SOURCE - Abbé Alban Cras, fssp - Communicantes - décembre 2012
La dévotion à l’Enfant-Jésus remonte aux origines du christianisme. On a des récits plus ou moins légendaires sur l’Enfant-Jésus dans les évangiles apocryphes (cf. Evangile du Pseudo-Thomas, qui présente un Enfant-Jésus super-héros). Ensuite on voit l’Enfant-Jésus apparaître notamment à St Jérôme, ou encore à Ste Catherine d’Alexandrie. Au Moyen Age tout le monde connaît la familiarité de St Antoine de Padoue avec l’Enfant-Jésus. Mais c’est au XVIe siècle que la dévotion à l’enfance du Christ a pris un grand essor grâce à la réforme thérésienne ; et donc c’est principalement la spiritualité carmélitaine qui l’a favorisée. Dans tous ses voyages, Ste Thérèse d’Avila emportait une statue de l’Enfant-Jésus, et dans chaque nouveau carmel elle en plaçait une. Ainsi c’était l’Enfant-Jésus qui était considéré comme le véritable fondateur du nouveau monastère.
Vous connaissez peut-être la fameuse apparition de l’Enfant-Jésus à Ste Thérèse d’Avila, dont le nom de religion était Thérèse de Jésus. L’Enfant-Jésus apparaît à Thérèse dans l’escalier du monastère de l’Incarnation, et il lui dit : « Toi, tu es Thérèse de Jésus, et moi je suis Jésus de Thérèse».
Toutes les compagnes de Ste Thérèse ont partagé cette dévotion, et celles qui sont venues fonder les carmels réformés en France l’ont naturellement emportée avec elles. Et, justement, en France, la venue des Carmélites espagnoles est en grande partie l’oeuvre du Cardinal de Bérulle, l’un des principaux fondateurs de l’Ecole française de spiritualité, qui insiste tant sur l’Incarnation. Les choix théologiques de Bérulle le préparent donc à encourager le développement en France de la dévotion à l’Enfant-Jésus, et les Carmélites vont jouer un grand rôle pour cela.
Une carmélite en particulier, la Vénérable Marguerite du Très Saint-Sacrement, entrée au Carmel de Beaune à 11 ans et morte à 29 ans en 1648. Elle va avoir une influence immense, jusque sur la Cour du Roi Louis XIII, car la reine Anne d’Autriche va même entrer dans la confrérie qu’elle a créée. Le fameux baron Gaston de Renty offre au Carmel de Beaune la statue qui va devenir célèbre sous le nom de Roi de grâce. C’est un Enfant-Jésus couronné, à la fois enfantin et majestueux. Marguerite du St-Sacrement crée donc une confrérie (la Famille du St Enfant-Jésus), invente un « petit rosaire » à 15 grains, distribue des milliers d’images et obtient que l’Enfant-Jésus soit fêté les 25 de chaque mois.
Mais pourquoi cette dévotion à l’Enfant-Jésus ? Parce que l’enfance de Notre-Seigneur a quelque chose à nous dire, elle est pleine de leçons, et la première leçon c’est bien sûr la voie de l’enfance spirituelle. Et quand on parle de voie d’enfance on pense évidemment à une autre carmélite, héritière de sa mère Ste Thérèse d’Avila, mais aussi des premières carmélites françaises. C’est évidemment Ste Thérèse de Lisieux, ou plutôt Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus. Au Carmel de Lisieux on conserve précieusement la statue de l’Enfant-Jésus que Thérèse avait pour mission de fleurir.
Et pourquoi faut-il que nous ayons une profonde dévotion à l’Enfant-Jésus ? Le baron de Renty décrit l’esprit d’enfance comme « un état où il faut vivre au jour le jour, dans une parfaite mort à soi- même, en total abandon à la volonté du Père».
L’Enfant-Jésus, c’est d’abord, dans la crèche, un être infiniment faible et dépendant. Il est le Tout-Puissant mais il est réduit à l’impuissance, dans les langes il ne peut pas même bouger. Ensuite il est obligé de fuir devant Hérode. Exinanivit dit St Paul : il s’est anéanti, prenant notre condition d’esclaves. Emmailloté, il ne peut pas bouger, comme sur la Croix ou dans l’Hostie. (cf. représentations bérulliennes). L’état d’enfance c’est d’abord un état de confiance et d’abandon.
Bien sûr il ne s’agit pas de développer une dévotion à l’Enfant-Jésus et aux mystères joyeux, pour négliger la Passion, les mystères douloureux. La Croix est déjà présente dans la Crèche (cf. une autre carmélite : Ste Edith Stein, La crèche et la croix). Comme il est écrit dans une lettre du Carmel de Beaune : « Qui vénère vraiment l’Enfant-Jésus adore en lui le Rédempteur du monde et ne peut faire autrement que l’adorer aussi dans sa Passion. Les grands dévots de sa sainte enfance nous offrent de ce point de vue de lumineux exemples. De plus il est exclu de vénérer l’Enfant-Jésus sans en évoquer les souffrances – du premier instant de sa conception à son dernier soupir sur la croix ».
Évoquons donc les vertus favorisées par la dévotion à l’Enfant-Jésus :
Vous connaissez peut-être la fameuse apparition de l’Enfant-Jésus à Ste Thérèse d’Avila, dont le nom de religion était Thérèse de Jésus. L’Enfant-Jésus apparaît à Thérèse dans l’escalier du monastère de l’Incarnation, et il lui dit : « Toi, tu es Thérèse de Jésus, et moi je suis Jésus de Thérèse».
Toutes les compagnes de Ste Thérèse ont partagé cette dévotion, et celles qui sont venues fonder les carmels réformés en France l’ont naturellement emportée avec elles. Et, justement, en France, la venue des Carmélites espagnoles est en grande partie l’oeuvre du Cardinal de Bérulle, l’un des principaux fondateurs de l’Ecole française de spiritualité, qui insiste tant sur l’Incarnation. Les choix théologiques de Bérulle le préparent donc à encourager le développement en France de la dévotion à l’Enfant-Jésus, et les Carmélites vont jouer un grand rôle pour cela.
Une carmélite en particulier, la Vénérable Marguerite du Très Saint-Sacrement, entrée au Carmel de Beaune à 11 ans et morte à 29 ans en 1648. Elle va avoir une influence immense, jusque sur la Cour du Roi Louis XIII, car la reine Anne d’Autriche va même entrer dans la confrérie qu’elle a créée. Le fameux baron Gaston de Renty offre au Carmel de Beaune la statue qui va devenir célèbre sous le nom de Roi de grâce. C’est un Enfant-Jésus couronné, à la fois enfantin et majestueux. Marguerite du St-Sacrement crée donc une confrérie (la Famille du St Enfant-Jésus), invente un « petit rosaire » à 15 grains, distribue des milliers d’images et obtient que l’Enfant-Jésus soit fêté les 25 de chaque mois.
Mais pourquoi cette dévotion à l’Enfant-Jésus ? Parce que l’enfance de Notre-Seigneur a quelque chose à nous dire, elle est pleine de leçons, et la première leçon c’est bien sûr la voie de l’enfance spirituelle. Et quand on parle de voie d’enfance on pense évidemment à une autre carmélite, héritière de sa mère Ste Thérèse d’Avila, mais aussi des premières carmélites françaises. C’est évidemment Ste Thérèse de Lisieux, ou plutôt Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus. Au Carmel de Lisieux on conserve précieusement la statue de l’Enfant-Jésus que Thérèse avait pour mission de fleurir.
Et pourquoi faut-il que nous ayons une profonde dévotion à l’Enfant-Jésus ? Le baron de Renty décrit l’esprit d’enfance comme « un état où il faut vivre au jour le jour, dans une parfaite mort à soi- même, en total abandon à la volonté du Père».
L’Enfant-Jésus, c’est d’abord, dans la crèche, un être infiniment faible et dépendant. Il est le Tout-Puissant mais il est réduit à l’impuissance, dans les langes il ne peut pas même bouger. Ensuite il est obligé de fuir devant Hérode. Exinanivit dit St Paul : il s’est anéanti, prenant notre condition d’esclaves. Emmailloté, il ne peut pas bouger, comme sur la Croix ou dans l’Hostie. (cf. représentations bérulliennes). L’état d’enfance c’est d’abord un état de confiance et d’abandon.
Bien sûr il ne s’agit pas de développer une dévotion à l’Enfant-Jésus et aux mystères joyeux, pour négliger la Passion, les mystères douloureux. La Croix est déjà présente dans la Crèche (cf. une autre carmélite : Ste Edith Stein, La crèche et la croix). Comme il est écrit dans une lettre du Carmel de Beaune : « Qui vénère vraiment l’Enfant-Jésus adore en lui le Rédempteur du monde et ne peut faire autrement que l’adorer aussi dans sa Passion. Les grands dévots de sa sainte enfance nous offrent de ce point de vue de lumineux exemples. De plus il est exclu de vénérer l’Enfant-Jésus sans en évoquer les souffrances – du premier instant de sa conception à son dernier soupir sur la croix ».
Évoquons donc les vertus favorisées par la dévotion à l’Enfant-Jésus :
- Confiance : Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus : «Comment craindrais-je un Dieu qui pour moi s’est fait si petit?»
- Abandon : St Paul : «Mon juge, c’est le Seigneur». L’abandon à Dieu donne la paix, la paix de la crèche : Rex pacificus.
- Simplicité, humilité : Ne pas nous prendre trop au sérieux.
- Nazareth : une vie ordinaire, pendant trente ans. Rester petits, conscients de notre dépendance : «sans [Lui] nous ne pouvons rien faire » (St Jean).
- Obéissance : comme dit St Paul, c’est par l’obéissance que Jésus s’est anéanti.
- Pureté et innocence, qui sont toujours associées à l’enfance. La dévotion à l’Enfant-Jésus sert aussi la chasteté de notre état.
- Pauvreté : Nous n’avons pas de grandes qualités, nous sommes des gens ordinaires. Nous sommes pauvres en qualités. Ayons aussi le goût de la pauvreté matérielle, dans un monde ultra matérialiste, qui ne pense qu’à s’étourdir dans l’accumulation. Regardons ce qu’est devenu Noël!
Alors, pourquoi la dévotion à l’Enfant-Jésus ? D’abord pour nous rappeler que nous sommes des enfants, nous sommes les enfants de Dieu (cf 1 Jn 3). A l’occasion de Noël, il faut demander un nouvel enfantement de Jésus en nous, pour que ce ne soit plus nous, mais le Christ qui vive en nous.
Comme disait encore un autre carme, un autre grand dévot de l’Enfant-Jésus, le P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus : « Faites le choix de l’Enfant ! ». NB : le P. MEEJ considérait le Roi de grâce de Beaune comme le véritable fondateur de l’Institut ND de Vie, puisque c’est en prêchant une retraite au Carmel de Beaune qu’il entendit parler des trois jeunes femmes qui fondèrent avec lui à Venasque.
Le P. MEEJ a donné quelques jours avant sa mort une définition de la sainteté très influencée par la voie d’enfance. Il disait : « La sainteté, c’est la force de Dieu, la faiblesse de l’homme ». Il faut lire de lui « Les premiers pas de l’Enfant-Dieu » aux Editions du Carmel, recueil de sermons et de conférences. Dans son chef d’oeuvre, Je veux voir Dieu, il dit à propos de la voie d’enfance de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Rester un enfant, cultiver soigneusement en soi le sentiment de sa petitesse et la faiblesse confiante, se réjouir de sa pauvreté, l’étaler devant Dieu avec complaisance, telle est à son avis l’attitude la plus propre à attirer sur soi le regard de Dieu et la plénitude de son amour transformant et consumant ».
Enfin ajoutons encore un trait de l’enfance : la joie. P. MEEJ : « Dieu pourra se donner [aux hommes] parfaitement, comme il le désire, et eux-mêmes pourront réaliser parfaitement leur vocation, non pas seulement une vocation humaine, mais une vocation d’enfants de Dieu. Voilà ce que nous apporte la fête de Noël. Dieu nous invite à la joie, il invite le monde à la joie. Nous devons entrer dans cette joie de Dieu, en attendant d’entrer dans son bonheur au Ciel. Joie de l’espérance : nous sommes déjà sauvés en espérance et cela nous met en joie ».
Dans le premier sermon du jour de Noël de son pontificat, le pape Benoît XVI soulignait que Dieu qui est infiniment grand peut se faire infiniment petit. Dans la Crèche comme dans l’Hostie, nous voyons la distance infinie que Dieu franchit pour se rapprocher de nous et nous émouvoir. Rien de majestueux, de solennel ou de grandiose : à Noël un bébé dans une mangeoire, à la messe l’apparence d’un simple morceau de pain... Le Pape ajoutait encore : « Aux menaces de l’histoire, le Seigneur Dieu ne s’est pas opposé avec un pouvoir extérieur, comme nous les hommes nous nous y serions attendus, selon les perspectives de notre monde. Son arme, c’est la bonté. Il s’est révélé comme enfant, né dans une étable. C’est justement ainsi qu’il oppose son pouvoir, complètement différent, aux puissances destructrices de la violence. C’est précisément ainsi qu’il nous sauve ».
Ensuite, dans sa première encyclique, le Pape a redit cette conviction profonde du christianisme : « L’arme de Dieu, c’est sa bonté ». C’est donc aussi l’arme du prêtre. St Pie X : « Quel immense trésor qu’un prêtre vraiment bon, partout où il se trouve ». Dans le monde d’aujourd’hui, notre meilleure arme, c’est la bonté. Une bonté qui vient du Ciel et que nous puiserons en contemplant non seulement la sainte Hostie, mais aussi la Crèche et l’Enfance de Notre-Seigneur.
Comme disait encore un autre carme, un autre grand dévot de l’Enfant-Jésus, le P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus : « Faites le choix de l’Enfant ! ». NB : le P. MEEJ considérait le Roi de grâce de Beaune comme le véritable fondateur de l’Institut ND de Vie, puisque c’est en prêchant une retraite au Carmel de Beaune qu’il entendit parler des trois jeunes femmes qui fondèrent avec lui à Venasque.
Le P. MEEJ a donné quelques jours avant sa mort une définition de la sainteté très influencée par la voie d’enfance. Il disait : « La sainteté, c’est la force de Dieu, la faiblesse de l’homme ». Il faut lire de lui « Les premiers pas de l’Enfant-Dieu » aux Editions du Carmel, recueil de sermons et de conférences. Dans son chef d’oeuvre, Je veux voir Dieu, il dit à propos de la voie d’enfance de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Rester un enfant, cultiver soigneusement en soi le sentiment de sa petitesse et la faiblesse confiante, se réjouir de sa pauvreté, l’étaler devant Dieu avec complaisance, telle est à son avis l’attitude la plus propre à attirer sur soi le regard de Dieu et la plénitude de son amour transformant et consumant ».
Enfin ajoutons encore un trait de l’enfance : la joie. P. MEEJ : « Dieu pourra se donner [aux hommes] parfaitement, comme il le désire, et eux-mêmes pourront réaliser parfaitement leur vocation, non pas seulement une vocation humaine, mais une vocation d’enfants de Dieu. Voilà ce que nous apporte la fête de Noël. Dieu nous invite à la joie, il invite le monde à la joie. Nous devons entrer dans cette joie de Dieu, en attendant d’entrer dans son bonheur au Ciel. Joie de l’espérance : nous sommes déjà sauvés en espérance et cela nous met en joie ».
Dans le premier sermon du jour de Noël de son pontificat, le pape Benoît XVI soulignait que Dieu qui est infiniment grand peut se faire infiniment petit. Dans la Crèche comme dans l’Hostie, nous voyons la distance infinie que Dieu franchit pour se rapprocher de nous et nous émouvoir. Rien de majestueux, de solennel ou de grandiose : à Noël un bébé dans une mangeoire, à la messe l’apparence d’un simple morceau de pain... Le Pape ajoutait encore : « Aux menaces de l’histoire, le Seigneur Dieu ne s’est pas opposé avec un pouvoir extérieur, comme nous les hommes nous nous y serions attendus, selon les perspectives de notre monde. Son arme, c’est la bonté. Il s’est révélé comme enfant, né dans une étable. C’est justement ainsi qu’il oppose son pouvoir, complètement différent, aux puissances destructrices de la violence. C’est précisément ainsi qu’il nous sauve ».
Ensuite, dans sa première encyclique, le Pape a redit cette conviction profonde du christianisme : « L’arme de Dieu, c’est sa bonté ». C’est donc aussi l’arme du prêtre. St Pie X : « Quel immense trésor qu’un prêtre vraiment bon, partout où il se trouve ». Dans le monde d’aujourd’hui, notre meilleure arme, c’est la bonté. Une bonté qui vient du Ciel et que nous puiserons en contemplant non seulement la sainte Hostie, mais aussi la Crèche et l’Enfance de Notre-Seigneur.
CONCLUSION
La dévotion à l’Enfant-Jésus est évidemment indissociable de la dévotion mariale. C’est évident dans l’art chrétien, quand on pense au nombre de tableaux et de statues représentant la Vierge à l’Enfant ! Adorons l’Enfant, vénérons la Mère, notre mère puisque nous sommes ses enfants spirituels. La Très Sainte Vierge Marie est le modèle de l’enfantement de Jésus dans l’âme. Elle nous apprend comment attendre et désirer le Sauveur. Point principal : être une âme de désir, de silence, d’espérance, et développer les vertus des mystères joyeux : l’humilité, la pauvreté, la charité, la pureté et l’obéissance, et surtout la recherche de Jésus en toute chose. Et même un peu de tendresse...
Abbé Alban Cras, fssp