SOURCE - Père Chrissement, fsspx - La Foi de Toujours (n°153) - janvier 2013
Il y avait deux médecins, le docteur Marcel Liberté et le docteur Paul Tolérance. Les deux étaient arrivés en même temps dans le bourg et les gens, tout contents, se partageaient entre les deux. Mais voilà, chacun avait sa vision de la santé et de la maladie. Le docteur Tolérance, qui semblait plus sévère que son confrère au premier abord, considérait qu’il fallait tout mettre en oeuvre pour détruire la maladie. Il disait : « L’homme doit être en bonne santé. La maladie est mauvaise puisqu’elle l’affaiblit et peut le tuer. La maladie n’a aucun droit et doit être éradiquée. Bien sûr on est parfois obligé de faire un peu mal pour soigner, mais c’est pour éviter un mal plus important encore.»
Le docteur Liberté, lui, était plus ouvert. Il voyait la liberté partout. La santé est libre mais la maladie aussi est libre. «Oui, disait-il, les maladies ont des droits. Il faut les respecter.» Et alors, au malade qui se plaignait d’avoir une grippe, il préconisait gentiment d’attendre que ça passe. Celui qui avait des boutons sur la peau devait les garder pour les respecter!
Vous comprenez pourquoi, très vite, les malades abandonnèrent Marcel et sa liberté pour aller plutôt vers Paul, même s’il était moins accueillant.
Paul, dans cette histoire, illustre la conduite de l’Eglise Catholique depuis toujours. Elle aussi nous enseigne que l’erreur (cette maladie de l’intelligence) n’a aucun droit. Elle doit donc être combattue partout et toujours. Parfois, il est vrai, Elle n’a pas combattu telle ou telle petite erreur pour en éviter une plus grande, mais même dans ce cas, Elle ne considérait pas cela comme un droit : c’était un moindre mal. Ce principe s’appelle la tolérance.
Si on l’applique aux religions dans le monde, on comprend tout de suite que puisque la vérité seule a des droits et pas l’erreur, la seule vraie religion a des droits et pas les autres. On doit donc faire tout ce qui est juste pour faire disparaitre ces erreurs que sont les fausses religions et pour favoriser le plus possible l’Eglise catholique, seule voulue pas Jésus-Christ son fondateur. C’est ainsi que les Etats doivent officiellement prôner la religion catholique et interdire les fausses religions. Certes, dans certains cas, l’Etat peut admettre à contrecoeur et pour un temps d’autres religions, pour éviter la guerre civile par exemple. Mais c’est là un moindre mal et s’il n’interdit pas cette fausse religion, il lui impose de strictes limites et ne lui reconnait aucun droit : ça n’est qu’une tolérance.
Vous pensez que Marcel est idiot avec sa « Liberté pour tous ». Vous avez raison. Malheureusement, c’est pourtant cette idée destructrice qui gouverne aujourd’hui les sociétés, y compris bien des hommes d’Eglise depuis le concile Vatican II. En mélangeant les libertés, on veut donner à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, aux fausses religions les mêmes privilèges qu’à l’Eglise. Comme Marcel qui voulait laisser la santé sans son intervention lutter contre la maladie, on voudrait laisser l’Eglise, seule source de Salut, sur le même plan que les fausses religions qui détournent les âmes du Bon Dieu pour les précipiter en enfer.
Cette idée révolutionnaire est exprimée dans la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II : « Tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres ». Elle est en opposition frontale avec l’enseignement des papes sur la question. Citons Pie IX qui condamne celui qui affirme que : « le meilleur gouvernement est celui où l’on ne reconnaît pas au pouvoir l’office de réprimer par la sanction des peines les violateurs de la religion catholique, si ce n’est lorsque la tranquillité publique le demande » dans son encyclique Quanta Cura. Et cette question n’est pas anodine. Dans de nombreux Etats Catholiques, elle a entrainé la suppression des privilèges accordés à la foi catholique contre les erreurs. Et maintenant on s’étonne de la perte de la foi, du vide des églises!
Benoit XVI a proclamé une année de la foi. Après « 40 ans de Concile », le bilan catastrophique dans l’Eglise devrait faire réfléchir. Pour que les hommes retrouvent la vraie foi, il faudrait peut-être commencer par la séparer des erreurs et lui reconnaitre ses droits. Il faudrait redonner à Notre-Seigneur sa place dans la société : la place du Christ-Roi. C’est ce que nous nous efforçons de faire en rappelant la doctrine traditionnelle de l’Eglise dans ce bulletin. Puisse-t-il vous éclairer et vous donner le courage et l’espérance pour faire grandir le règne de Notre-Seigneur autour de vous.
Père Chrissement