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Au Vatican, une entrée en vigueur dans la plus grande discrétion |
13 septembre 2007 - la-croix.com |
Au Vatican, une entrée en vigueur dans la plus grande discrétion En Italie, le motu proprio suscite beaucoup de réticences parmi les évêques
A Rome, l’entrée en vigueur du motu proprio libéralisant le recours au Missel tridentin a lieu dans la plus grande discrétion. « Rien n’a été prévu ce jour-là », confirme-t on à la commission Ecclesia Dei, chargée de l’application de ce texte. Pas de célébration particulière en rite tridentin, donc.
Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission et l’un des artisans de Summorum pontificum, devait célébrer vendredi 14 septembre au soir une messe pontificale dans cette « forme extraordinaire », suivie d’un Te Deum. Mais il le fera à Lorette, à 283 km du Vatican, loin de Rome et « à l’invitation de l’association liturgique italienne Una Voce », est-il précisé. Comme le note un membre de la Curie, « c’est comme s’il était allé se réfugier là-bas ».
Tout est donc fait pour ne pas rallumer les polémiques déclenchées à l’automne 2006 par la question du rite d’avant Vatican II. Mercredi, Mgr Rino Fisichella, évêque auxiliaire de Rome, a assuré dans le quotidien conservateur Il Tempo que la réhabilitation de l’ancien missel « ne ferait pas retourner l’Église en arrière ».
Un nouveau statut pour Ecclesia Dei
En revanche, il est certain que la commission Ecclesia Dei devrait progressivement monter en puissance, et, dans un avenir proche, se voir attribuer un nouveau statut au sein de la Curie romaine. Avec ce motu proprio libéralisant l’usage du Missel tridentin, c’est en effet à elle que revient, comme à une sorte d’institution d’appel, de traiter les demandes de liturgie en rite préconciliaire qui auront été refusées par les évêques après avis demandé par des curés. De plus, on espère – c’est même l’un des objectifs poursuivis – que des membres de communautés intégristes souhaiteront rentrer dans le giron de l’Église catholique, et c’est la commission qui examinera ces cas.
De commission pontificale, Ecclesia Dei pourrait alors devenir un conseil pontifical, ce qui lui permettrait d’avoir à la fois une autorité plus importante et davantage de moyens. L’équipe s’est déjà étoffée il y a deux mois avec la nomination d’un secrétaire général adjoint. Si, à Rome, les partisans de Summorum pontificum font preuve d’une grande discrétion, en revanche, en Italie, les opposants s’expriment ouvertement. Plus que leurs homologues français, des évêques italiens ont déjà fait connaître leurs réserves. Il est vrai que, dans la péninsule, les communautés intégristes sont beaucoup moins nombreuses que de l’autre côté des Alpes, et que l’enjeu n’est pas le même. À Pise, Alba ou Côme, les évêques ne cachent pas leur réticence, demandant à leurs prêtres de leur faire remonter directement les demandes de liturgies selon le Missel tridentin.
L’opposition la plus spectaculaire est venue de Milan, diocèse parmi les plus importants du monde et qui pèse donc lourd dans l’Église italienne, et dans l’Église tout court. Déjà, son ancien archevêque, le cardinal Carlo Maria Martini, avait en juillet déclaré qu’il ne célébrerait pas dans l’ancien rite, faisant l’éloge d’une liturgie en langue vernaculaire. Opinion que semble partager son successeur, le cardinal Dionigi Tettamanzi : un communiqué du diocèse a fait savoir que le motu proprio ne s’appliquerait pas aux paroisses de rite ambrosien, car il ne concerne pas ce rite spécifique à Milan, utilisé dans la grande majorité des paroisses du diocèse.
Une interprétation « à la lettre » du motu proprio, qui en effet ne parle que du rite latin ; mais non de l’esprit de Summorum pontificum : en effet, mis à part quelques éléments particuliers (signe de paix, envoi en fin de messe), le rite ambrosien a lui aussi été profondément réformé après 1962, et selon les mêmes principes que le rite romain.
Isabelle DE GAULMYN, à Rome |
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