SOURCE - famillechretienne.fr - 16 septembre 2011
La Congrégation pour la doctrine de la foi a proposé à la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X de signer un « préambule doctrinal », avant une éventuelle reconnaissance canonique de la Fraternité séparée de Rome depuis 1988. Le Père oratorien Bruno Gonçalves, chargé d’enseignement à la Faculté de droit canonique de Paris, explique les raisons juridiques mais aussi spirituelles du nouveau pas franchi dans les discussions.
On parle d’une éventuelle solution canonique pour la Fraternité Saint-Pie-X. Quelle serait-elle ?
On a entendu beaucoup de choses. Certains ont dit que la fraternité pourrait devenir une Église de droit propre, comme les maronites, ou les malabars par exemple… mais cela ne devrait pas se vérifier parce que la tradition rituelle de la fraternité Saint-Pie-X est, ni plus ni moins, celle de l’Église latine, comme l’explique le motu proprio Summorum pontificum. On semble plutôt s’orienter vers une prélature personnelle (1), une forme nouvelle voulue par le concile Vatican II et qui ne concerne aujourd’hui que l’Opus Dei. On en connaît encore mal les contours ; il s’agit d’une entité de droit pontifical, dans laquelle on rentre par adhésion personnelle. Elle a à sa tête un « ordinaire propre », qui a tous les pouvoirs de juridiction sur les membres et peut incardiner les prêtres.
Quel est actuellement le statut juridique de la fraternité Saint-Pie-X ?
Ce courant a eu un statut : en 1970, le séminaire d’Écône était reconnu par l’évêque du lieu comme une « pieuse union ». Ses prêtres étaient alors incardinés dans différents diocèses. Puis, en raison d’actes de désobéissance, Mgr Lefebvre a été sanctionné : d’abord suspens a divinis puis excommunié (1988). De son côté, à la suite d’une enquête, l’évêque du lieu avait retiré son approbation en 1975 : la fraternité Saint-Pie-X a alors perdu tout statut canonique reconnu. Quant au statut des personnes, il faut distinguer celles qui ont été baptisées dans l’Église catholique avant 1988, et celles qui ont été baptisées dans la fraternité Saint-Pie-X depuis. Il faut considérer celles-ci comme appartenant à une autre réalité ecclésiale, comme dans le cadre de relations œcuméniques. Cela explique l’empressement du Saint-Père. Si on ne fait rien, on laisse la voie à la constitution d’une Église séparée. Risque d’autant plus grave que cette Église s’est dotée depuis de tout ce qui fait une Église, avec ses propres structures, son propre tribunal ecclésiastique…
On a quand même l’impression que Benoît XVI donne beaucoup de gages à la fraternité…
La diplomatie vaticane n’a jamais fonctionné avec les critères du monde. Elle n’est pas dans une logique où l’on compte les points. La démarche entreprise nécessite une conversion du cœur de part et d’autre. Ce sont deux humiliations qui se rencontrent. D’un côté, les membres de la fraternité Saint-Pie-X doivent surmonter leur mise au ban de l’Église. De l’autre, le Saint-Siège voit son autorité bafouée depuis des années. Dans l’ordre de la charité, c’est toujours au plus fort de faire le plus de pas. L’option du Saint-Père est celle de l’unité, mais pas à tout prix : l’unité dans la vérité. On peut compter sur la solidité du Saint-Père pour ne pas brader la vérité.
Sophie le Pivain
(1) Canon 294 : « Pour promouvoir une répartition adaptée des prêtres, ou pour accomplir des tâches pastorales ou missionnaires particulières en faveur de diverses régions ou de divers groupes sociaux, des prélatures personnelles constituées de prêtres et de diacres du clergé séculier peuvent être érigées par le Siège Apostolique, après qu’il a entendu les conférences des évêques concernées. »
La Congrégation pour la doctrine de la foi a proposé à la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X de signer un « préambule doctrinal », avant une éventuelle reconnaissance canonique de la Fraternité séparée de Rome depuis 1988. Le Père oratorien Bruno Gonçalves, chargé d’enseignement à la Faculté de droit canonique de Paris, explique les raisons juridiques mais aussi spirituelles du nouveau pas franchi dans les discussions.
Quel est le statut du préambule qui a été présenté le 14 septembre à Mgr Fellay ?
La technique du Saint-Siège a toujours été d’exprimer d’abord les points d’accord, avant de discuter sérieusement des divergences. Le processus est très long, parce qu’il s’agit de réalités complexes. Dans l’histoire des discussions entre Rome et la fraternité Saint-Pie-X, il y a eu des moments de signatures et des rétractations. Avant les ordinations de 1988, le cardinal Ratzinger s’était même entendu avec Mgr Lefebvre sur l’ordination d’un évêque et sur d’autres points, avant que celui-ci ne revienne en arrière. Maintenant, Benoît XVI veut assurer tous ses pas.
La technique du Saint-Siège a toujours été d’exprimer d’abord les points d’accord, avant de discuter sérieusement des divergences. Le processus est très long, parce qu’il s’agit de réalités complexes. Dans l’histoire des discussions entre Rome et la fraternité Saint-Pie-X, il y a eu des moments de signatures et des rétractations. Avant les ordinations de 1988, le cardinal Ratzinger s’était même entendu avec Mgr Lefebvre sur l’ordination d’un évêque et sur d’autres points, avant que celui-ci ne revienne en arrière. Maintenant, Benoît XVI veut assurer tous ses pas.
On parle d’une éventuelle solution canonique pour la Fraternité Saint-Pie-X. Quelle serait-elle ?
On a entendu beaucoup de choses. Certains ont dit que la fraternité pourrait devenir une Église de droit propre, comme les maronites, ou les malabars par exemple… mais cela ne devrait pas se vérifier parce que la tradition rituelle de la fraternité Saint-Pie-X est, ni plus ni moins, celle de l’Église latine, comme l’explique le motu proprio Summorum pontificum. On semble plutôt s’orienter vers une prélature personnelle (1), une forme nouvelle voulue par le concile Vatican II et qui ne concerne aujourd’hui que l’Opus Dei. On en connaît encore mal les contours ; il s’agit d’une entité de droit pontifical, dans laquelle on rentre par adhésion personnelle. Elle a à sa tête un « ordinaire propre », qui a tous les pouvoirs de juridiction sur les membres et peut incardiner les prêtres.
Quel est actuellement le statut juridique de la fraternité Saint-Pie-X ?
Ce courant a eu un statut : en 1970, le séminaire d’Écône était reconnu par l’évêque du lieu comme une « pieuse union ». Ses prêtres étaient alors incardinés dans différents diocèses. Puis, en raison d’actes de désobéissance, Mgr Lefebvre a été sanctionné : d’abord suspens a divinis puis excommunié (1988). De son côté, à la suite d’une enquête, l’évêque du lieu avait retiré son approbation en 1975 : la fraternité Saint-Pie-X a alors perdu tout statut canonique reconnu. Quant au statut des personnes, il faut distinguer celles qui ont été baptisées dans l’Église catholique avant 1988, et celles qui ont été baptisées dans la fraternité Saint-Pie-X depuis. Il faut considérer celles-ci comme appartenant à une autre réalité ecclésiale, comme dans le cadre de relations œcuméniques. Cela explique l’empressement du Saint-Père. Si on ne fait rien, on laisse la voie à la constitution d’une Église séparée. Risque d’autant plus grave que cette Église s’est dotée depuis de tout ce qui fait une Église, avec ses propres structures, son propre tribunal ecclésiastique…
On a quand même l’impression que Benoît XVI donne beaucoup de gages à la fraternité…
La diplomatie vaticane n’a jamais fonctionné avec les critères du monde. Elle n’est pas dans une logique où l’on compte les points. La démarche entreprise nécessite une conversion du cœur de part et d’autre. Ce sont deux humiliations qui se rencontrent. D’un côté, les membres de la fraternité Saint-Pie-X doivent surmonter leur mise au ban de l’Église. De l’autre, le Saint-Siège voit son autorité bafouée depuis des années. Dans l’ordre de la charité, c’est toujours au plus fort de faire le plus de pas. L’option du Saint-Père est celle de l’unité, mais pas à tout prix : l’unité dans la vérité. On peut compter sur la solidité du Saint-Père pour ne pas brader la vérité.
Sophie le Pivain
(1) Canon 294 : « Pour promouvoir une répartition adaptée des prêtres, ou pour accomplir des tâches pastorales ou missionnaires particulières en faveur de diverses régions ou de divers groupes sociaux, des prélatures personnelles constituées de prêtres et de diacres du clergé séculier peuvent être érigées par le Siège Apostolique, après qu’il a entendu les conférences des évêques concernées. »