Mes vœux tiennent en un mot, qui résume tout ce que je désire pour moi comme pour vous : la Charité.
Drôles de vœux en cette année de la Foi ! Et pourquoi pas plutôt l’Espérance en ces temps de désolation où l’anti-France socialo-communiste envisage (mais nous l’en empêcherons !) de marier ses fils avec ses fils et ses filles avec ses filles…de confier nos enfants à ces couples hétéroclites et d’en assurer la fabrication par des usines du diable ?
Je vous invite évidemment (et massivement) à la manifestation du 13 janvier. J’y serai et espère vous y voir tous. J’ai beaucoup d’amis et je compterai plus volontiers les…absents ; gare à eux. Que les gesticulations médiatiques de Frigide Barjot (encore moins barjot que frigide, c’est peu dire) mais provocatrice brevetée, ne vous découragent nullement. Je la connais personnellement pour avoir déjeuné quelquefois avec elle et son mari, Basile de Kock. On riait beaucoup à lire le dernier « Jalons ». Avec son look déjanté, on aurait pu la croire indemne de la peur de passer pour une bigote ! Mais non. La perversité du politiquement correct explique tout. Inutile de la croire inféodée à je ne sais quelle officine inavouable. C’est une grande timide, comme tous les comédiens. Avec cet orgueil des timides qui veut nous faire croire que c’est sa manif. C’est la nôtre, évidemment.
Je maintiens cependant la charité comme l’urgence du moment. Non point cette vertu chrétienne devenue folle (Chesterton), bien sûr, mais l’amour sans ersatz aucun, capable d’endiguer seul la folie narcissique des hommes.
Je n’ignore pas que la vraie charité suppose d’abord la Foi et l’Espérance. J’ai eu fait quelque théologie en bon séminaire. Mais je sais aussi que les athées ça n’existe pas et que tout homme nourrit conséquemment au fond de son âme ce fol espoir que, malgré tout, ce « quelqu’un qui fait peur » voudra bien, un jour, se souvenir d’elle. Trop orgueilleux pour se l’avouer, les hommes n’en nourrissent pas moins cette « secrète ardeur du dévouement », justement parce que l’amour n’est pas là. Il y a un abîme entre l’homme politique et l’homme tout court, l’homme intérieur. Les prêtres savent de quoi l’on parle. Souvenez-vous de cette lettre de François Mitterrand (signature olographe sous un texte de Vauban) que je conserve précieusement. Vauban-Mitterrand y explique sur une pleine page que la vertu est sans aucun doute la chose la plus désirable, la plus profitable, la plus grande valeur…mais qu’il n’a jamais pu seulement envisager d’y mettre le prix. Ce Mazarin avait gardé le respect des choses de Dieu. C’est lui qui interdit l’évacuation de saint Nicolas en 1986 décidée par le Ministre de l’intérieur et renvoya Savary en 1984. Hollande aura-t-il les mêmes tripes au lendemain du 13 janvier ?
On est donc aux antipodes de Karl Rahner, avec ses « chrétiens anonymes ». Tout homme serait un chrétien qui s’ignore et il suffirait, sans rien gagner, qu’il en prenne conscience. Quelle fadaise poussiéreuse des experts conciliaires. Un chrétien est rendu capable d’aimer par sa Foi et son Espérance, en une parfaite lucidité sur l’Auteur et le Consommateur de ce miracle qui lui communique l’amour. « La charité a été répandue dans vos cœurs par l’Esprit Saint qui vous a été donné » Rom 5, 5.
Car il faut que les chrétiens cessent de considérer la charité comme la cerise sur le gâteau des autres vertus. Un texte de saint Paul (Col 3, 12…) le donnerait faussement à penser :
« Comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, vous supportant mutuellement et vous pardonnant les uns aux autres, si quelqu’un a un sujet de se plaindre de l’autre ; comme le Christ vous a pardonné, pardonnez vous aussi. Mais par dessus tout ayez la charité qui est le lien de la perfection… »
Une lecture superficielle de ce texte donnerait à penser qu’il faut toutes ces vertus héroïques (Le pardon des offenses, sans doute la chose la plus exigeante du Nouveau Testament) avant de parfaire le tout par la charité. Bigre, quel parcours du combattant pour parvenir peut-être à ce luxe extrême et, disons-le, alors inaccessible ! Telle n’est sûrement pas la pensée de l’Apôtre. Au chapitre 13 de la première aux corinthiens, il conteste vigoureusement la moindre valeur à une quelconque vertu qui ne serait déjà informée (consubstantiellement) par la charité, y compris cette Foi à transporter les montagne, la pénitence à livrer son corps aux flammes et la générosité à distribuer tous ses biens aux pauvres. Aux Ephésiens (3, 16) il affirme clairement que le chrétien est « enraciné (dans) et fondé (sur) la charité. Ces deux images sont particulièrement suggestives. Comme un arbre le chrétien prend ses racines dans la terre de la charité. Comme un immeuble, il repose sur ces mêmes solides fondations. Le texte ci-dessus (Col 3) dit bien que la charité, déjà présente, est le lien de toutes les vertus, leur consistance et constitue le palliatif des manquements inférieurs. Vouloir finir par la charité, c’est s’interdire l’acquisition de toute vertu. Il est impératif de commencer par elle. « Mon amour est le poids qui m’entraîne en avant » (Saint Augustin).
Ce qui fera dire au docteur commun que la charité est la forme (qui donne l’être donc) de toute vertu. Il suit en cela l’apôtre et le génial saint Augustin : «Donnez-moi quelqu’un qui aime et il comprendra ce que je dis».
« Nous avons cru…à la charité » dit saint Jean. Et même cette Foi assurée nous vient de la charité. « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé » dit la Sagesse de Dieu.
Le fin mot de la vie chrétienne, mais aussi comme en sa source unique et nécessaire est la charité. Amour antécédent, infus, diffus, cœxtensible de Dieu et du prochain. Bienveillance gratuite, débonnaire, sans autre cause qu’elle-même (Dieu est charité et rien d’autre). C’est justement cette charité, elle seule, qui nous fait rejeter le mal sous toutes ses formes car « Elle ne se réjouit pas de l’injustice mais se réjouit de la vérité ». Tout autre combat n’est que gesticulation.
Voilà bien pourquoi, voulant vous indiquer une « voie supérieure » et vous souhaiter la plus excellente des trois (vertus théologales) j’appelle sur vous, amis et ennemis, comme sur moi, ce « Don parfait qui vient du Père des lumières ».