SOURCE - Radio Vatican - 4 mars 2013
Le dialogue avec les lefebvristes aura été l’un des dossiers les plus emblématiques du pontificat de Benoît XVI. « Son principal souci, c’est qu’il est le pasteur du troupeau, affirme Nicolas Senèze, responsable-adjoint du service religieux du quotidien La Croix, et qu’il doit guérir les blessures de l’unité de ce troupeau », au risque de susciter l’incompréhension et la critique.
Le dialogue avec les lefebvristes aura été l’un des dossiers les plus emblématiques du pontificat de Benoît XVI. « Son principal souci, c’est qu’il est le pasteur du troupeau, affirme Nicolas Senèze, responsable-adjoint du service religieux du quotidien La Croix, et qu’il doit guérir les blessures de l’unité de ce troupeau », au risque de susciter l’incompréhension et la critique.
En 1988, Benoît XVI, alors
Cardinal-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, avait
tenté d’empêcher le schisme, né des divergences d’interprétation du
Concile Vatican II, en menant les négociations avec Mgr Lefebvre. «
Devenu pape, il a donc eu ce souci de résoudre ce schisme et de guérir
cette blessure », analyse Sènèze.
Un véritable fossé doctrinal
«
Personne ne pourra lui reprocher d’avoir tout fait justement, pour
ramener les lefebvristes dans la pleine communion du troupeau de
l’Eglise ». Benoît XVI aura ainsi satisfait aux trois demandes formulées
par les lefebvristes : la libéralisation du Missel de St Pie V, le
levée des excommunications, et l’ouverture de discussions doctrinales
sur le Concile Vatican II ; discussions qui se sont tenues pendant deux
ans, sous l’égide de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Et qui
auront permis à Benoît XVI de prendre pleine mesure du fossé doctrinal
qui pouvait séparer les lefebvristes de l’Eglise catholique.Car les
divergences, en réalité, ne portent pas tant sur l’interprétation du
Concile, que sur son existence même et sa légitimité. « Vous avez, d’un
côté, des gens qui veulent que l’Eglise catholique annule Vatican II, et
(de l’autre côté) Rome et un pape qui ont bien conscience que ce
concile fait partie de la tradition de l’Eglise », analyse Sénèze. Mais
le discours de Benoît XVI à la curie, en 2005, ne laissait place à
aucune équivoque : il n’était pas question de revenir sur le concile.
Nouveau pape, nouvelles perspectives
Benoît
XVI aurait-il finalement échoué sur le dossier lefebvristes ? « Non »,
selon Nicolas Sénèze, pour qui le pape aura plutôt contribué à clarifier
les choses, en vue de laisser un dossier « gérable » à son successeur.
Le chantier reste donc ouvert, mais le dialogue sera totalement
différent, pour la simple et bonne raison que Benoît XVI est le dernier
pape à avoir vécu et participé activement au concile. Les cardinaux
électeurs n’étaient, pour les plus âgés d’entre eux, que jeunes prêtres à
cette époque ! « On aura donc un pape qui n’aura pas été un acteur du
Concile, et pour qui le Concile sera un élément intangible du passé de
l’Eglise », observe Sénèze. Cette vision nouvelle influera de manière
certaine et radicale sur les négociations. « Je pense que les
lefebvristes ont laissé passer la porte », constate encore Sénèze. Et
certaines voix au sein même de la curie romaine ne se privent pas de le
laisser entendre clairement : « il faudra maintenant que les
lefebvristes nous disent s’ils sont catholiques… ou pas ».