SOURCE - Abbé Basilio Méramo - Résistance Catholique - 21 mai 2012
La réponse
inouïe de Mgr Fellay à la lettre de ses trois frères dans l’épiscopat dans laquelle ils lui font part de leur désaccord,
étonne par la sottise de l’accusation et trahit
chez l’auteur une myopie intellectuelle l’empêchant de voir au-delà de ses
illusions.
Mgr Fellay s’arroge
en effet, dans sa lettre, un pouvoir sur la vérité elle-même, puisque cet infaillible
gourou prétend s’imposer à tout prix, comme s’il était investi d’une
mission divine, et que dans sa naïve ignorance, il cultive l’ambition de
renverser la Révolution anticatholique téléguidée aujourd’hui depuis la Rome
adultère et apostate.
Mgr Fellay ose mettre
en avant son insignifiant critère, flatté par la Rome corrompue et emballé par la prébende d’une prélature personnelle ; celle-ci lui conférerait un statut canonique
et juridique au sein de la religion de la Grande Prostitué écarlate, dont la
vision surprit l’Apôtre saint Jean l’Évangéliste lorsqu’il la vit vêtue d’or et
de pourpre (attributs du pouvoir et du prestige royaux) et chevauchant la bête
de la mer, ou Antichrist politique.
Il fait montre d’un faible
bagage intellectuel et théologique et d’un faux mysticisme, comme le
démontre le fait de s’être laissé éblouir et duper il y a quelques années par
une prophétesse suisse en cherchant à réformer la spiritualité de la
Fraternité léguée par son fondateur Monseigneur Marcel Lefebvre. Cette complète
illuminée trouva un terrain favorable dans la sensibilité débile de Mgr Fellay,
mais elle ne pu prévaloir à l’époque, grâce à la
forte opposition des autres membres de la Fraternité ; cela met en tout
cas en lumière l’inclination aveugle et ingénue de l’évêque pour
le merveilleux et l’apparitionisme.
Il prétend
aujourd’hui être l’émissaire unique et privilégié pour résoudre la crise
actuelle, dont les dimensions eschatologiques et apocalyptiques le dépassent au
point même qu’il les méconnaît.
Mgr Fellay reproche
aux trois autres évêques deux graves erreurs, selon sa myopie de gourou
illuminé (allumé) se croyant revêtu d’un mandat et d’un pouvoir sur toute la
Tradition et conduisant celle-ci à la faillite formelle aussi bien que
publique.
À l’en croire, ces
deux erreurs seraient les suivantes : devant la grave crise actuelle de
l’Église, les trois évêques en question – Mgrs Tissier de Mallerais,
Williamson
et de Galarreta – pèchent à la fois par manque de vision surnaturelle et
de
réalisme ; ils manquent d’une vision surnaturelle, parce qu’ils ne
voient
pas dans l'Église officielle (actuelle) l’Église visible qui tient
Benoît XVI
pour Pape légitime et parce qu’ils ne se rendent pas compte que
Jésus-Christ
Lui-même peut parler par la bouche de Joseph Ratzinger, que la volonté
de
celui-ci est légitime et – en outre – bienveillante envers la Tradition,
et enfin que
Notre Seigneur Jésus-Christ donnera les moyens et les grâces
nécessaires. Selon lui toujours, Benoît XVI veut résoudre le problème ;
c’est là une préoccupation de son
pontificat, et il en manifeste la volonté juste et irrévocable.
Ils ont donc une
vision trop humaine, voire trop fataliste de l’Église. Ils ne voient pas
l’assistance de la grâce et de l’Esprit Saint ; ils ne perçoivent que les
dangers, les conspirations et les difficultés. Et comme si cela ne suffisait
pas, ils manquent en plus – selon Mgr Fellay – de réalisme : d’une part,
ils font des erreurs de Vatican II des super-hérésies, ce qui caricature la
réalité, les amène à un endurcissement absolu et débouche sur un véritable schisme ;
d’autre part, tout le monde à Rome n’est pas moderniste, tout le monde à Rome
n’est pas pourri.
Non seulement la
perspective de Mgr Fellay est naïve et irréaliste, mais elle est
hyper-surnaturelle, comme le serait celle d’un illuminé qui ne connaîtrait pas
le principe théologique, surnaturel et réaliste dont il parle : la grâce
(le surnaturel) suppose la nature, car elle agit sur la nature humaine et la
nature angélique (intelligentes et libres). Elle n’agit ni ne peut agir sur une
pierre ou un animal sans raison et sans volonté.
Monseigneur Lefebvre
a été le premier à signaler clairement et catégoriquement que l’Église
officielle (post-conciliaire) ne s’identifie pas forcément à l’Église visible
de Dieu. Il a écrit ainsi :
« Où est l’Église visible ? L’Église visible se reconnaît aux signes qu’elle a toujours donnés pour sa visibilité : elle est une, sainte, catholique et apostolique. Je vous demande : où sont les véritables marques de l’Église ? Sont-elles davantage dans l’Église officielle (il ne s’agit pas de l’Église visible, il s’agit de l’Église officielle) ou chez nous, en ce que nous représentons, ce que nous sommes ? Il est clair que c’est nous qui gardons l’unité de la foi, qui a disparu de l’Église officielle ». Et il souligne ce qui suit : « Bien sûr, on pourra nous objecter : “Faut-il obligatoirement sortir de l'Église visible […] ?”. Ce n’est pas nous, mais les modernistes qui sortent de l’Église. Quant à dire “sortir de l’Église visible”, c’est se tromper en assimilant Église officielle et Église visible. » (Fideliter nº 66 novembre-décembre 1988).
Voilà ce que Mgr
Fellay, l’abbé Schmidberger et leurs partisans inconditionnels ne veulent ni
voir, ni entendre, murés qu’ils sont dans la cécité et la surdité de leur
erreur.
Mgr Fellay cède à
l’illusion la plus complète, comme le prouvent les propos tenus par Monseigneur
Lefebvre lui-même lors d’une interview accordée à Fideliterun an après les consécrations :
« Fideliter – Certains disent : “oui, mais Monseigneur aurait dû accepter un accord avec Rome, car une fois que la Fraternité aurait été reconnue et que les sanctions auraient été levées, elle aurait pu agir de façon plus efficace à l’intérieur de l’Église, alors qu’aujourd’hui, elle se trouve en dehors.”
« Monseigneur – Ce sont des choses faciles à dire. Se mettre à l’intérieur de l’Église, qu’est-ce que cela veut dire ? Et d’abord de quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’église Conciliaire, il faudrait que nous, qui avons lutté contre elle pendant vingt ans parce que nous voulons l’Église catholique, nous rentrions dans cette église Conciliaire pour soi-disant la rendre catholique ? C’est une illusion totale ! » (Fideliter n° 70, juillet-août 1989).
Ces paroles de
Monseigneur Lefebvre montrent bien que Mgr Fellay et sa camarilla ne sont que
des utopistes. De leur part, en effet, persister dans cette entreprise relevant
d’une illusion totale est un signe de débilité mentale ou dénote une attitude
de gourou mystifié et enorgueilli par ce
qu’il croit être sa mission divine, de « Superman »
de l’Église et de la Tradition s’apprêtant à renverser la Révolution
anticatholique. Seul un rêveur illuminé ou allumé peut
nourrir une telle prétention, tout en accusant gravement ceux qui s’opposent à
lui de manquer d’esprit surnaturel et de réalisme. A-t-on jamais vu pareille
illusion et pareil orgueil ? Qu’est-ce qui anime Mgr Fellay sinon une
forme de paranoïa religieuse?
Mgr Fellay appuie son
esprit surnaturel sur l’idée fervente et dogmatique selon laquelle Benoît XVI
est sûrement et absolument Pape, que sa volonté est donc légitime et que Dieu
peut parler par sa bouche. Or, c’est là une erreur théologique consistant à
prendre comme matière ou sujet de foi une chose qui ne l’est pas ; on est
ici en présence du dogmatisme théologique de l’ignare, qui érige en dogme de
foi (ou considère comme tel) ce qui ne l’est pas en réalité. N’oublions pas
qu’à ce compte-là, Dieu peut aussi s’exprimer par la bouche de la mule la
Balaam ou faire que les pierres parlent.
Saint Thomas
d’Aquin fournit à ce sujet un exemple très significatif lorsqu’il parle de la
foi comme d’une certitude divine inhérente et qu’il met en lumière le cas d’une
hostie que les fidèles adoreraient alors qu’elle n’a pas été consacrée, comme
cela pourrait se produire avec telle ou telle hostie. Réponse : ce qui est
de foi, c’est que toute hostie validement consacrée contient réellement et
substantiellement le corps, le sang, l’âme et la divinité du Christ, mais il
n’est pas de foi que telle hostie en particulier (hic et nunc)
contienne la présence divine, car il peut s’être produit une volontaire ou non
qui ait empêché la consécration, sans qu’il y ait eu volonté d’exposer à
l’erreur la foi des fidèles et de l’Église.
Il en irait de même
avec le Pape : tout pontife légitime est réellement et véritablement Pape,
mais il n’est pas de foi que tel pontife en particulier – par exemple, Benoît
XVI – soit bel et bien Pape, car c’est justement sa légitimité qui est en
balance ; étant donné, en effet, ses actes qui contredisent chacun la foi de l’Église, il est possible
qu’il ne soit pas réellement et véritablement Pape, sans qu’il y ait pour
autant errance des fidèles et de l’Église dans la foi. Rappelons-nous le cas de
saint Vincent Ferrier, qui tenait pour Pape véritable et légitime l’antipape
Benoît XII (Pedro de Luna ou Pierre de Lune) et qui
se trompait donc, mais sans pécher contre la foi, en considérant comme faux
Pape celui qui l’était vraiment.
Monseigneur Fellay
est tombé dans la dialectique fausse et fondée sur un a priori qui
consiste à croire de foi que tel pontife – comme Jean-Paul II ou
Benoît XVI – est le Pape véritable et légitime. Quiconque n’est pas
d’accord avec ce qui précède ou le met en doute pèche contre la foi et commet
une grave erreur en ne sachant pas distinguer au juste ce qui est le sujet ou
la matière de la foi.
S’il en était ainsi,
jamais Monseigneur Lefebvre (ni tous les théologiens, à l’exception du
Néerlandais Pighi) n’aurait considéré la possibilité du Sede Vacante. Donc, il est évident que cette position ne peut
pas être considérée comme schismatique, hérétique ou apostate. La même
discussion qui a lieu sur le terrain théologique au sujet des divergences
doctrinales confirme bien que cette théorie est parfaitement envisageable, mais la Rome moderniste et apostate a très
habilement et subtilement créé une dialectique machiavélique sur ce thème afin
que nul ne puisse mettre en doute la légitimité des Papes conciliaires,
moyennant quoi, quiconque se hasarde à le faire est disqualifié comme méprisable
paria, la question devenant alors un tabou théologique qui permet à Rome de
continuer – sans entrave – à pontifier dans l’erreur et à violer la foi
virginalement immaculée.
Lors de sa conférence
à Écône du 15 avril 1986, Monseigneur Lefebvre est revenu sur ce qu’il avait
dit dans son sermon de Pâques en soulignant ceci :
« Le Pape est-il toujours Pape quand il est hérétique ? Franchement, je n’en sais rien ! Mais vous-mêmes pouvez vous poser la question. Je pense que chez tout homme sensé, la question doit se poser. Je ne sais pas. Maintenant, est-il urgent de parler de cela ?… On peut ne pas en parler, manifestement… Nous pouvons en parler entre nous, en privé, dans nos institutions, dans nos conversations privées entre séminaristes, entre prêtres… »
« Est-il nécessaire d’en parler aux fidèles ? Beaucoup disent : “non, n’en parlez pas aux fidèles, ils vont se scandaliser. Cela va être terrible, cela va aller loin…”. Bien. J’ai dit aux prêtres, à Paris, quand je les ai réunis, et ensuite à vous-mêmes (je vous en avais déjà parlé), je leur ai dit : “Je pense que, très doucement, il est nécessaire, malgré tout, d’éclairer un peu les fidèles. Je ne dis pas qu’il faille le faire brutalement et lancer cela au visage des fidèles pour leur faire peur… non, mais je pense que malgré tout, c’est précisément une question de foi. Il est nécessaire que les fidèles ne perdent pas la foi.” »
Or, cela fut interdit et réprimé de bien des manières au
sein de la Fraternité : d’abord par l’abbé Schmidberger quand il était Supérieur
général, maintenant par Mgr Fellay, et c’est ainsi que les fidèles sont
maintenus dans l’ignorance. Évoquer cette théorie était et reste pire que
contracter la lèpre ou le sida : il y a là un tabou qu’on ne peut violer qu’en se discréditant. Car rien ne saurait faire trembler davantage la Rome
apostate que de voir mise en doute publiquement sa légitimité ou attaquée son
autorité qu’elle met au service de la contre-Église, de la Synagogue de Satan,
accomplissant ainsi la prophétie de La Salette : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de
l’Antéchrist » (Pseudo-prophète).
Mgr
Fellay est à ce point irréaliste que c’est lui qui taxe les trois autres
évêques d’irréalisme parce qu’ils perçoivent dans les erreurs du concile
Vatican II des super-hérésies, comme si les hérésies ne suffisaient pas en
dépit de leur caractère déjà désastreux. Bien sûr, comment ne dirait-il pas cela, lui qui a
affirmé qu’il acceptait 95% de Vatican II et qu’il accourrait à Rome (la moderniste)
si on le convoquait?
Tout
cela ne manque pas de surprendre, mais comme lui-même le reconnaît, ne recevant
aucun soutien des trois autres évêques, il les a mis à l’écart. Du même coup,
il a poursuivi son dessein, si bien que l’affaire est désormais sur la place
publique, alors qu’il voulait continuer à la maintenir sous le boisseau. Qui
plus est, il a publié un communiqué dans lequel il affirme que ses frères dans
l’épiscopat ont gravement péché ; or, en fait de péché grave et mortel,
c’est plutôt lui qui s’en est rendu coupable et qui s’y maintient en semant la
division et la destruction dans l’œuvre de Monseigneur Lefebvre, mais son
inconscience de gourou allumé lui met des œillères. Il se retranche derrière
son autorité de Supérieur général qu’il brandit en cherchant à faire croire et
voir qu’il est seul apte à décider des destinées de la Fraternité, comme s’il
pouvait tout faire et défaire à sa guise. Sa conception de l’autorité n’est
ni catholique, ni thomiste ; elle est païenne et volontariste. Il se
croit capable d’exercer le pouvoir au mépris du bien et de la vérité. Or,
toute autorité se pervertit et se dénature (se délégitime) si elle s’exerce
contre la justice et la vérité pour le service desquelles elle fut instituée.
C’est
Mgr Fellay qui crée de toutes pièces une vile et inadmissible dialectique entre
la vérité et l’autorité, entre la foi et l’autorité, alors que le mieux qu’il lui
resterait à faire serait de démissionner pour s’être montré abusif et inepte, incapable de gouverner ses subordonnées
dans le sens de la mission que Monseigneur Lefebvre avait assignée à la
Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, conçue par lui comme un
bastion de la Foi et de la Tradition catholiques, ainsi que du combat contre
les modernistes qui occupent Rome.
À
en croire ce que Mgr Fellay nous dit à présent, avec Benoît XVI, les
choses auraient changé, et l’on constaterait une évolution favorable à la foi
et à la tradition :
« En soi, la solution de la Prélature personnelle proposée n'est pas un piège. Cela ressort tout d'abord de ce que la situation présente en avril 2012 est bien différente de celle de 1988. Prétendre que rien n'a changé est une erreur historique. Les mêmes maux font souffrir l'Église, les conséquences sont encore plus graves et manifestes qu'alors ; mais en même temps on peut constater un changement d'attitude dans l'Église, aidé par les gestes et actes de Benoît XVI envers la Tradition. Ce mouvement nouveau, né il y a au moins une dizaine d'années, va se renforçant. » (Réponse de Mgr Fellay aux trois Évêques du 14 avril 2012).
C’est absurde et illogique. Cela émane d’un aveugle obstiné qui nous prend tous pour des imbéciles complaisants et ne se rend pas compte qu’il cède à l’erreur que Monseigneur Lefebvre a dénoncée en son temps dans une lettre à Jean Madiran : « Nous ne pouvons plus, sans manquer gravement à la vérité et à la charité, donner à entendre à ceux qui nous écoutent ou qui nous lisent que le pape est intouchable, qu’il est plein de désirs de revenir à la Tradition et que c'est son entourage qui est coupable… » (Lettre du 29 janvier 1986).
Monseigneur Fellay ne peut nier l’autorité théologique de ses trois frères dans l’épiscopat qui, en tant qu’évêques, sont les successeurs des Apôtres, c’est-à-dire les gardiens de la doctrine de la foi. Et il devrait tenir compte de cela qui a plus de poids que sa seule opinion.
Que Dieu l’éclaire de Sa divine grâce afin qu’il trouve en lui-même le courage et l’humilité nécessaires pour se rendre compte de ce qu’il s’apprête à faire en détruisant l’unique bastion de résistance que la Fraternité Saint-Pie X représente en tant qu’institution internationale, face à l’hérésie de la Rome apostate, de ces modernistes hérétiques que Monseigneur Lefebvre traitait d’antichrists en écrivant dans sa lettre du 29 août 1987 aux futurs évêques qu’il allait consacrer : « La Chaire de Pierre et les postes d'autorité de Rome sont occupés par des antichrists ».
Que Dieu l’éclaire de Sa divine grâce afin qu’il trouve en lui-même le courage et l’humilité nécessaires pour se rendre compte de ce qu’il s’apprête à faire en détruisant l’unique bastion de résistance que la Fraternité Saint-Pie X représente en tant qu’institution internationale, face à l’hérésie de la Rome apostate, de ces modernistes hérétiques que Monseigneur Lefebvre traitait d’antichrists en écrivant dans sa lettre du 29 août 1987 aux futurs évêques qu’il allait consacrer : « La Chaire de Pierre et les postes d'autorité de Rome sont occupés par des antichrists ».
Abbé Basilio Méramo
Bogotá, le 21 mai 2012
Bogotá, le 21 mai 2012