Les dominicains de la communauté Saint-Vincent Ferrier à Chéméré. |
SOURCE - Anne Le Pape - Présent - 5 février 2016
La Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, fondée en 1979 par le père Louis-Marie de Blignières au cœur du Grand Ouest (53 340 – Chémeré-le-Roi) est une communauté d’inspiration dominicaine. Elle est fidèle aux pédagogies traditionnelles de la foi, notamment par la célébration selon le rite dominicain. Cette communauté en développement doit procéder à des travaux d’agrandissement en construisant son église conventuelle et une hôtellerie (www.despierresquiprechent.org). Elle diffuse, à l’occasion du carême de 2016 (qui débute mercredi 10 février prochain) un livret intitulé Objectif Pâques. Le père de Blignières répond à ce sujet à Présent et évoque les activités de la communauté.
La Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, fondée en 1979 par le père Louis-Marie de Blignières au cœur du Grand Ouest (53 340 – Chémeré-le-Roi) est une communauté d’inspiration dominicaine. Elle est fidèle aux pédagogies traditionnelles de la foi, notamment par la célébration selon le rite dominicain. Cette communauté en développement doit procéder à des travaux d’agrandissement en construisant son église conventuelle et une hôtellerie (www.despierresquiprechent.org). Elle diffuse, à l’occasion du carême de 2016 (qui débute mercredi 10 février prochain) un livret intitulé Objectif Pâques. Le père de Blignières répond à ce sujet à Présent et évoque les activités de la communauté.
— Vous diffusez gratuitement par internet un livret de préparation pour vivre le carême intitulé : Objectif Pâques. Pourquoi cette diffusion gratuite ?
— Pour enlever tout prétexte à ne pas faire un vrai carême (dans le réel et pas seulement dans sa tête), ce livret est gratuit et très concret : un texte de méditation, une prière et une bonne action quotidienne. De quoi secouer notre paresse et notre manque d’imagination !
— Comment ce livret a-t-il été conçu ?
— Il y a un fil directeur : les sept dons du Saint-Esprit (de la crainte à la sagesse), qui nous aident à méditer les fins dernières, à faire pénitence, à prier, à vivre nos devoirs d’état, à faire des œuvres de miséricorde, à contempler le mystère du Christ ; ces dons guident notre montée vers la Grande Semaine de la Passion et de la Résurrection. Il y a un esprit : celui des Pères d’Orient, dans les diverses traditions (grecque-melkite, syriaque, maronite, copte, arménienne), dont les sentences spirituelles, racées et vigoureuses, ponctuent cette montée. Il y a une finalité connexe : faire respirer nos cœurs de chrétiens aussi par le poumon oriental et les sensibiliser à la grande détresse des chrétiens d’Orient. Nous avons réalisé ce livret en partenariat avec SOS-Chrétiens d’Orient, dont nous soutenons l’action. L’un de nos pères aide à la formation des cadres et des volontaires de cette dynamique association et les accompagne dans certaines de leurs missions au Liban et en Irak.
— Vous adressez-vous aux lecteurs de tous âges ?
— Presque, disons de 15 à 95 ans…
— Ce livret ne s’insère-t-il pas tout naturellement dans un apostolat tourné vers la jeunesse et la famille, pour lesquelles vous organisez volontiers des activités (camps, sessions, préparations au mariage…) ?
— Oui, notre Fraternité est soucieuse, dans un monde déboussolé, de ce que j’appellerais les Priorités éducatives. Nous avons publié sous ce titre (DMM, 2013) un ouvrage collectif (avec les Dominicaines de Pontcalec, Yannick Bonnet, Anne Coffinier, Marc et Maryvonne Pierre) ; il éclaire, à la lumière du réalisme de la raison naturelle et de la foi, le spectre des problèmes éducatifs dans la famille et à l’école. Dans un monde de moins en moins humain, la formation des hommes est la condition de tout le reste. C’est pourquoi nous sommes actifs dans le cadre des mouvements Domus Christiani, Europa-Scouts, Notre-Dame de Chrétienté, Academia Christiania, du Chapitre Saint-Gatien, de groupes de catéchèse en Mayenne et ailleurs…
— Depuis 2009, votre apostolat se tourne également vers la conversion des musulmans. Voyez-vous cela comme la solution à l’un des problèmes cruciaux de notre époque ?
— Cet apostolat est un devoir pour tous les chrétiens, mais plus encore pour des fils de saint Dominique, dont c’est une des spécialités depuis des siècles : les juifs et les musulmans ont un droit strict à recevoir l’annonce de Jésus-Christ le seul Sauveur ! Nous sommes parfois douloureusement étonnés de la timidité ou du silence de beaucoup de prêtres et de prélats en ce domaine. Les retombées culturelles et politiques d’une conversion plus massive des musulmans (il y en a déjà 200 qui reçoivent le baptême tous les ans en France) seront d’ailleurs très bénéfiques pour l’Occident. Mais il faut aller vers eux d’abord pour le salut de leurs âmes… et des nôtres. La joie et le dynamisme des convertis que nous côtoyons (à Notre-Dame de Kabylie, Notre-Dame de l’Accueil, Eleutheros notamment) est une des consolations de notre apostolat. Ce problème concerne tous les catholiques, qui doivent avoir à cœur de répondre, par exemple au bureau ou à l’atelier, à l’attente de leurs confrères musulmans (qui se posent des questions en bien plus grand nombre que l’on se l’imagine), et de ne pas laisser isolés les néophytes qui ont fait le pas vers l’Eglise… au risque de leur tranquillité ou même de leur vie. Mon voisin à la messe, qui a une tête maghrébine ou levantine, est un frère dans le Christ qui attend que je lui parle à la sortie de l’église !
— Vous avez lancé cette année un « café-caté » pour étudiants et jeunes professionnels au Quartier latin, à Paris. Est-il suivi par de nombreux jeunes ? Quelles sont leurs réactions ?
— En fait, à la demande de jeunes qui étaient accoutumés à des cafés-philo ou des cafés-politique, j’ai commencé le « café-caté » en novembre 2000 (Au Sorbon, 60 rue des Ecoles, le premier mardi du mois à 20 h 30) : une formule conviviale qui permet de faire venir des amis agnostiques ou non pratiquants, et de s’instruire en buvant une bonne bière… d’abbaye ! L’assistance varie de 30 à 70 personnes, et se renouvelle de façon importante. Les questions manifestent une grande soif de découvrir des pans entiers de la doctrine, terre inconnue pour beaucoup. Les thèmes abordés sont les vérités du credo et de la vie spirituelle, la crédibilité du christianisme et de l’Eglise. Et il y a des « hors-séries » sur des thèmes divers : autorité de Vatican II, Mai 68, témoignages de convertis, « force et violence ». Sur ce thème-clé, un dossier décapant vient d’être publié par notre revue Sedes Sapientiæ (n° 134), avec notamment les textes du Coran, des hâdiths et de la vie de Mahomet. Cette année, le père Favelin donne au Sorbon une série documentée et passionnante sur « Christianisme et islam ».
Propos recueillis par Anne Le Pape