SOURCE - Aetilius - Le Forum Catholique - 14 décembre 2009
Chers liseurs,
Ce petit point problématique, dans le cadre des demandes de liturgie traditionnelle dans les paroisses ordinaires.
Ayant récemment discuté avec des prêtres non hostiles à la liturgie traditionnelle et la célébrant donc épisodiquement, mais pas forcément amoureux d'elle, en raison de sa sensibilité générationnelle pour l'un, du fait que c'est encore mal vu pour le moment pour un autre..., ils m'ont tous sorti la même excuse pour ne pas autoriser de célébration publique régulière dans leur paroisse : celui du fait qu'un groupe de demandeurs conséquents ne s'était pas manifesté sur leur territoire.
Je leur répondais à chaque fois que c'était logique : ceux qui n'avaient pas accepté le VOM dans les années 70 avaient déserté les églises, pour s'encroûter dans la non-pratique désespérée pour les uns, pour les autres pour pratiquer dans le cadre de communautés traditionnelles en état de pariatude loin de chez eux. Un troisième groupe, les moins nombreux, était resté dans les paroisses ordinaires, où ses membres, vieillissants et fatigués, ou mithridatisés, souffraient en silence, ne voulant pas passer pour des fossiles de l'évolutionnisme liturgique et se cachant, honteux, de leurs "déviances" liturgiques : dur dur dans ces conditions de faire son coming-out de l'intérieur des structures officielles.
Lorsqu'un raz-de-marée a submergé un territoire, ce ne sont pas des parties ravagées que surgissent les survivants, mais des rares hauteurs où ils ont pu se réfugier, par choix ou par un concours de circonstances...
Bref, ceux qui pratiquaient encore dans le cadre paroissial soit, pour les anciens, étaient plutôt contents du côté auto-célébration de l'Assemblée soit, pour les rares jeunes, ne savaient même pas que le rite traditionnel existait, et était autorisé.
Conclusion, les demandeurs avaient toutes les chances d'être des catholiques marginalisés jusqu'à il y a peu, et que l'on avait donc peu de chances de rencontrer parmi les membres du conseil paroissial, parmi ceux de l'équipe liturgique, réécrivant le Credo pour la prochaine communion solennelle, parmi les distributrices de communion, les animatrices imbues de leur rôle attirant toutes les attentions durant les célébrations...
Surtout, ces prêtres sont empêchés déjà de faire chanter du grégorien durant leurs messes ordinaires, leurs équipes pastorales exigeant la sacro-sainte "compréhensivité" durant la célébration, alors ils sont bien isolés pour ne concéder, ne serait-ce que du bout des lèvres, la liturgie extraordinaire.
S'ils le font, ils craignent, à juste titre je crois, une explosion de rage de la part de certains, les grandes gueules en gros, et préfèrent ne rien faire, ne faisant toutefois que retarder le drame, car un jour ou l'autre, de même que dans la communion anglicane, il faudra clairement se situer : soit dans le protestantisme sécularisé intra-catholique, où chacun comprend ce qu'il veut des Ecritures, et prend ce qui l'arrange dans l'héritage religieux, tendance mortifère vidant peu à peu les églises, soit dans le catholicisme intégral, avec ce que cela implique de regard noir lancé par le Monde, qui ne supporte pas qu'on n'adhère pas à ses valeurs.
Pour finir, la célébration traditionnelle, dans une église "profanée", au sens étymologique du terme, avec l'espace sacré complètement chamboulé, est un désaveu complet en fait de la pastorale des 40 dernières années. Bref, pour les vieux prêtres, c'est un crève-coeur terrible.
Autrement dit : entourons ces prêtres de bonne volonté, soutenons-les, en premier lieu, par la prière, et soyons patients et décidés à la fois, bien conscients que nous ne nous battons pas pour nous mais pour le redressement de toute l'Eglise, et en premier lieu celle qui est en France...