SOURCE - Le Seignadou - mai 2017
« Fatima sera pour le culte du Cœur Immaculé de Marie ce que fut Paray-le-Monial pour le culte du Cœur de Jésus. Fatima, d’une certaine façon, est la continuation, ou mieux, la conclusion de Paray-le-Monial : Fatima réunit ces deux Cœurs que Dieu lui-même a unis dans l’œuvre divine de la Rédemption. » Cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne, 30 mai 1948.
« Fatima sera pour le culte du Cœur Immaculé de Marie ce que fut Paray-le-Monial pour le culte du Cœur de Jésus. Fatima, d’une certaine façon, est la continuation, ou mieux, la conclusion de Paray-le-Monial : Fatima réunit ces deux Cœurs que Dieu lui-même a unis dans l’œuvre divine de la Rédemption. » Cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne, 30 mai 1948.
Il faut d’abord bien nous
entendre sur ce que signifie le cœur. La Bible parle du cœur pour exprimer le lieu
le plus intime de l’homme, où siège son être intérieur : ses sentiments,
ses élans et ses désirs, mais aussi sa mémoire, sa volonté et son
intelligence : on ne connaît bien qu’avec le cœur. Le cœur est le
tout de la personne, son “jardin secret” que nul ne connaît, sinon Dieu seul.
C’est le cœur qui cherche Dieu : voilà pourquoi c’est dans le cœur que
Dieu se laisse trouver, car Dieu habite le cœur de l’homme. Ainsi, parler du
Cœur de Jésus n’est évidemment pas discourir à propos de son organe cardiaque…
Néanmoins, c’est bel et bien pénétrer dans le mystère de Dieu qui prend corps,
se fait homme sans pour autant cesser d’être Dieu. Il en est de même pour le
Cœur de Marie, devenu organe du Saint-Esprit vivant en elle.
Il faut observer tout d’abord
comment la divine Providence a toujours veillé à ce que Jésus-Christ, la Vierge
Marie et l’Eglise avancent d’un même pas. Après les grandes définitions
dogmatiques des quatre premiers siècles, la dévotion des saints, des
spirituels, des théologiens se portera tour à tour vers Jésus ou vers sa Mère,
vers le Cœur de Jésus ou vers le Cœur de Marie, et il peut être utile en cette
année FATIMA d’étudier comment s’est développée la dévotion au Cœur Immaculé de
Marie que Jésus « veut établir dans le monde ».
Ainsi nous pouvons noter que,
pour ce qui est de l’Immaculée Conception, après la dévotion des fidèles, la
Vierge Marie s’est effacée devant l’Eglise, et c’est l’autorité ecclésiastique
qui est intervenue la première, avec la définition du dogme en 1854. Notre-Dame
est venue à Lourdes quatre années après pour confirmer son privilège, mais
aussi pour confirmer l’autorité du Souverain Pontife. L’époque troublée
requérait cette confirmation : le pape avait vu juste et bien décidé.
Quand il s’est agi du
Sacré-Cœur, la dévotion de l’Eglise a marché en tête jusqu’à St Jean Eudes qui,
en 1672, fait célébrer la messe du Sacré-Cœur dans ses communautés. Et c’est au
cours d’une apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, en juin
1675 que l'institution de la fête du Sacré-Cœur lui est demandée par le
Christ, lors d'une apparition privée: « Je te demande que le premier
vendredi après l'octave du saint sacrement soit dédié à une fête particulière
pour honorer mon cœur... ». Et c’est le 6 février 1765, que le pape Clément XIII
institue officiellement la fête du Sacré-Cœur. Une messe et un office
spécifique sont ratifiés par le Saint-Siège le 11 mai de la même année. Elle
est ensuite instituée le 17 juillet 1765 dans tous les diocèses français. Le 23
août 1856, le pape Pie IX,
à la demande des évêques français, étend la fête du Sacré-Cœur à toute l'Église
catholique. Il l'inscrit ainsi au calendrier liturgique universel. L’ordre
suivi a donc été différent : la dévotion des fidèles, le Sacré-Cœur
lui-même, et l’autorité de l’Eglise.
Il en a été de même pour le Cœur
Immaculée de Marie. La dévotion s’est développée jusqu’à St Jean Eudes qui, dès
1648, a pu faire célébrer dans la cathédrale d’Autun la messe du Saint Cœur de
Marie. Le terme Immaculé n’est pas encore employé, et St Jean Eudes note que « La
divine Providence a voulu faire marcher la fête de la Mère avant la fête du
Cœur de Jésus, pour préparer les voies dans les cœurs des fidèles à la
vénération du Cœur adorable ». Et il notera encore que « Il n'est pas
juste de séparer deux choses que Dieu a conjointes si étroitement par les liens
les plus forts et par les nœuds les plus serrés de la nature, de la grâce et de
la gloire : je veux dire le divin Cœur de Jésus, fils unique de Marie, et le Cœur
virginal de Marie, mère de Jésus…Ces deux Cœurs de Jésus et de Marie sont unis
si intimement, que le Cœur de Jésus est le principe de celui de Marie, comme le
Créateur est le principe de la créature ; et que le Cœur de Marie est l'origine
du Cœur de Jésus, comme la mère est l'origine du cœur de son enfant. Chose
admirable ! » Mais il faudra attendre 1917 pour que, au terme d’un long
développement de la dévotion, la Vierge elle-même vienne dire au monde que
« Jésus…veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »
Et c’est à l’Eglise qu’il reviendra de conclure avec l’instauration de la fête
du Cœur Immaculé de Marie par le pape Pie XII le 4 mai 1944.
Le cardinal Cerejeira commentera
ainsi dans une allocution pour le cinquantenaire des apparitions : « A
Lourdes, en 1954, j’ai saisi l’occasion qui m’était offerte de comparer Lourdes
à Fatima. Lourdes m’est apparu comme une riposte de la Vierge au rationalisme
du XIXe siècle; c’est là que Notre-Dame s’est présentée comme étant l’Immaculée
Conception, que S. S. Pie IX a proclamée dogme de l’Église, confirmant la foi
catholique, l’infaillibilité du Pape, la déchéance du péché, le triomphe de la
grâce.
Pour sa part, Fatima m’apparaît
comme une réplique miséricordieuse de Notre-Dame à l’athéisme du XXe siècle.
Puis-je tout dire ? Fatima se lève dans notre monde anxieux comme un phare
d’espérance contre le communisme athée qui prétend conquérir l’univers et
détruire l’Église. » (Fatima devant l’Église et le monde. 11 février 1967.
La documentation catholique 64, 1967)
Cet éditorial est en fait
l’introduction d’une « étude » que
nous vous proposerons au fil de nos bulletins, sur « la dévotion au
Coeur Immaculé de Marie avant les apparitions de Notre-Dame à Fatima. »
Elle s’inspire d’un chapitre du chanoine Barthas, dans son ouvrage sur « Ce
que la Vierge nous demande » (Ed. Fatima, 1966), mais puise à d’autres
sources multiples. Elle sera, bien sûr, bien incomplète, car tout n’est pas
connu et nos recherches sont bien limitées, faute de temps et de documentation
mais, à partir de ce que nous avons pu savoir et découvrir, nous vous ferons
parcourir le long cheminement de cette dévotion, depuis l’Evangile jusqu’à
Fatima. Si Dieu le veut, nous poursuivrons peut-être notre recherche après
Fatima, pour observer comment les demandes du Cœur Immaculé ont été reçues et
satisfaites.
Mais pour l’heure, en ce mois de
mai, commençons notre marche vers une vraie dévotion au Cœur Immaculé afin d’en
recevoir quelques bénédictions.