27 juin 2007





Le motu proprio sur le missel de saint Pie V dévoilé aux évêques
27 juin 2007 - la-croix.com
Mercredi 27 juin se tenait une réunion au Vatican avec des représentants de conférences épiscopales, à qui le cardinal Bertone a livré le contenu du motu proprio visant à libéraliser l'usage du missel tridentin

Mercredi 27 juin dans l'après-midi, des cardinaux et archevêques de différents pays étaient réunis autour du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, pour prendre connaissance du contenu du motu proprio visant à libéraliser l’usage du missel en rite tridentin, dit «de saint Pie V».

« C’est une forme de publication interne à l’Église», confie-t-on à la curie. La publication « externe », c’est-à-dire officielle, devrait intervenir sous peu, par le biais de L’Osservatore Romano, le quotidien édité par le Saint-Siège. Le texte, rédigé en latin, sera accompagné d’une lettre de Benoît XVI en plusieurs langues.

Avant cette réunion, les évêques ignoraient tout du contenu définitif du texte. En réalité, depuis la dernière réunion connue de la commission Ecclesia Dei, chargée du rapprochement avec les mouvements intégristes, le 12 décembre 2006, les arbitrages ont été rendus dans la plus grande discrétion. Des garde-fous pour garantir à l’évêque le dernier mot
Le pape, qui souhaite faciliter le recours au rite de saint Pie V, avait demandé dès 2006 à la commission Ecclesia Dei de travailler à une solution. Avec un double objectif : favoriser le retour des communautés intégristes dans l’Église catholique, mais aussi encourager l’attachement des catholiques à une tradition liturgique à ses yeux malmenée depuis Vatican II.

Grâce à des indiscrétions de la presse, confirmées par le Saint-Siège, on sait depuis octobre dernier qu’un projet de motu proprio visant à libéraliser le rite tridentin est en préparation. Il mettrait ce rite sur le même plan de plein droit que celui dit «de Paul VI» et il n’y aurait plus, comme aujourd’hui, d’autorisation préalable nécessaire de la part de l’évêque.

Le projet a suscité les réserves d’un certain nombre d’épiscopats, dont la France et les États-Unis, pour qui ce biritualisme de fait présente un risque pour l’unité de l’Église. La crainte est que l’évêque, soumis à des pressions en faveur d’un rite, perde son autorité sur le diocèse. Inquiétudes entendues par le pape qui, dans l’exhortation Sacramentum Caritatis en mars, a précisé que c’est à l’évêque, « liturge par excellence de son diocèse », qu’il revient de « sauvegarder l’unité unanime des célébrations dans son diocèse ».

Le motu proprio devrait prévoir des garde-fous pour garantir à l’évêque le dernier mot, en cas de contentieux entre fidèles et prêtrs sur ce point. Des critiques venues du judaïsme
D’autres, observant que le rite en vigueur est lié à Vatican II, s’inquiètent de ce que la « banalisation » de la messe en rite tridentin rende possible une acceptation seulement partielle du Concile, ce que demandent les intégristes (lire La Croix du 11 juin). En décembre 2005, Benoît XVI a expliqué qu’il fallait « interpréter le Concile à la lumière de la Tradition », mais sans renoncer à deux de ses apports principaux, la liberté religieuse et les rapports entre l’Église et le monde, contestés par les mouvements intégristes.

D’autres critiques se sont fait jour, aux États-Unis et en Allemagne, du côté du judaïsme. Ainsi, le Conseil international juifs et chrétiens (IJCIC) a exprimé au cardinal Walter Kasper, chargé du dialogue avec le judaïsme, ses craintes quant à un retour du missel de 1962, qui contient la prière du Vendredi saint « pour la conversion des juifs », supprimée dans le missel de Paul VI.

Les mêmes observent que l’ancien lectionnaire (textes bibliques de la messe), utilisé par les tenants du rite tridentin, ne donne aucune lecture de l’Ancien Testament, patrimoine commun aux juifs et chrétiens. Là encore, le motu proprio pourrait disposer que le lectionnaire soit, dans les deux rites, celui établi par Paul VI en 1967. Isabelle DE GAULMYN, à Rome