SOURCE - Marc de Boni - Le Figaro - 28 juin 2016
L'institut, classé à l'extrême droite, pourrait soutenir un candidat en vue de 2017, une décision qui sera arrêtée au mois de septembre.
L'institut, classé à l'extrême droite, pourrait soutenir un candidat en vue de 2017, une décision qui sera arrêtée au mois de septembre.
Le paysage politique de l'extrême droite s'étoffe. Comme relevé par Le Parisien ce mardi, l'association catholique intégristes Civitas se revendique désormais comme un «mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l'Église catholique». Son programme? «Rechristianiser la France» au travers d'une reconquête identitaire et spirituelle. Bénéficiant jusqu'ici d'un simple statut associatif, l'organisation réputée pour ses positions et son activisme musclés a discrètement obtenu le statut de parti politique le 23 avril. L'avis a été publié auJournal Officiel.
L'organisation pourra désormais proposer à ses donateurs une déduction fiscale de 66%, désigner des candidats, participer aux élections, et percevoir à ce titre des fonds publics. «Ce n'est pas pour l'avantage fiscal, nous avons une vraie démarche politique», se défend par avance le président de Civitas Alain Escada. Contacté par le Scan, le porte-parole François-Xavier Peron assume une toute autre posture. «La déductibilité fiscale, nous l'avions avant. On a fait une demande pour qu'elle soit rétablie», assume-t-il. Avant d'ajouter :«Nous n'avons pas forcémebnt vocation à présenter un candidat, nous continueront surtout à fonctionner sur le modèle d'un groupe de pression». Alain Escada, lui assure que pour la prochaine présidentielle, l'institut pourrait bien présenter ou soutenir un candidat. «On l'annoncera en septembre», assure son président dans Le Parisien. En attendant, une association de financement à déjà vu le jour.
Fondé autour des années 2000, et proche des intégristes de la fraternité sacerdotale Saint Pie-X, l'institut Civitas s'était notamment illustré par ses campagnes chocs contre l'avortement ou encore ses prières de rues en marge de la Manif pour tous, au début de l'année 2013. On retrouve régulièrement ses militants dans les manifestations animées par l'extrême droite. Difficile de savoir ce que pèse vraiment Civitas, mais l'institut a revendiqué jusqu'à 60.000 personnes dans ses défilés contre la loi Taubira. Auprès du Scan, François-Xavier Peron revendique, lui, 1500 à 2000 membres actifs.
La démocratie en ligne de mire
Pour donner le ton de la campagne qui s'annonce, la revue trimestrielle de Civitas parue ce mois de juin est consacrée «aux mensonges de la démocratie». «“La démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort”, écrivait Charles Maurras. On pourrait y ajouter, la démocratie c'est le mensonge et notre dossier aura pour objectif de montrer en quoi la démocratie est foncièrement menteuse (...) Notre objectif prioritaire sera au moins autant de dénoncer l'incohérence des démocrates en peau de lapin que de démasquer la démocratie elle-même et d'en montrer la nature congénitalement menteuse lorsqu'elle se veut représentative, seule source de légitimité, seul système rationnel», peut-on lire dans son article de présentation.
L'institut Civitas a fait l'objet de plusieurs demandes de contrôle et d'interdiction ces dernières années. Dernière en date, le député apparenté PRG Olivier Falorni a adressé lundi un courrier au ministère de l'Intérieur pour s'indigner de la niche fiscale dont bénéficie désormais l'institut.