SOURCE - Amanda Breuer Rivera - Le Monde des Religions - 9 décembre 2011
La pièce a déjà débuté, les CRS proposent d'escorter les manifestants pacifiques. Ils acceptent et une dizaine de personnes se mettent en route vers le barrage des forces de l'ordre destiné à stopper la procession partie de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet – église d'obédience "traditionaliste", lefebvriste, refusant le Vatican II – lancée par l'Institut intégriste catholique Civitas. Sur place, après des chants liturgiques et des "Jésus est vivant !", le secrétaire général de l'Institut Civitas, Alain Escada attend seul et de pied ferme la presse. Il ne cache pas que la finalité de ces processions – qui auront lieu à chaque représentation de la pièce du 8 au 17 décembre à Paris – est politique.
Il se réjouit de la mobilisation de 56 parlementaires contre la christianophobie, et des diocèses modérés obligés de prendre position face à l'étendue de la polémique. "Je constate que Monseigneur Vingt-Trois a organisé une veillée de prière ce soir à l'occasion de la première représentation de ce spectacle, c'est donc qu'il considère que le contenu de cette pièce pose problème." Le but de ces manifestations est le retrait des subventions publiques aux organismes culturels dans le cadre de "promotion à des spectacles au contenu offensant à une religion quelle qu'elle soit". Lorsque le thème de la laïcité est abordé, le secrétaire botte en touche et enchaîne sur une provocation : "Les chrétiens ne sont pas des citoyens de seconde zone, comme c'est le cas à travers le contenu de ce spectacle. Jamais on ne se permettrait vis-à-vis d'une autre religion, ce que l'on se permet ici vis-à-vis du christianisme."
Il ignore délibérément les tensions autour de la représentation du prophète de l'Islam dans la presse. Puis, des chants sacrés portés par le vent annoncent la venue de la procession. 1.400 manifestants – selon une source policière - s'avancent doucement vers le barrage policier. Un camion transportant la statue de la Vierge précède prêtres, moines, enfants de chœur et fidèles. Les drapeaux polonais et de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X - mouvement catholique intégriste, créé par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre - entre autres, claquent au vent. L'abbé Beauvais – prieur à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet – entame un discours : "La liberté d'expression brandie par les défenseurs du blasphème est un sophisme." Dans son prêche parsemé de "Diable", "satanique" et "Lucifer", il rappelle le bien fondé des actions qu'ils ont mené contre l'art blasphématoire : la photographie Piss Christ de Serrano - vandalisée en avril 2011, - la pièce de théâtre Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci – pertubée en octobre 2011 – et Golgota picnic de Rodrigo Garcia.
La foule constituée d'une large palette d'âge est émue et n'hésite pas à prier pour exorciser le démon présent dans le corps du directeur du théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes. A 22h30 passée, la foule se disperse dans la clameur, revigorée dans la "justesse de sa démarche". Pour Yannique, 23 ans et nullement choquée par la séance d'exorcisme, l'affaire est toute entendue : "Je n'ai pas réfléchi à la question de la présence du démon, mais pour moi, la pièce est blasphématoire. On ne critique pas la religion. Le dogme est incontestable et on n'a pas le droit de faire de la provocation." Une grande manifestation contre la christianophobie est prévue le dimanche 11 décembre sur la place d'Alma.
Pour la première de Golgota picnic de Rodrigo Garcia au théâtre du Rond-Point le 8 décembre 2011, le spectacle avait aussi lieu dehors.Devant le théâtre, un cortège de CRS accueillait les différents protagonistes. D'un côté, des spectateurs mondains ravis du ramdam autour de cette pièce controversée et le message de soutien de la ligue des droits de l'homme au théâtre, affiché à l'entrée. De l'autre, cinq petites femmes grisonnantes revêtues d'une cape rouge à l'effigie du Christ. Accompagnées d'autres fervents croyants, comme une dame africaine portant une statue du Christ en croix, elles fredonnent des chants liturgiques afin de supporter le froid et l'attente. Elles appartiennent à une paroisse polonaise, et elles sont venues spontanément afin de montrer leurs indignation et inquiétudes quant à l'éducation des jeunes enfants : "Comment peut-on blasphémer contre le Seigneur ?"
La pièce a déjà débuté, les CRS proposent d'escorter les manifestants pacifiques. Ils acceptent et une dizaine de personnes se mettent en route vers le barrage des forces de l'ordre destiné à stopper la procession partie de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet – église d'obédience "traditionaliste", lefebvriste, refusant le Vatican II – lancée par l'Institut intégriste catholique Civitas. Sur place, après des chants liturgiques et des "Jésus est vivant !", le secrétaire général de l'Institut Civitas, Alain Escada attend seul et de pied ferme la presse. Il ne cache pas que la finalité de ces processions – qui auront lieu à chaque représentation de la pièce du 8 au 17 décembre à Paris – est politique.
Il se réjouit de la mobilisation de 56 parlementaires contre la christianophobie, et des diocèses modérés obligés de prendre position face à l'étendue de la polémique. "Je constate que Monseigneur Vingt-Trois a organisé une veillée de prière ce soir à l'occasion de la première représentation de ce spectacle, c'est donc qu'il considère que le contenu de cette pièce pose problème." Le but de ces manifestations est le retrait des subventions publiques aux organismes culturels dans le cadre de "promotion à des spectacles au contenu offensant à une religion quelle qu'elle soit". Lorsque le thème de la laïcité est abordé, le secrétaire botte en touche et enchaîne sur une provocation : "Les chrétiens ne sont pas des citoyens de seconde zone, comme c'est le cas à travers le contenu de ce spectacle. Jamais on ne se permettrait vis-à-vis d'une autre religion, ce que l'on se permet ici vis-à-vis du christianisme."
Il ignore délibérément les tensions autour de la représentation du prophète de l'Islam dans la presse. Puis, des chants sacrés portés par le vent annoncent la venue de la procession. 1.400 manifestants – selon une source policière - s'avancent doucement vers le barrage policier. Un camion transportant la statue de la Vierge précède prêtres, moines, enfants de chœur et fidèles. Les drapeaux polonais et de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X - mouvement catholique intégriste, créé par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre - entre autres, claquent au vent. L'abbé Beauvais – prieur à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet – entame un discours : "La liberté d'expression brandie par les défenseurs du blasphème est un sophisme." Dans son prêche parsemé de "Diable", "satanique" et "Lucifer", il rappelle le bien fondé des actions qu'ils ont mené contre l'art blasphématoire : la photographie Piss Christ de Serrano - vandalisée en avril 2011, - la pièce de théâtre Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci – pertubée en octobre 2011 – et Golgota picnic de Rodrigo Garcia.
La foule constituée d'une large palette d'âge est émue et n'hésite pas à prier pour exorciser le démon présent dans le corps du directeur du théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes. A 22h30 passée, la foule se disperse dans la clameur, revigorée dans la "justesse de sa démarche". Pour Yannique, 23 ans et nullement choquée par la séance d'exorcisme, l'affaire est toute entendue : "Je n'ai pas réfléchi à la question de la présence du démon, mais pour moi, la pièce est blasphématoire. On ne critique pas la religion. Le dogme est incontestable et on n'a pas le droit de faire de la provocation." Une grande manifestation contre la christianophobie est prévue le dimanche 11 décembre sur la place d'Alma.