7 octobre 2012

[Ennemond - Fecit] Sur cette crise et sur le rôle des blogs

SOURCE - Ennemond - Fecit - 7 octobre 2012
Ce que dit le supérieur américain à propos du rôle des sites sédévacantistes est vrai. Leur culpabilité dans la crise des derniers mois est parfaitement évidente. Sans eux, l'échange de lettres des évêques n'aurait pas été connu et c'est cette publication pirate qui a entraîné tout le reste : la suspicion, la haine, le mépris, le doute. Ils ont visé la division et ils y sont parvenus, même s’ils ont essuyé échec sur échec finalement. Les fuites n'auraient pas eu lieu qu'il en aurait été autrement. Prenez par exemple le cas de Mgr de Galarreta. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de le voir et de l'entendre en sermon durant ces mois. Il n'a pas abordé ces questions et sa pensée n'aurait sans doute pas été connue si des mains subversives n'avaient pas publié ses textes et lettres. L'attitude de Mgr Fellay ne dépend d'ailleurs pas de ces sites subversifs car lors d'une réunion à la mi-mars au Palais du Saint-Office, il s'est courageusement levé en disant que les négociations étaient terminées. La raison ? Ce n'est pas la pression des blogs sédévacantistes qui l'a provoquée, c'est sa fidélité à la position de la FSSPX. C'est le même scenario qui s'est réitéré le 13 juin. Il a estimé qu'on le trompait et cette fois - contrairement au mois de mars - aucun secrétaire n'a été le rechercher.

Mgr Fellay aurait signé le protocole d'accords du 5 mai 1988 dans les circonstances actuelles, il aurait été traîné dans la boue par les sites sédévacantistes et par les blogs crypto-sédévacantistes tenus par des convertis de fraîche date qui n’ont pas l’expérience des crises passées (1988, l’affaire de Bordeaux, etc.). Il y a vingt-cinq ans, Mgr Lefebvre a eu la chance d'avoir gardé le secret (contrairement à ce qu'on entend dire sur le fait qu'il publiait tout), il a gardé le secret sur les pourparlers avec Rome. On n'était pas à l'heure d'internet et il n'y a guère que l'abbé du Chalard et quelques happy few qui ont eu échos de sa signature du 5 à Albano. Vous imaginez l'allure de la blogosphère tradie si Mgr Lefebvre avait annoncé sur internet le soir du 5 mai qu'il avait signé ? Tous les noms d'oiseaux qu'il aurait dû supporter sans compter la création de blogs se liguant contre lui : « la Vraie Tradition », « Non serviam », « Anti-Lefebvre », etc.

Pour ma part, je suis gré à Mgr Fellay de son commandement équilibré de ces dernières années qui a permis que la messe soit rendue aux prêtres du monde entier, qui a permis que la Fraternité soit affranchie d’une étiquette infamante. Certains le trouvent peut-être un peu lent dans ses décisions, mais le temps qu’il consacre à la réflexion est très profitable. Je dois dire qui si d’autres devaient être à leur place, je ne sais pas ce qu’ils auraient donné. Une cassure irrémédiable ? La fracture aux conséquences désastreuses ? Un recroquevillement caricatural des forces ou, au contraire la fuite en avant dans un abandon entre les mains des nouveautés ? Etre chef ne s’improvise pas. Et les esprits les plus tranchants, les plus contestataires, les plus critiques sont souvent les plus fragiles et les plus faibles intérieurement et, par conséquent, les plus prompts à céder devant l’adversité. C’est pour cela que le nonce a tant de mal à nommer des évêques. Pour gouverner, il faut être un homme de prière. Il faut savoir gérer des hommes, savoir gérer de l’argent. Dans le cas de la FSSPX, il faut être polyglotte. Il faut également avoir des notions de droit canon et de théologie. Mgr Lefebvre s’étonnait lui-même au soir de sa vie de voir ces talents réunis dans la personne de ce jeune évêque. Sans doute a-t-il des défauts, mais il est une des rares personnes à réunir toutes les qualités pour gouverner une structure comme la Fraternité. Un prêtre ancien, pourtant réservé sur l’opportunité de parvenir à un accord actuellement, m’avait indiqué que l’élection de Mgr Fellay en 1994 avait été faite en suivant les recommandations de Mgr Lefebvre à la fin de sa vie.

Enfin, l’une des attitudes les plus exemplaires qui m’aient été rapportées au cours de cette crise est celle d’un frère de la FSSPX. Il aurait pu dire : « J’ai le droit de savoir ». Il aurait pu prétexter : « la foi l’exige ! ». Il aurait pu céder à la curiosité qui nous anime sur ce forum. Quand un prêtre lui a demandé s’il avait pris connaissance de l’échange épistolaire des quatre évêques, il a répondu : Je ne souhaite pas le lire car j’ai cru comprendre qu’il n’avait pas vocation à être connu.