30 octobre 2012

[Andrea Tornielli (blog)] Lefebvriens, la partie est ouverte

SOURCE - Andrea Tornielli (blog) - version française sur le Forum Catholique - 30 octobre 2012

Le communiqué par lequel, ces derniers jours, la Commission Pontificale Ecclesia Dei a annoncé que la Fraternité Saint Pie X a demandé du temps pour envoyer sa réponse au Saint Siège tend à indiquer que Rome n'a pas de hâte. Et cela d'autant plus qu'au Vatican l'on se rend compte du travail interne à la Fraternité, qui a conduit aussi à la houleuse expulsion de l'évêque Richard Williamson. 
 
Nonobstant les déclarations publiques négatives - il suffit de penser aux conférences et discours des évêques lefebvriens Tissier de Mallerais et de Gallareta - comme même à certains accents contenus dans l'interview du nouveau préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Gerhard Mueller (peu tendre dans le passé avec la Fraternité Saint Pie X, âprement critiqué des lefebvriens qui lui ont contesté quelques affirmations contenues dans ses écrits théologiques), la délicate partie n'est donc pas encore close. 
 
Il y a beaucoup d'attente quant au rôle que pourra jouer l'archevêque dominicain Augustin di Noia, nommé par Benoit XVI vice-président d'Ecclesia Dei. Mais demeurent aussi des difficultés, comme on peut le percevoir du communiqué sur Williamson (sic) diffusé par le District italien de la Fraternité Saint-Pie X, qu'il vaut la peine de reporter en entier:
"A l'occasion d la douloureuse exclusion de Mgr Williamson de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, le District italien souligne que cela est justifié par des motifs purement disciplinaires, qui duraient depuis plusieurs années. Vouloir relier ce triste évènement à une volonté de rupture doctrinale face à « l’Église conciliaire » est purement arbitraire, calomnieux et injustifié au regard de la dernière déclaration du chapitre général et des évènements récents, ainsi que l’avenir le montrera sans équivoque."
Cette référence à une "rupture doctrinale" face à « l’église conciliaire » (mais Eglise ne s'écrit donc pas avec une majuscule ?) nous frappe, quasi à mettre en avant le fait que le fossé entre Rome et Econe est demeuré inchangé et très large. Du reste, selon quelques indiscrétions provenant de l’intérieur de la Fraternité, le même supérieur Bernard Fellay aurait demandé à quelques prêtres de ne pas suivre Williamson en leur donnant des garanties sur le fait que l'accord avec le Saint Siège n'aurait pas lieu. Mais si l'indiscrétion était avérée et confirmée, on ne comprend pas pourquoi demander encore du temps lorsque l'on a décidé de répondre négativement et donc de ne pouvoir signer le préambule doctrinal. Il y a donc besoin de temps encore pour comprendre ce qu'il adviendra du délicat dossier qui tient particulièrement à cœur à Benoit XVI.
Quant au destin de Williamson, l'évêque, qui aujourd'hui vit dans une "mansarde" (c'est lui-même qui le raconte dans la lettre qu'il a envoyé à Fellay) à Londres, c'est difficilement qu'il deviendra le leader d'un nouveau groupe plus extrémiste.