14 septembre 2007





« Les évêques de France veulent avant tout écouter les gens ». - Entretien avec Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse
14/09/2007 - Nicolas Seneze - la-croix.com
Entretien. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse. - « Les évêques de France veulent avant tout écouter les gens ». Pour le président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, le plus important est de dépassionner le débat.

Sentez-vous les évêques de France inquiets au moment de l'entrée en vigueur du motu proprio ?
Mgr Robert Le Gall : Notre volonté est avant tout de décrisper et de dépassionner le débat. Tel est bien l'esprit du texte de Benoît XVI. Ce n'est pas un retour en arrière, car le latin demeure la référence : il suffit de voir ce qui se passe à Saint-Pierre de Rome ou, encore récemment, les liturgies catholiques au rassemblement œcuménique de Sibiu, qui étaient en latin. Et la forme ordinaire du rite romain demeure la forme la plus courante. Il faut absolument se garder de passionner les choses.
Les demandes de messes selon le rite de Jean XXIII ont-elles été nombreuses ?
Pour l'instant, pas tellement. Mais les vacances ont fait en sorte qu'il n'y ait pas trop de vagues. Avec la rentrée, je crois qu'il y aura quand même un certain nombre de demandes. Ce que nous commençons à nous dire entre évêques, c'est qu'il faudra trouver des prêtres pour s'acquitter de cette tâche et il n'est pas évident qu'il y en ait assez.
Pourquoi ne pas faire appel aux instituts religieux traditionalistes ?
Il faut que l'évêque puisse rester modérateur dans son diocèse. Et ce n'est pas facile, quand on laisse le champ libre à des prêtres qui font cavalier seul. Nous nous efforcerons de donner leur place à ces instituts : il ne s'agit pas de les rejeter. Mais il est important pour un évêque d'avoir un regard sur la manière dont les communautés célèbrent la liturgie dans son diocèse. Il ne faut pas qu'il y ait deux Églises parallèles. Les évêques de France veulent avant tout écouter les gens et faire ce qui doit être fait, mais dans les conditions du motu proprio.
C'est-à-dire ?
Ceux qui demanderont des célébrations dans la forme extraordinaire du rite romain (NDLR : le Missel d'avant Vatican II, dit de saint Pie V) devront reconnaître et la validité et la sainteté de sa forme ordinaire (NDLR : le Missel promulgué par Paul VI). Mais ce n'est rien d'autre que ce qui est exigible.
Le motu proprio demande aux curés d'accueillir les demandes venant de « groupes stables » de fidèles attachés au Missel dit de saint Pie V. Comment interprétez-vous cette expression ?
C'est le point délicat. Le curé est juge de cette « stabilité », même si les évêques vont donner des directives pour réguler cette question. Il ne s'agit pas, en tout cas, de groupes artificiels apparus comme cela, ou de groupes de fait qui constitueraient une opposition. Cela, ce n'est pas du tout ce que veut le pape : il a agi, au contraire, dans un esprit d'ouverture et d'enrichissement mutuel entre les deux formes.
Comment cet enrichissement peut-il se faire ?
Le pape nous donne deux directions. D'abord que nous soyons, dans les célébrations « ordinaires », capables de mettre en valeur le caractère sacré du silence. C'est déjà ce qui est demandé par la restauration liturgique entamée après le Concile. Il nous faut donc respecter le rite dans sa profondeur. Mais il faut aussi que la forme « extra ordinaire » du rite romain puisse profiter de la grande richesse du lectionnaire publié après Vatican II.
Cela veut-il dire qu'il faudra modifier l'ancien rite ?
Il peut paraître souhaitable que le Missel de Jean XXIII intègre, par exemple, les nouvelles préfaces. Il faut reconnaître qu'il est assez « pauvre » là-dessus et gagnerait à reprendre la grande richesse de ses préfaces, d'ailleurs souvent liées à des formulaires très anciens.
RECUEILLI PAR NICOLAS SENÈZE