SOURCE - Paix Liturgique - lettre 593 - 8 mai 2017
En mémoire de Mons. BARREIRO, zélé défenseur de la vie et de la tradition liturgique
Nous souhaitons cette semaine rendre hommage à un valeureux témoin de la Foi, Mons. Ignacio Barreiro Carámbula, prêtre uruguayen dévoué à la défense de la vie humaine et à la promotion de la liturgie traditionnelle, rappelé à Dieu au soir du Jeudi Saint 2017 à l’issue d’une longue bataille contre le cancer.
Né en 1947 à Montevideo, diplômé en droit, diplomate, Ignacio Barreiro est nommé à New York en 1978, comme délégué auprès de l’ONU. Là, il découvre le militantisme pro-vie dans lequel il s’engage en 1982. Cette expérience l’amène à approfondir les conséquences de sa foi catholique au point d’entrer en 1983 au séminaire de New York (Dunwoodie). Ordonné en 1987 par le cardinal O’Connor, il effectue de 1991 à 1996 ses études de théologie à Rome avant, en 1998, de devenir le directeur du bureau romain de Human Life International (HLI), association américaine défendant la vie et la dignité de la personne humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle.
Militant de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, au point de connaître des problèmes avec les autorités de son pays, il intervenait dans de nombreux ouvrages, revues, colloques, sur des thèmes concernant le bien commun, la critique de la liberté religieuse, l’illustration du droit public de l’Église, la critique du libéralisme catholique... dans la ligne des écoles théologiques traditionnelles de Rome et du monde hispanique. Un article sur « La sacralité de la médiation politique », publié dans la revue Catholicaen janvier 2010, résume bien ce qui fut l’axe de ses convictions : « Le fait qu’aujourd’hui pratiquement aucun gouvernement ne reconnaisse sa dépendance envers Dieu n’empêche pas que ce soit là le statut essentiel de tout pouvoir politique. […] L’homo œconomicus, l’idéal borné et aliénant offert par le socialisme et l’hédonisme de la consommation, ne peut qu’être rejeté, de même que l’homo politicus des différents types de libéralisme, ce modèle autoréférentiel qui se fonde sur une culture sans autre horizon que la cité terrestre. C’est à l’homo catholicus que nous devons penser, qui intègre ce qui relève des deux premières catégories mais les dépasse de beaucoup, parce que sa conscience première est précisément celle d’un ministre de Dieu dans le monde ».
Aussi attaché à la célébration de la liturgie traditionnelle qu’à celle de la vie, don de Dieu, Mons. Barreiro est à l’origine d’une des célébrations dominicales de la messe de saint Pie V à Rome, aujourd’hui assurée en l’église « San Giuseppe a Capo le Case », petit sanctuaire situé entre la Via Veneto et la Place d’Espagne.
En 2013, il participa aux premières journées de Sacra Liturgia, parrainées par Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en donnant une conférence intitulée « La sainte liturgie et la défense de la vie humaine », développement d’un thème qu’il avait abordé pour la première fois à Toronto en avril 1999. C’est le résumé de cette intervention que nous livrons à votre méditation en recommandant l’âme de Mons. Barreiro à vos prières.
« Il y a des liens étroits entre culte et culture. S’il y a donc une diminution du culte au Seigneur, la culture de la société en sera affectée négativement. Si nous perdons de vue la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et son caractère sacrificiel, nous allons aussi perdre de vue le caractère sacré de la vie humaine. »« Il y a une relation entre la crise de la liturgie et le délicat accueil de l’encyclique Humanæ vitæ. »« Un homme du siècle qui refuse d’adorer Dieu refuse aussi de reconnaître que la vie est le plus grand don qu’Il lui fasse, et qu’il est entièrement dépendant du donateur dans ce qu’il en fait. De son côté, le chrétien qui adore le Seigneur va voir le sens de la vie et sera encouragé à faire face aux difficultés d’avoir des enfants. Voilà pourquoi il est si important de se tourner vers le Seigneur dans la liturgie. »« La ferme assurance de la nature sacrificielle de la messe va nous donner la force de faire les sacrifices nécessaires pour rétablir la Culture de Vie au cœur même des persécutions que l’Église endure dans nos sociétés laïques. L’homme aura le désir du Ciel et celui de peupler le paradis de ses enfants, s’il a un avant-goût du ciel dans la liturgie. »« Nous ne nous donnons à nous-même ni la vie ni la tradition, elles nous sont données. Les vérités de la foi sont une tradition, quelque chose qui nous est donné à transmettre, comme la vie. L’homme est par nature un être social, en conséquence il devrait donc rendre un culte public et social à Dieu. Cela va le conduire à rechercher le bien commun de la société, inspiré par ce qu’il vit dans la liturgie. »« Il est tout autant contre nature de nier le culte à Dieu que de rejeter la vie. Rien de ce qui est contre nature ne peut durer. »