SOURCE -
Stéphanie Le Bars - Le Monde (blog) - 25 octobre 2012
Le « cas » Williamson a trouvé son épilogue. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le mouvement intégriste catholique, issu du schisme provoqué en 1988 par Mgr Lefebvre, a officiellement exclu de ses rangs l’un des quatre évêques historiques du mouvement.
Le « cas » Williamson a trouvé son épilogue. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le mouvement intégriste catholique, issu du schisme provoqué en 1988 par Mgr Lefebvre, a officiellement exclu de ses rangs l’un des quatre évêques historiques du mouvement.
En 2009, Mgr Richard Williamson, un ancien anglican de 72 ans, avait
acquis une notoriété mondiale en tenant des propos ouvertement
négationnistes au moment même où le pape Benoît XVI amorçait un
rapprochement avec les intégristes en annonçant la levée de
l’excommunication des prélats ordonnés illégalement par le fondateur de
la Fraternité, Marcel Lefebvre, prélude à leur possible réintégration
dans l'Eglise catholique. Le Vatican s’est félicité, mercredi 24
octobre, de cette exclusion. "C'est une bonne nouvelle" , a indiqué un responsable à l'agence spécialisée I-Media.
La personnalité controversée de Mgr Williamson compliquait la
conclusion, hypothétique, de tout accord acceptable entre les deux
parties. Mais la Fraternité le sanctionne non pas pour ses propos sur la
négation de la Shoah mais pour son refus de « manifester le respect et l’obéissance dus à ses supérieurs légitimes ». Et il n'est pas certain que cette éviction suffise à relancer des négociations au point mort.
Cette sanction interne à un mouvement marginal au sein du
catholicisme mondial aurait pu rester anecdotique s’il n’entérinait au
grand jour les tensions qui traversent la communauté schismatique depuis
que Rome a engagé des discussions pour la faire revenir dans le giron
de l’Eglise. Les oppositions historiques et fondamentales sur
l’acceptation des lignes majeures du concile Vatican II, concernant
notamment la liberté religieuse et le dialogue œcuménique et
interreligieux, demeurent , même si le supérieur de la Fraternité, Mgr
Bernard Fellay, a mené depuis deux ans de longues discussions avec les
responsables de la curie en charge du dossier.
Ces discussions, qui seraient approuvées par un tiers environ des
fidèles de la Fraternité et violemment rejetées par un autre tiers –le
dernier tiers s’en remettant à la décision finale- se sont heurtées à
l’opposition ferme des trois évêques, confrères de Mgr Fellay. Elles
sont actuellement au point mort. Le nouveau préfet de la congrégation
pour la doctrine de la foi, Mgr Gerhard Müller a déclaré début octobre :
« nous ne pouvons abandonner la foi catholique dans ces
négociations. Il n’y aura pas de compromis là-dessus. Je ne pense pas
qu’il y aura de nouvelles discussions ». L’un des trois évêques de la Fraternité, Alfonso de Galarreta a rappelé que son mouvement ne pouvait « reconnaitre que le concile Vatican II est en parfait accord avec la tradition et qu’il convient de l’accepter ».
L’enjeu est pour Benoît XVI de mettre fin au dernier schisme en date
de l’Eglise catholique en réintégrant les quelque 600 prêtres et les
centaines de milliers de fidèles revendiqués par la Fraternité, sans
donner l’impression de minimiser des pans entiers du concile Vatican II.