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Geste personnel ou geste d’Église : où aller à la messe ? |
10 septembre 2007 - par Ennemond - leforumcatholique.org |
Geste personnel ou geste d’Église : où aller à la messe ? Voilà qui ferait sans doute bien des jaloux…
J’ai une messe célébrée selon le Missel de 1962, à 5 mn à pied de chez moi et je ne m’y rends pas.
En revanche, je prends chaque dimanche ma voiture et je fais une demi-heure de circulation routière pour gagner un autre lieu de messe. Au-delà de l’estime que je voue à mon fournisseur de carburant, j’essaye de répondre à une démarche ecclésiale.
Un certain nombre de catholiques qui savent que je suis fidèle de la Fraternité Saint-Pie-X diraient que j’entame la rupture en refusant toute solution intermédiaire et conciliante de la part de l’Église diocésaine et que je suis douillettement reclus dans ma « communauté ». Pourtant, au regard de ces kilomètres parcourus, je ne suis pas certain d’opter pour la facilité.
Récemment, sur le FC, l’un des intervenants nous a invité à définir nos propres positions pour une meilleure compréhension. Au risque de parler de moi, je me lance dans cette explication pratique.
Sans doute me serait-il bien commode de régler mon réveil à une heure plus tardive, peut-être me serait-il agréable de me rendre à une messe à pied dans un quartier, somme toute, calme et serein ; évidemment, je ne rechignerais pas à faire quelque économie kilométrique.
En allant à la messe qui ouvre ses portes si près des miennes, je puis certifier que je ne nourrirais aucun scrupule liturgique. Il s’agit bien là de la messe valide, de ce trésor inestimable perpétué à travers les siècles jusqu’à nous, et jusqu’à proximité de mon domicile.
Et j’aurais peut-être même l’occasion d’y rencontrer des voisins, de développer une vie de quartier.
Pourtant, ce sanctuaire a été promu à la demande de l’évêque du lieu. Je reconnais parfaitement la validité de sa charge et de son épiscopat. Je sais cependant qu’il autorise cette messe à contre-cœur. En allant à cette messe, il est vrai que je pourrais lui donner la preuve que les fidèles de son diocèse ne désertent pas. En même temps, je suis conscient que j’ai peut-être mieux à faire. Si les messes traditionnelles n’étaient célébrées que dans ces églises, il me semble que l’épiscopat serait moins complaisant.
Je me rends, plus loin, dans un sanctuaire de la FSSPX, non par refus foncièrement négatif de cette première messe, mais par attachement réellement positif de celle qui sera célébrée dans ce second endroit. J’ai la conviction d’y soutenir des prêtres et des évêques qui sont catholiques dans leur vie spirituelle comme dans leur doctrine, qui ont été logiques et francs tout au long de leur formation et de leur vie sacerdotales. Je suis certain que cette doctrine qu’ils prêchent est celle qui a été transmise par les siècles de Chrétienté et non entachée par les épreuves des réformes récentes.
En soutenant ce lieu de messe, je soutiens par là même ces évêques dont le sacre a permis de faire perdurer la Tradition par la continuité de la FSSPX d’une part et par les premières concessions romaines d’autre part. J’ai l’assurance d’aider, à ma modeste mesure, à la restauration de la doctrine catholique qui n’est favorisée que par les relations entre Rome et la FSSPX, seule société qui s’exprime ouvertement et solennellement sur ces sujets.
En accomplissant ce choix, je veux soutenir un évêque qui parle, qui perpétue, toute sa vie durant, la liturgie catholique de toujours, qui défend la doctrine catholique, et ceci par attachement pour l’Église et par attachement au Saint Père. Je serais un peu scrupuleux de n’aider qu’un évêque qui se tait, qui ne célèbre jamais la sainte messe de toujours et qui poursuit résolument la route de la réforme, voire de la réforme selon ses propres canons.
Par là, je ne cherche pas à porter de jugement sur ceux qui n’ont aucun choix à faire. J’essaye simplement de démontrer que la démarche de fidèles attachées à la FSSPX est davantage une attitude d’adhésion à une restauration doctrinale qu’une attitude de rejet systématique.
Il m’apparaît que, dans le contexte actuel, l’engagement paroissial signifie plus de choses que la simple assistance pratique à une messe : Il influe sur le sens que nous souhaitons donner à l’Église. Il me serait, je pense, reproché à l’heure de la mort de m’être servi de la messe sans avoir servi, à mon niveau, la doctrine de l’Église que mon devoir me demandait instamment de défendre. |
L’annonce du Motu Proprio puis sa promulgation, bientôt son application semblent manifester un nouvel état d’esprit à Rome. La Tradition catholique, même si les problèmes de fond demeurent, ne constitue plus le vilain petit canard de l’Église. Dieu soit loué !
Parallèlement, un sentiment de chasse aux communautés qui avaient eu le mérite de maintenir le flambeau de la Tradition aux heures sombres du combat semble de plus en plus confirmé. Les évêques, recevant le Motu Proprio ont, semble-t-il, décidé de contrôler à tout prix les mouvements dits traditionnalistes pour mieux gérer ce phénomène, du moins en France.
Bien sûr, nous, fidèles de la FSSPX, avons pris le parti – qui nous était un parti commun dans les années 70 et 80 – de nous affranchir des autorités diocésaines pour les exigences de la Foi. Comment auraient survécu spirituellement certains d’entre nous dans des régions où les évêques avaient de toute façon décidé d’éradiquer toute semence de Tradition ?
Mais les communautés Ecclesia Dei, d’abord promues à la fin des années 80, sont peu à peu négligées, voire reléguées alors qu’elles sont riches en vocation.
Quelques exemples – certains sont bien connus sur ce forum – manifestent ce nouvel état d’esprit depuis un an.
- L’écartement de la FSSP à Saint-Georges à Lyon, reléguée à Francheville, à l’extérieur du centre ville.
- La crise qui a secoué Notre-Dame-des-Armées à Versailles, l’un des bastions de la FSSP.
- La crise qui a suivi le refus de voir la FSSP s’installer à Niafles (Mayenne).
- Le refus de l’archevêque de Paris de donner un sanctuaire à l’abbé de Tanoüarn.
- Les récents refus des évêques de Marseille et d’Avignon à propos de simples messes célébrées sur leur territoire.
- Le refus officiel du cardinal primat de Colombie de recevoir l’IBP sur son diocèse.
Cette accumulation de faits ne semble pas relever du détail. Elle manifeste une volonté des évêques de reprendre en main les fidèles attachés à l’ancienne liturgie tout en s’affranchissant des communautés dépendant directement de Rome. Tout ceci me paraît en contradiction totale avec ce que préconise le Saint-Père qui fait des curés les responsables du choix du rite et qui, surtout, souhaite promouvoir les paroisses personnelles (article 10).
Le Motu Proprio doit manifester un retour à la Tradition, non pas une destruction du réseau établi contre vents et marées jusqu’ici. Aller trouver des prêtres est un geste louable. Il faut en effet les aider, les soutenir, les initier à la liturgie. Parallèlement, éparpiller les énergies dans un triomphalisme exagéré provoquant le délitement des communautés créées serait aller à l’encontre des intentions du Saint-Père. Le « confort » douillet des communautés qui est parfois épinglé sur ce forum ne doit pas masquer certaines réalités. Il s’agit pour les fidèles attachés à l’ancienne liturgie de savoir maintenir un certain équilibre.
Il faut savoir se réjouir et savoir être lucide. Le Saint Père est compréhensif vis-à-vis de la « Tradition » mais la paix de l’Église n’est pas encore revenue.
Prions mais sachons également résister ! |
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