L’annonce du Motu Proprio puis sa promulgation, bientôt son application semblent manifester un nouvel état d’esprit à Rome. La Tradition catholique, même si les problèmes de fond demeurent, ne constitue plus le vilain petit canard de l’Église. Dieu soit loué !
Parallèlement, un sentiment de chasse aux communautés qui avaient eu le mérite de maintenir le flambeau de la Tradition aux heures sombres du combat semble de plus en plus confirmé. Les évêques, recevant le Motu Proprio ont, semble-t-il, décidé de contrôler à tout prix les mouvements dits traditionnalistes pour mieux gérer ce phénomène, du moins en France.
Bien sûr, nous, fidèles de la FSSPX, avons pris le parti – qui nous était un parti commun dans les années 70 et 80 – de nous affranchir des autorités diocésaines pour les exigences de la Foi. Comment auraient survécu spirituellement certains d’entre nous dans des régions où les évêques avaient de toute façon décidé d’éradiquer toute semence de Tradition ?
Mais les communautés Ecclesia Dei, d’abord promues à la fin des années 80, sont peu à peu négligées, voire reléguées alors qu’elles sont riches en vocation.
Quelques exemples – certains sont bien connus sur ce forum – manifestent ce nouvel état d’esprit depuis un an.
- L’écartement de la FSSP à Saint-Georges à Lyon, reléguée à Francheville, à l’extérieur du centre ville.
- La crise qui a secoué Notre-Dame-des-Armées à Versailles, l’un des bastions de la FSSP.
- La crise qui a suivi le refus de voir la FSSP s’installer à Niafles (Mayenne).
- Le refus de l’archevêque de Paris de donner un sanctuaire à l’abbé de Tanoüarn.
- Les récents refus des évêques de Marseille et d’Avignon à propos de simples messes célébrées sur leur territoire.
- Le refus officiel du cardinal primat de Colombie de recevoir l’IBP sur son diocèse.
Cette accumulation de faits ne semble pas relever du détail. Elle manifeste une volonté des évêques de reprendre en main les fidèles attachés à l’ancienne liturgie tout en s’affranchissant des communautés dépendant directement de Rome. Tout ceci me paraît en contradiction totale avec ce que préconise le Saint-Père qui fait des curés les responsables du choix du rite et qui, surtout, souhaite promouvoir les paroisses personnelles (article 10).
Le Motu Proprio doit manifester un retour à la Tradition, non pas une destruction du réseau établi contre vents et marées jusqu’ici. Aller trouver des prêtres est un geste louable. Il faut en effet les aider, les soutenir, les initier à la liturgie. Parallèlement, éparpiller les énergies dans un triomphalisme exagéré provoquant le délitement des communautés créées serait aller à l’encontre des intentions du Saint-Père. Le « confort » douillet des communautés qui est parfois épinglé sur ce forum ne doit pas masquer certaines réalités. Il s’agit pour les fidèles attachés à l’ancienne liturgie de savoir maintenir un certain équilibre.
Il faut savoir se réjouir et savoir être lucide. Le Saint Père est compréhensif vis-à-vis de la « Tradition » mais la paix de l’Église n’est pas encore revenue.
Prions mais sachons également résister ! |