SOURCE - Guy Rouvrais - Présent - 20 octobre 2017
Le pape peut-il, par un simple discours, amputer un article du catéchisme de l’Eglise catholique ? En l’occurrence celui portant sur la peine de mort ? C’est pourtant l’intention de François qui, le 11 octobre, devant le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, a déclaré : « Aussi grave soit le crime commis, la peine de mort est inadmissible parce qu’elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne. » Il a ajouté que : « Le catéchisme devait désormais donner à cette question un espace plus adapté et cohérent. » Il a jugé que « cette problématique ne peut être réduite à un simple rappel d’un enseignement historique sans faire émerger non seulement les progrès de la doctrine dans l’œuvre des derniers papes mais aussi la prise de conscience du peuple chrétien ».
Le pape peut-il, par un simple discours, amputer un article du catéchisme de l’Eglise catholique ? En l’occurrence celui portant sur la peine de mort ? C’est pourtant l’intention de François qui, le 11 octobre, devant le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, a déclaré : « Aussi grave soit le crime commis, la peine de mort est inadmissible parce qu’elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne. » Il a ajouté que : « Le catéchisme devait désormais donner à cette question un espace plus adapté et cohérent. » Il a jugé que « cette problématique ne peut être réduite à un simple rappel d’un enseignement historique sans faire émerger non seulement les progrès de la doctrine dans l’œuvre des derniers papes mais aussi la prise de conscience du peuple chrétien ».
Ses prédécesseurs, Jean-Paul II (qui est à l’origine du Catéchisme de 1992) et Benoît XVI n’étaient pas, personnellement, favorables à la peine de mort, mais ils n’ont pas voulu l’ôter du catéchisme, seulement en réduire le champ. Dans sa version de 1998, le catéchisme légitime toujours le recours à la peine de mort « si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains » (§2 267) en précisant cependant que ces cas sont « désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants ». Peut-être que la flambée de terrorisme pourrait inciter désormais à considérer que ces cas, au contraire, sont de plus en plus fréquents…
L’important est que le principe soit maintenu. Et s’il l’est, c’est qu’il est inscrit dans la loi naturelle et la tradition dont le pape n’est que le gardien, il ne peut donc en disposer à sa guise. Quant au « progrès de la doctrine », appelé encore « développement du dogme », celui-là s’accomplit en continuité avec le donné révélé ou la loi naturelle et non en rupture. Rappelons que Jésus n’a pas protesté parce que le bon larron avait été condamné à mort et, dans l’Evangile, il lance cet avertissement qui ne résonne point comme un refus de la peine capitale : « Mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer.»