30 avril 2010

[sudouest.fr] "Les Infiltrés" chez les traditionalistes bordelais : la justice va s'en mêler

SOURCE - sudouest.fr - 30 avril 2010
[INTERVIEW] L'avocat Thomas Rivière, le président de l'association qui sert de support à l'école catholique Saint-Projet, mise en cause par la chaîne, dénonce une manipulation et condamne les propos racistes et antisémites tenus par les militants du groupuscule extrémiste Dies Irae piégés par une caméra cachée.

« Sud Ouest ». Pourquoi déposez-vous plainte contre France 2 ? Le journaliste des « Infiltrés » n'a pas inventé les propos tenus au sein de l'école...

Thomas Rivière.
Nous sommes les victimes d'un amalgame écœurant. Les paroles reproduites ont été tronquées ou le plus souvent sorties de leur contexte. Plus grave encore, le journaliste nous assimile à ce groupuscule Dies Irae qui n'a strictement rien à voir avec l'école Saint-Projet. On ne peut pas laisser passer sans réagir le viol de notre établissement, et la façon dont ont été salis nos enfants. (1) L'image donnée par France 2 est une tromperie. Ce n'est pas ce qu'on est, ce n'est pas qu'on veut faire.

Aucun militant de Dies Irae n'a jamais été surveillant ou enseignant au sein de votre établissement ?

Jamais. Le discours de ces gens-là, les bassesses racistes qu'ils véhiculent, leur galimatias sont totalement condamnables. C'est la preuve de cerveaux vides et de tête à claques. Si notre école était fréquentée par des personnages de cette nature, croyez-vous qu'une famille à qui l'État d'Israël a décerné le titre de « Juste » nous aurait confié ses enfants ?

On a du mal à croire que vous ne connaissiez aucun des militants de Dies Irae...

Avant l'émission, j'ignorais qu'ils se retrouvaient dans les caves d'une maison située dans une rue adjacente à celle de l'église Saint-Éloi. Je connaissais simplement de vue Fabrice Sorlin, celui qui est présenté comme leur chef. Il y a quelques années, il fréquentait les offices de Saint-Éloi.

Mais cette épouvantable ritournelle antisémite, ce ne sont pas des militants de Dies Irae qui la chantent mais bien des enfants de votre école...

Des blagues antisémites ou anti-arabes, il y en a hélas dans toutes les écoles qu'elles soient privées ou publiques. Mais ce n'est certainement pas à Saint-Projet que ces gamins ont appris ces refrains. D'ailleurs, ils ne fréquentent plus l'établissement. Jamais la direction ou les enseignants ne l'ont entendu, jamais ils ne l'auraient toléré. Le journaliste qui avait réussi à se faire recruter comme surveillant était venu pour chercher la petite phrase ou le mot de trop. Il les a poussés. C'est pour cela que nous avons déposé plainte pour incitation à commission de délits sur des mineurs.

À la vue du film, on a malgré tout l'impression qu'au sein de l'école, un professeur d'histoire manifeste une certaine complaisance à l'égard du régime de Vichy...

Cet enseignant n'est plus à Saint-Projet. Pour avoir été son élève à Tivoli, je sais que c'est un professeur passionnant. Il n'y a jamais eu le moindre problème avec ses cours. Une fois encore, le journaliste a sorti ses propos du contexte. S'il a dit du bien du maréchal Pétain, c'était uniquement au regard de son rôle pendant la Première Guerre mondiale et la bataille de Verdun. Ce n'était pas une ode au régime de Vichy. Je ne l'accepterais pas. C'est contraire à la tradition familiale. Le grand-père de ma femme a rejoint De Gaulle à Londres à l'âge de 17 ans.

Ce professeur a tout même traité De Gaulle de déserteur...

Dans un récent numéro de l'hebdomadaire « Le Point », on ne disait pas autre chose. C'est un fait historique. De Gaulle a été condamné par désertion par le régime de Vichy. Ceci dit, cet enseignant est issu d'une famille de pieds-noirs. Alors quand il parle de De Gaulle…

Comment le journaliste des « Infiltrés » qui vous accable a-t-il pu gagner votre confiance ?

Je ne l'ai jamais rencontré. J'ai appris par la suite qu'il avait pénétré le Front national des jeunes depuis plusieurs années. Lorsqu'il s'est présenté à Saint-Éloi, il souhaitait suivre des cours de catéchisme. La paroisse l'a accueilli. Il semblait intéressé. Il est resté plusieurs mois. Il se disait disponible pour nous aider. C'est à ce moment-là qu'il lui a été proposé de venir à l'école Saint-Projet assurer quelques heures de surveillance. Il a disparu au moment où il devait se faire baptiser.

(1) Cette école privée dite hors contrat accueille 85 enfants âgés de 3 à 14 ans
.