SOURCE - Ennemond - Fecit - 17 octobre 2012
Dans son message publié sur le Forum catholique, Candidus pense que la FSSPX est vouée à une inexorable décomposition, les divergences d’interprétation des écrits du fondateur s’accentuant à mesure que la disparition de ce dernier s’éloignerait dans le temps. Il laisse entendre qu’une tendance « crypto-sédévacantiste » pourrait alors se retrouver sous la houlette d’un Mgr Williamson expulsé de la Fraternité, ce qui provoquerait son éclatement.
Dans son message publié sur le Forum catholique, Candidus pense que la FSSPX est vouée à une inexorable décomposition, les divergences d’interprétation des écrits du fondateur s’accentuant à mesure que la disparition de ce dernier s’éloignerait dans le temps. Il laisse entendre qu’une tendance « crypto-sédévacantiste » pourrait alors se retrouver sous la houlette d’un Mgr Williamson expulsé de la Fraternité, ce qui provoquerait son éclatement.
1. Cette vision ne paraît pas très convaincante historiquement car les années où la contestation au sein de la FSSPX fut la plus forte furent bel et bien les premières. Il ne se passait pas deux ans, du vivant de Mgr Lefebvre, sans que des scissions surviennent. En 1974, le directeur d’Écône s’en va. Trois ans plus tard, c’est presque tout le corps professoral qui veut mettre le fondateur à la porte et Écône risque de se dissocier de la FSSPX. En 1983, c’est quasiment tout le district des États-Unis qui coule et qui part avec les bâtiments. En 1988, une partie des prêtres s’éloigne à l’occasion des sacres. En 1989, c’est au tour du séminaire argentin de sombrer d’un coup dans le sédévacantisme. L’on passe sur les abandons des communautés amies importantes (Flavigny en 1984, le Barroux en 1988). A chaque fois, ce sont des dizaines de prêtres et de séminaristes qui se sont désolidarisés du mouvement de Mgr Lefebvre. En comparaison, les années 1990 paraissent bien calmes. A part un prêtre par-ci par là, aucune secousse ! Au cours des années 2000, on peut signaler trois crises : En 2001, les prêtres de Campos ; en 2003, les prêtres de Berlin fondateurs de l’ISPN et en 2006, les abbés bordelais de l’IBP. Mais aucune n’a vraiment ébranlé la FSSPX, dont le poids l’a affermi et l'a rendu plus résistance.
2. Dans ces conditions, Mgr Williamson fédérera-t-il une aile à part entière qui se scinderait ? Lui-même y aspire-t-il ? Rien n’est moins certain. Le message de Mgr Lefebvre conjurant les quatre évêques (il utilise le terme « je vous conjure ») de rester unis dans la soumission au supérieur général, n’est pas une vaine demande, il est inscrit dans la lettre les enjoignant à recevoir l’épiscopat. Or Mgr Williamson, bien qu’ayant toujours adopté un côté frondeur, n’a jamais pour autant souhaité se désolidariser. Le faire à 72 ans n’est pas forcément la meilleure opportunité. C'est un homme très brillant, mais sa carrière de bâtisseur reste à prouver. Or c’est bien un bâtisseur qui a mené la FSSPX là où elle se trouve aujourd’hui. Même un abbé Laguérie, avec son immense charisme, escorté par le bâtisseur Aulagnier et l’intellectuel Tanoüarn n’a réussi à mener l’IBP qu’à l’endroit où il se trouve. Se lancer à l’aventure n’est vraiment pas chose aisée, surtout quand on ne détient pas la légitimité de la Fraternité qui s’inscrit dans une continuité spirituelle, sociale, institutionnelle et géographique. A cela, il faut ajouter que Mgr Williamson vit depuis trois ans de manière très isolée. Ses terres d’influence – il a formé pendant de nombreuses années les séminaristes américains – sont, au contraire, bien légitimistes dans le contexte actuel. Il faut dire que disserter sur la négation des attentats du World Trade Center n’a pas forcément aidé à conserver une aura aux si patriotiques Etats-Unis.
3. L’accordo-septicisme se retrouve-t-il dans la figure de Mgr Williamson ? Là aussi, rien n’est moins certain. Les relations entre la France et lui dans les années 2000 ont été pour le moins fraîches, à la suite du rôle actif qu’il a joué dans l’affaire de Bordeaux et du célèbre prêche du 17 octobre 2004 à Saint-Nicolas du Chardonnet en faveur des futurs fondateurs de l’IBP. Je crois que le prélat n’est guère revenu pontifier sur le sol français que pour les prises de soutanes à Flavigny en 2008. Par la suite, Mgr Williamson est devenu, comme chacun sait, l’évêque le plus connu de la planète. Certes, c’est une célébrité, mais ce n’est sans doute pas un titre facile à porter car il a engendré la fermeture de lieux de culte de la FSSPX (tous ceux de Suède) et freine encore l’expansion d’apostolats dans le monde. De ce point de vue, il aurait été plus facile au supérieur général d’écarter dès 2009 Mgr Williamson, ou dans les mois qui suivaient. Or à l’époque Mgr Fellay affirmait qu’on ne l’abandonnerait pas, malgré ce marasme. Et il a tenu bon.
La Fraternité Saint-Pie X n’a sans doute pas les promesses de la vie éternelle, mais elle a déjà subi de violentes perturbations, plus conséquentes en comparaison avec sa taille d’autrefois. Elle peut perdre de grandes figures (elle en a déjà perdu et nul n'est irremplaçable), on pourra ailleurs revendiquer son fondateur (on le fait maintenant des deux côtés), il n’en demeurera pas moins qu’elle conservera la légitimité qui ne lui est d'ailleurs guère contestée de manière sérieuse. Elle se prolonge grâce aux sacrifices consentis dans le silence, celui des centaines de prêtres discrets, des frères, des sœurs et des oblates. C’est en cela que la Fraternité pèse, c'est par là que passe la voie du succès, non dans quelque prêche enflammé ou dans quelque fièvre médiatique et éphémère.