenter le 1er volume de la nouvelle traduction française. Ont pris successivement la parole pour louer les écrits de Maria Valtorta : Benoît de Fleurac, qui fait office d’attaché de presse et de chargé de la communication pour cette nouvelle édition française; Daniel Fiorletta, représentant des éditions Pisani; Yves d’Horrer, le traducteur; François-Michel Debroise, qui a écrit deux livres consacrés à Maria Valtorta avec l’abbé René Laurentin; le Père Yannik Bonnet, qui a été pendant quarante ans chef d’entreprise avant d’être ordonné prêtre en 1999 – il a expliqué comment la lecture de Maria Valtorta « a changé sa vie » et il est un collaborateur régulier de L’Homme nouveau. Est intervenu aussi Florian Boucansaud, ancien footballeur professionnel, converti en 2013 – il a découvert l’œuvre de Maria Valtorta en 2015.
Cette conférence de presse a duré plus d’une heure et demie, en présence d’une dizaine de journalistes.
L’action de Benoît de Fleurac n’a pas été sans effet puisque, entre autres, un prêtre, homme de grande culture et docteur en philosophie, l’a invité à parler de Maria Valtorta pendant une demi-heure dans son émission de radio, tout en reconnaissant n’avoir pas encore lu le livre...
• L’Association Maria Valtorta a organisé, en mai dernier, deux «Journées nationales» dans des paroisses parisiennes, selon un modèle bien établi: le matin, messe, rosaire, repas; l’après-midi, conférences et témoignages. L’entrée était gratuite. Le but était de faire connaître les écrits de Maria Valtorta et de les vendre. Outre la nouvelle traduction française de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, sont vendus une multitude de produits ”valtortistes“. Sont en cours de parution une édition adaptée et illustrée pour les enfants et une autre édition «simplifiée» (en 20 volumes!) «avec les dialogues authentiques, sans les longues descriptions ni les longs discours» (sic). Est en préparation encore une édition en bandes dessinées.
• Enfin, depuis le mois de juin, l’Association Maria Valtorta offre le tome 1 de la nouvelle traduction de L’Évangile tel qu'il m’a été révélé à tout prêtre qui en fera la demande. Il suffit d’envoyer un mail avec son adresse. L’association espère bien sûr que ces prêtres, devenus fervents admirateurs de Maria Valtorta, seront les meilleurs ambassadeurs de ses livres auprès de leurs fidèles.
Toute cette action de marketing pourrait être louable, tout cet effort serait admirable s’il s’agissait de messages dont l’Église avait reconnu le caractère surnaturel. Or, pour l’Église, les écrits de Maria Valtorta ne sont qu’une «vie de Jésus mal romancée».
C’est le titre de l’article qui est paru dans L’Osservatore romano, le 6 janvier 1960, le jour-même où est paru le décret de mise à l’Index déjà mentionné. Le journal du Vatican estimait que «le lecteur qui lira attentivement ces volumes n’y découvrira rien d’autre qu’une longue et prolixe vie romancée de Jésus. [...] Avant tout, le lecteur sera frappé de l’étendue des discours attribués à Jésus et à la Très Sainte Vierge, des interminables dialogues entre les nombreux personnages qui pullulent dans ce livre.2» L’auteur relevait aussi «quelques pages plutôt scabreuses» qui «font penser à des descriptions et des scènes de romans modernes». Il signalait également «quelques perles qui ne brillent certainement pas par l’orthodoxie catholique».
À une date plus récente, le 9 septembre 1988, le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, interrogé par une fidèle canadienne, faisait répondre par son secrétaire privé, Mgr Clemens, que la grande œuvre de Maria Valtorta est «un ensemble de fantaisies enfantines, d’erreurs historiques et exégétiques, le tout présenté dans un contexte subtilement sensuel»
On signalera aussi que l’abbé Gérard Herrbach, de la Fraternité Saint-Pie X, avait donné une longue analyse critique des écrits de Maria Valtorta dans Des visions sur l’Évangile (Éditions du Communicantes, Québec, 1993, p. 84-156). L’ouvrage a été réédité par les éditions Fideliter en 19933.
Yves Chiron
- Acta Apostolicae Sedis, LII, 1960, p. 60; trad. fr. La Documentation catholique, n° 1321, 7 février 1960, col. 146.
- Les exégètes valtortistes se flattent que quelque 750 personnages soient évoqués ou cités dans L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, et qu’un tiers d’entre eux aient une existence attestée par des sources historiques.
- L’ouvrage est toujours disponible aux Éditions Clovis (B.P. 118, 92153 Suresnes Cedex), 164 pages, 10,50 €.