SOURCE - Yann Saint-Sernin - sudouest.fr - 28 mai 2010
La journaliste et essayiste s'intéresse de près à ce qui s'est passé récemment autour de l'église Saint-Eloi et du cours Saint-Projet. Elle participera à une conférence samedi matin à Bordeaux sur la laïcité et l'école. Alors qu'une manifestation anti-avortement est prévue le même jour
« Sud Ouest » Vous tiendrez demain matin à Bordeaux une conférence de presse sur le thème de la laïcité et de l'école. Dans l'après-midi, se tiendra également une manifestation des « pro-vie », et une contre-manifestation à laquelle vous avez l'intention de participer. Quel est le sens de votre démarche?
Caroline Fourest. Je souhaite participer à réveiller le débat sur la question de l'école Saint-Projet et de l'église Saint-Éloi. Il est important de comprendre que l'intégrisme catholique n'est pas du tout un mouvement qui est en train de s'éteindre. L'intégrisme et l'abbé Laguérie qui en est une figure importante ont trouvé un point de chute à Bordeaux. Il faut rappeler à qui on a affaire, Laguérie est l'un des représentants les plus emblématiques qui, lorsqu'il est arrivé à Bordeaux faisait déjà peur aux Lefebvristes de la Fraternité Saint Pie X. La différence, c'est que lorsqu'ils se sont installés en 2002, en bénéficiant des bons augures de la mairie, ils étaient excommuniés. Depuis la création de l'Institut du Bon Pasteur à Bordeaux, ils font partie de l'Église. Cet institut a été taillé sur-mesure aux dépens des catholiques d'ouverture qui ont subi un mariage forcé par l'entremise du Vatican.
Les organisateurs de la marche Oui à la vie crient à l'amalgame, et se déclarent indépendants de tout mouvement religieux ou politique…
Historiquement, les militants à la pointe du combat contre l'avortement appartiennent aux milieux catholiques intégristes. Je fais évidemment la différence avec des personnes catholiques ou non qui, pour des convictions personnelles, sont opposées à l'avortement mais qui ne vont pas défiler dans la rue pour autant. Pour moi, l'intégrisme, c'est vouloir imposer ses propres convictions aux autres. Ils ne défilent pas pour un droit, mais pour un projet de société.
Les liens avec Saint-Éloi sont pourtant difficiles à prouver…
Bien sûr, des marches pour la vie, il y en a dans d'autres villes. Mais à Bordeaux, Saint-Éloi a créé un point de fixation. Il n'y a pas forcément de lien hiérarchique entre ces courants. Mais l'intégrisme porté par les Lefebvristes ne se limite pas à la messe en latin. Derrière, il y a aussi des idées politiques. Le récent reportage des « Infiltrés » le montre bien.
En créant Saint-Éloi, on a aussi créé des locaux, ce qui aide à fortifier la mainmise, la production de militants plus affirmés et prosélytes.
Selon vous, l'Église est-elle prise au piège ?
Je crois que l'Église est violemment mobilisée contre l'avortement. Les intégristes ont réussi leur coup, l'Église leur a couru après. J'estime qu'en ce moment, ce sont les durs qui sont aux commandes. Le constat de Benoît XVI et de Jean-Paul II est que tout est de la faute de mai 1968 et du féminisme.
La journaliste et essayiste s'intéresse de près à ce qui s'est passé récemment autour de l'église Saint-Eloi et du cours Saint-Projet. Elle participera à une conférence samedi matin à Bordeaux sur la laïcité et l'école. Alors qu'une manifestation anti-avortement est prévue le même jour
« Sud Ouest » Vous tiendrez demain matin à Bordeaux une conférence de presse sur le thème de la laïcité et de l'école. Dans l'après-midi, se tiendra également une manifestation des « pro-vie », et une contre-manifestation à laquelle vous avez l'intention de participer. Quel est le sens de votre démarche?
Caroline Fourest. Je souhaite participer à réveiller le débat sur la question de l'école Saint-Projet et de l'église Saint-Éloi. Il est important de comprendre que l'intégrisme catholique n'est pas du tout un mouvement qui est en train de s'éteindre. L'intégrisme et l'abbé Laguérie qui en est une figure importante ont trouvé un point de chute à Bordeaux. Il faut rappeler à qui on a affaire, Laguérie est l'un des représentants les plus emblématiques qui, lorsqu'il est arrivé à Bordeaux faisait déjà peur aux Lefebvristes de la Fraternité Saint Pie X. La différence, c'est que lorsqu'ils se sont installés en 2002, en bénéficiant des bons augures de la mairie, ils étaient excommuniés. Depuis la création de l'Institut du Bon Pasteur à Bordeaux, ils font partie de l'Église. Cet institut a été taillé sur-mesure aux dépens des catholiques d'ouverture qui ont subi un mariage forcé par l'entremise du Vatican.
Les organisateurs de la marche Oui à la vie crient à l'amalgame, et se déclarent indépendants de tout mouvement religieux ou politique…
Historiquement, les militants à la pointe du combat contre l'avortement appartiennent aux milieux catholiques intégristes. Je fais évidemment la différence avec des personnes catholiques ou non qui, pour des convictions personnelles, sont opposées à l'avortement mais qui ne vont pas défiler dans la rue pour autant. Pour moi, l'intégrisme, c'est vouloir imposer ses propres convictions aux autres. Ils ne défilent pas pour un droit, mais pour un projet de société.
Les liens avec Saint-Éloi sont pourtant difficiles à prouver…
Bien sûr, des marches pour la vie, il y en a dans d'autres villes. Mais à Bordeaux, Saint-Éloi a créé un point de fixation. Il n'y a pas forcément de lien hiérarchique entre ces courants. Mais l'intégrisme porté par les Lefebvristes ne se limite pas à la messe en latin. Derrière, il y a aussi des idées politiques. Le récent reportage des « Infiltrés » le montre bien.
En créant Saint-Éloi, on a aussi créé des locaux, ce qui aide à fortifier la mainmise, la production de militants plus affirmés et prosélytes.
Selon vous, l'Église est-elle prise au piège ?
Je crois que l'Église est violemment mobilisée contre l'avortement. Les intégristes ont réussi leur coup, l'Église leur a couru après. J'estime qu'en ce moment, ce sont les durs qui sont aux commandes. Le constat de Benoît XVI et de Jean-Paul II est que tout est de la faute de mai 1968 et du féminisme.