SOURCE - Aletheia - Lettre n°247 - 5 juin 2016
Thierry Bouclier, L’abbé Denis Coiffet. Zélé serviteur de l’Église, Éditions Terra Mare (101 boulevard de la République, 92210 Saint-Cloud), 256 pages, 20 €.
Thierry Bouclier, L’abbé Denis Coiffet. Zélé serviteur de l’Église, Éditions Terra Mare (101 boulevard de la République, 92210 Saint-Cloud), 256 pages, 20 €.
L’abbé Denis Coiffet, qui fut en juillet 1988 un des fondateurs de la Fraternité Saint-Pierre, est
disparu il y a à peine un an (le 3 juillet 2015). Après un numéro spécial de la revue Tu es Petrus
qui lui a rendu hommage il y a quelques mois, une première biographie lui est déjà consacrée. On
aurait pu tout craindre de cette précipitation. Pourtant le livre de Thierry Bouclier, avocat à la Cour
et auteur de plusieurs essais et biographies, est un ouvrage solide, sérieux et intéressant, tout en
étant plein d’empathie pour son sujet.
Bien sûr, on pourra toujours relever telle ou telle scorie, par exemple la thèse de Cassiciacum
du P. Guérard des Lauriers est évoquée dès 1974 (après la fameuse Déclaration de Mgr Lefebvre)
alors qu’elle est postérieure de plusieurs années. Mais Thierry Bouclier a pu interroger beaucoup
de témoins et examiner certaines archives. Les historiens de l’Église catholique en France et, en
particulier, les historiens du traditionalisme devront se référer à son livre.
La naissance de la Fraternité Saint-Pierre est racontée, pour la première fois, avec précision.
Dès le 2 juillet, deux jours après les sacres accomplis par Mgr Lefebvre, l’abbé Denis Coiffet et 14
autres prêtres et séminaristes de la Fraternité Saint-Pie X qui refusent cette désobéissance au SaintSiège,
signent une déclaration d’intention. Une réunion similaire de prêtres et séminaristes de
langue germanique avait eu lieu à Sankt Pöltken la veille.
Le 5 juillet, l’abbé Coiffet, l’abbé Bisig, qui était jusque là assistant du supérieur général de la
Fraternité Saint-Pie X, quelques autres prêtres et le P. Louis-Marie de Blignières se retrouvent à
Rome où ils sont reçus par le cardinal Mayer et le cardinal Ratzinger. Puis trois d’entre eux (les
abbés Bisig et Coiffet et le P. de Blignières) peuvent saluer Jean-Paul II dans un salon. Le Pape les
accueille en disant : « Voici les prêtres qui me sont restés fidèles. » Bientôt ils obtiendront un
celebret signé des cardinaux Ratzinger et Mayer.
Les prêtres issus de la Fraternité Saint-Pie X seront encouragés à fonder une nouvelle fraternité
sacerdotale qui leur permettra de garder « les traditions de spiritualité et d'apostolat » auxquelles
ils sont attachés. C’est Mgr Clemens, secrétaire du cardinal Ratzinger, qui suggéra le nom :
Fraternité Saint-Pierre. Elle sera officiellement fondée le 18 juillet suivant, à l’abbaye d’Hauterive.
J’ajouterai une considération. Après sa fondation, Mgr Lefebvre n’avait guère d’estime pour la
FSSP (« Cette fraternité fantôme ! Ils ont copié nos statuts et tout ce que nous avons fait ») et lui
prédisait une fin rapide : « Dans un an, un an et demi, on leur dira de rentrer dans leurs diocèses »3
.
Aujourd’hui la Fraternité Saint-Pierre compte plus de 420 membres.
Y.C.