SOURCE - traduction française d'un texte espagnol - 15 juillet 2009
" La situation présente du catholicisme français présente deux spécificités qui pèsent énormément sur le moral de l’épiscopat :
1. Les 93 diocèses de la France métropolitaine sont en général dans un état catastrophique.
- Du point de vue des fidèles : la chute de la pratique religieuse, considérable dans les années 70, continue inexorablement. Les pratiquants sont très rares (4 % si « pratiquer » veut dire aller à la messe une fois par mois) et relativement âgés. Les jeunes et les familles nombreuses – les « forces vives » se portent bien dans les églises desservies par les communautés (mouvements) (Emmanuel, Frères de Saint-Jean, Communauté Saint-Martin, etc.) ou chez les traditionalistes. Les uniques endroits où la pratique se maintient de manière acceptable (malgré un nombre de messes qui a diminué d’au moins un tiers depuis les années 60) sont les quartiers bourgeois des villes. Le catholicisme français post-conciliaire est bourgeois, ayant perdu l’essentiel de la population rurale, atteinte par le modernisme ambiant.
- Par conséquent, les finances diocésaines sont extrêmement appauvries (on peut citer les cas de véritables faillites, comme celui du diocèse de Montpellier qui n’arrive même plus à payer ses prêtres). En France, depuis la séparation de l’Église et de l’État, le clergé vit uniquement de ce que donnent les fidèles (quêtes des messes, rentes, legs). Mais les rentes ont fondu et les legs qui constituaient la source la plus importante de financement pour les diocèses et les ordres religieux ont disparu dans les faits. Seuls en bénéficient les communautés et les traditionalistes. D’autre part, les charges ont considérablement augmenté (disparition du personnel gratuit, constitué de religieuses, le grand coût des mises aux normes exigées par la réglementation en vigueur pour les édifices). C’est pourquoi, sauf à Paris, le capital immobilier fond comme neige au soleil.
Le nombre de prêtres diocésains est seulement de 15.000 et son âge moyen dépasse les 75 ans. Chaque année, environ 800 disparaissent puisque que 100 sont ordonnés contre 900 qui meurent ou abandonnent. Pour quelques diocèses (Digne : 25 prêtres, Nevers 38, Auch, Saint-Claude, Gap, Pamiers, etc.), en dix ans, le nombre de prêtres en activité sera d’une dizaine tout au plus. Actuellement, les paroisses se regroupent en « paroisses regroupées » (il n’est pas rare qu’un prêtre unique ait à s’occuper de 10, 20 voire 40 églises, avec une aide minime de fidèles, des célébrations sans prêtre appelées ADAP, en particulier les enterrements presque toujours confiés à des laïcs). Pour prendre l’exemple d’un diocèse moyen, celui de Nîmes, il y a seulement 107 prêtres en activité, avec une moyenne d’âge élevée et 3 séminaristes.
- Les séminaristes. Ils étaient 4536 en 1966, 784 en 2005, 764 en 2006, 756 en 2007 et 740 en 2008. Des diocèses comme Pamiers, Belfort, Agen, Perpignan, etc., n’ont plus aucun séminariste. Les ordinations : Depuis la chute brutale dans les années suivant le Concile (825 ordinations diocésaines en 1956 et 99 en 1977), il y en eut dernièrement 90 en 2004, 98 en 2005, 94 en 2006, 101 en 2007 et 98 en 2008. Les séminaires [séminaristes ?] diocésains sont majoritairement très « classiques » et environ un quart des séminaristes proches du traditionalisme. Beaucoup de vocations sortent des Scouts d’Europe devenus les rivaux « de droite » des Scouts de France.
L’exception parisienne est en train de disparaître. Elle existait, dans les années 80 et jusqu’au début des années 90, grâce à la conjonction des charismes Jean-Paul II/Jean-Marie Lustiger. Le clergé était plus jeune, plus nombreux et l’économie prospère. Le nombre de séminaristes arrivait à 100. Mais aujourd’hui le nombre de prêtres descend dangereusement, les legs ont disparu et il y a seulement 52 séminaristes. Les ordinations parisiennes étaient 10 cette année (dont deux pour la communauté de l’Emmanuel). On en prévoit 7 pour 2010 et 4 pour 2011.
De fait, les diocèses français pour la plupart, s’ils étaient des administrations apostoliques en « pays de mission » n’auraient plus le nombre de prêtres suffisants pour pouvoir être érigés en diocèses. Logiquement un tiers d’entre eux devraient disparaître pour être regroupés dans les 15 prochaines années.
2. Le poids moral du traditionalisme est très important en France.
Avec 388 lieux de culte le dimanche, c’est-à-dire plus de 4 par diocèses (204 « autorisés » et 184 desservis par la Fraternité Saint-Pie X et ses communautés amies (lefebvristes), la sensibilité tridentine, toutes tendances confondues, représente l’équivalent de deux diocèses français de moyenne importance. En plus des lieux de culte, elle dispose d’un réseau important d’écoles hors contrat (sans subvention) qui sont un vivier de vocations. Les prêtres qui célèbrent la messe de Saint-Pie V sont entre 250 et 300 (150 de la FSSPX) dont l’âge moyen est très inférieur à celui des prêtres en activité.
Les séminaristes pour la forme extraordinaire étaient 160 (dont environ quarante de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X) en 2008-2009 pour 740 séminaristes diocésains. Dans un ou deux ans, un séminariste sur quatre sera voué à la forme extraordinaire. Ordinations : en 2009, 15 prêtres français ont été ordonnés pour la forme extraordinaire (dont 6 pour la FSSPX). Le « taux de fécondité sacerdotal » du milieu traditionaliste est identique à celui du catholicisme français d’avant le Concile.
L’exception de Fréjus-Toulon : l’évêque, Mgr Rey, issu de la communauté de l’Emmanuel, profitant du fait qu’il succède à deux évêques très classiques, Mgr Barthe et Mgr Madec, tente une certaine fusion entre le monde traditionaliste et celui des communautés, qui arrivent du monde entier, notamment du Brésil. Ainsi a-t-il obtenu que son diocèse soit le mieux pourvu en prêtres (un par paroisse). Il compte 80 séminaristes (plus de 10 % des séminaristes français), dont une dizaine suit la forme extraordinaire. Quant à la vie religieuse, il y a un nombre croissant de communautés, toutes très jeunes, qui vont du charismatisme le plus débridé au traditionalisme le plus rigide. "
" La situation présente du catholicisme français présente deux spécificités qui pèsent énormément sur le moral de l’épiscopat :
1. Les 93 diocèses de la France métropolitaine sont en général dans un état catastrophique.
- Du point de vue des fidèles : la chute de la pratique religieuse, considérable dans les années 70, continue inexorablement. Les pratiquants sont très rares (4 % si « pratiquer » veut dire aller à la messe une fois par mois) et relativement âgés. Les jeunes et les familles nombreuses – les « forces vives » se portent bien dans les églises desservies par les communautés (mouvements) (Emmanuel, Frères de Saint-Jean, Communauté Saint-Martin, etc.) ou chez les traditionalistes. Les uniques endroits où la pratique se maintient de manière acceptable (malgré un nombre de messes qui a diminué d’au moins un tiers depuis les années 60) sont les quartiers bourgeois des villes. Le catholicisme français post-conciliaire est bourgeois, ayant perdu l’essentiel de la population rurale, atteinte par le modernisme ambiant.
- Par conséquent, les finances diocésaines sont extrêmement appauvries (on peut citer les cas de véritables faillites, comme celui du diocèse de Montpellier qui n’arrive même plus à payer ses prêtres). En France, depuis la séparation de l’Église et de l’État, le clergé vit uniquement de ce que donnent les fidèles (quêtes des messes, rentes, legs). Mais les rentes ont fondu et les legs qui constituaient la source la plus importante de financement pour les diocèses et les ordres religieux ont disparu dans les faits. Seuls en bénéficient les communautés et les traditionalistes. D’autre part, les charges ont considérablement augmenté (disparition du personnel gratuit, constitué de religieuses, le grand coût des mises aux normes exigées par la réglementation en vigueur pour les édifices). C’est pourquoi, sauf à Paris, le capital immobilier fond comme neige au soleil.
Le nombre de prêtres diocésains est seulement de 15.000 et son âge moyen dépasse les 75 ans. Chaque année, environ 800 disparaissent puisque que 100 sont ordonnés contre 900 qui meurent ou abandonnent. Pour quelques diocèses (Digne : 25 prêtres, Nevers 38, Auch, Saint-Claude, Gap, Pamiers, etc.), en dix ans, le nombre de prêtres en activité sera d’une dizaine tout au plus. Actuellement, les paroisses se regroupent en « paroisses regroupées » (il n’est pas rare qu’un prêtre unique ait à s’occuper de 10, 20 voire 40 églises, avec une aide minime de fidèles, des célébrations sans prêtre appelées ADAP, en particulier les enterrements presque toujours confiés à des laïcs). Pour prendre l’exemple d’un diocèse moyen, celui de Nîmes, il y a seulement 107 prêtres en activité, avec une moyenne d’âge élevée et 3 séminaristes.
- Les séminaristes. Ils étaient 4536 en 1966, 784 en 2005, 764 en 2006, 756 en 2007 et 740 en 2008. Des diocèses comme Pamiers, Belfort, Agen, Perpignan, etc., n’ont plus aucun séminariste. Les ordinations : Depuis la chute brutale dans les années suivant le Concile (825 ordinations diocésaines en 1956 et 99 en 1977), il y en eut dernièrement 90 en 2004, 98 en 2005, 94 en 2006, 101 en 2007 et 98 en 2008. Les séminaires [séminaristes ?] diocésains sont majoritairement très « classiques » et environ un quart des séminaristes proches du traditionalisme. Beaucoup de vocations sortent des Scouts d’Europe devenus les rivaux « de droite » des Scouts de France.
L’exception parisienne est en train de disparaître. Elle existait, dans les années 80 et jusqu’au début des années 90, grâce à la conjonction des charismes Jean-Paul II/Jean-Marie Lustiger. Le clergé était plus jeune, plus nombreux et l’économie prospère. Le nombre de séminaristes arrivait à 100. Mais aujourd’hui le nombre de prêtres descend dangereusement, les legs ont disparu et il y a seulement 52 séminaristes. Les ordinations parisiennes étaient 10 cette année (dont deux pour la communauté de l’Emmanuel). On en prévoit 7 pour 2010 et 4 pour 2011.
De fait, les diocèses français pour la plupart, s’ils étaient des administrations apostoliques en « pays de mission » n’auraient plus le nombre de prêtres suffisants pour pouvoir être érigés en diocèses. Logiquement un tiers d’entre eux devraient disparaître pour être regroupés dans les 15 prochaines années.
2. Le poids moral du traditionalisme est très important en France.
Avec 388 lieux de culte le dimanche, c’est-à-dire plus de 4 par diocèses (204 « autorisés » et 184 desservis par la Fraternité Saint-Pie X et ses communautés amies (lefebvristes), la sensibilité tridentine, toutes tendances confondues, représente l’équivalent de deux diocèses français de moyenne importance. En plus des lieux de culte, elle dispose d’un réseau important d’écoles hors contrat (sans subvention) qui sont un vivier de vocations. Les prêtres qui célèbrent la messe de Saint-Pie V sont entre 250 et 300 (150 de la FSSPX) dont l’âge moyen est très inférieur à celui des prêtres en activité.
Les séminaristes pour la forme extraordinaire étaient 160 (dont environ quarante de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X) en 2008-2009 pour 740 séminaristes diocésains. Dans un ou deux ans, un séminariste sur quatre sera voué à la forme extraordinaire. Ordinations : en 2009, 15 prêtres français ont été ordonnés pour la forme extraordinaire (dont 6 pour la FSSPX). Le « taux de fécondité sacerdotal » du milieu traditionaliste est identique à celui du catholicisme français d’avant le Concile.
L’exception de Fréjus-Toulon : l’évêque, Mgr Rey, issu de la communauté de l’Emmanuel, profitant du fait qu’il succède à deux évêques très classiques, Mgr Barthe et Mgr Madec, tente une certaine fusion entre le monde traditionaliste et celui des communautés, qui arrivent du monde entier, notamment du Brésil. Ainsi a-t-il obtenu que son diocèse soit le mieux pourvu en prêtres (un par paroisse). Il compte 80 séminaristes (plus de 10 % des séminaristes français), dont une dizaine suit la forme extraordinaire. Quant à la vie religieuse, il y a un nombre croissant de communautés, toutes très jeunes, qui vont du charismatisme le plus débridé au traditionalisme le plus rigide. "