SOURCE - Marie Malzac - La Croix - 12 mai 2017
Alors que la Fraternité Saint-Pie-X semble ne jamais avoir été aussi proche d’une réintégration dans le giron romain, les tensions en son sein entre partisans et adversaires du ralliement se font de plus en plus vives.
Alors que la Fraternité Saint-Pie-X semble ne jamais avoir été aussi proche d’une réintégration dans le giron romain, les tensions en son sein entre partisans et adversaires du ralliement se font de plus en plus vives.
Début avril, le pape François décidait de rendre publique la reconnaissance de la légitimité des mariages « de fidèles qui suivent l’activité pastorale de la Fraternité (Saint-Pie-X, NDLR) ». Ce geste, considéré comme un nouveau pas en direction d’un rapprochement, avait suscité des remous chez les lefebvristes.
Ainsi, tandis qu’un accord entre Rome et les héritiers de Mgr Marcel Lefebvre, trente ans après son excommunication, semble à portée de main, le processus plonge la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) dans une importante crise entre les membres favorables à une réintégration dans le giron romain et ceux qui s’y opposent.
En réaction à la décision pontificale sur les mariages, plutôt bien accueillie par les responsables de la Fraternité, plusieurs prêtres du district de France ont rédigé et publié le 7 mai une lettre à l’intention des fidèles, exposant leurs doutes et critiquant la position de la Maison générale. Parmi eux, l’abbé Patrick de La Rocque, « curé » de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, emblématique église du centre de Paris occupée depuis 1977 par les traditionalistes.
Un procédé « inacceptable » et « subversif »
« Qu’il nous soit permis d’exprimer notre grand étonnement au sujet de cette décision romaine et de l’écho qu’elle a reçu, écrivent ces prêtres. La prélature personnelle que l’on fait miroiter à la FSSPX était censée nous reconnaître tels que nous sommes, et nous garder dans l’indépendance à l’endroit des ordinaires du lieu. Or les premières décisions prises consistent à soumettre injustement nos mariages à ces ordinaires, avant de conditionner demain l’ouverture de nos nouvelles Maisons à leur approbation. »
Du côté de la hiérarchie lefebvriste, la réponse ne s’est pas fait attendre. Par un courrier daté du même jour, le supérieur du district de France, l’abbé Christian Bouchacourt, a dénoncé un procédé « inacceptable » parce que « subversif ». Trois jours plus tard, il a annoncé avoir relevé de ses fonctions l’abbé de La Roque ainsi que les doyens signataires du courrier incriminé.
Une politique d’ouverture « minoritaire »
Cette mise à l’écart s’inscrit dans le cadre plus général de divergences profondes au sein de la Fraternité. Ancien de la FSSPX revenu dans le giron romain, l’abbé Guillaume de Tanoüarn voit un intérêt personnel, pour le supérieur de la Fraternité, à conclure rapidement un accord. Le prélat suisse arrivera en 2018 au terme d’un deuxième mandat de douze ans, or « sa politique d’ouverture à Rome est minoritaire » au sein de la FSSPX, a-t-il indiqué à l’AFP. « Il n’est pas sûr d’être réélu. Si on lui érige une prélature, il sera prélat à vie. C’est une forme de coup d’État qui ne dit pas son nom. »
La reconnaissance canonique actuellement discutée à Rome pourrait prendre la forme d’une « prélature personnelle », qui ferait dépendre la FSSPX directement du pape, hors du contrôle des évêques. Certains évoquent la date du 13 mai, jour des apparitions de Fatima, à laquelle les traditionalistes sont particulièrement attachés, pour qu’elle soit officiellement annoncée, mais aucun calendrier n’a pour le moment été précisé, ni par le Vatican, ni par la Fraternité.
Marie Malzac