SOURCE - droitesextremes / Le Monde - 8 décembre 2011
C'est reparti. L'Institut Civitas appelle, chaque soir, à compter de ce jeudi 8 décembre, 22 heures, à des rassemblements "contre le contenu blasphématoire" de Golgota Picnic, la pièce de Rodrigo Garcia donnée jusqu'au 17 décembre, au théâtre du Rond Point à Paris. Jeudi soir, ils étaient ainsi plusieurs centaines de personnes ( Civitas dit 1200, nos estimations visuelles sont plus proches de 300 à 400) à se réunir à quelque mètres de la salle.
Voir ici la vidéo de la manifestation de jeudi soir à Paris.
Fin octobre, c'est ce même Institut qui avait été à l'origine des manifestations devant le Théâtre de la Ville, à l'occasion desquels la mouvance intégriste et nationale-catholique s'était efforcée, plus de dix jours durant, de perturber les représentations de "Sur le concept du visage du fils de Dieu" de Romeo Castellucci. Pas moins de trente plaintes ont été déposées par le Théatre de la ville, à la suite de ces incidents.
En raison de la disposition des lieux, de la proximité du théâtre du Rond Point avec le palais de l'Elysée et des menaces reçues par son directeur, le dispositif policier de protection était particulièrement impressionnant.
La Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), mouvement catholique intégriste, créé par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre et qui accapare depuis plus de trente ans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (à Paris), avait elle aussi été particulièrement active devant le théatre du Châtelet. Elle est également de la partie ce jeudi 8 décembre, ayant décidé de faire arriver sa procession annuelle de l'Immaculée Conception, au rond point des Champs Elysées. Il est vrai que l'abbé Beauvais, prieur de saint Nicolas du Chardonnet, est également membre de Civitas.
L'engagement municipal pour 2014
Avec "la dénonciation de la christianophobie", l'Institut Civitas qui s'appuie sur la FSSPX , laquelle s'appuie en cascade sur deux groupuscules d'extrême droite contre-révolutionnaire, le Renouveau français et l'Action Française, entend fédérer la mouvance nationale-catholique.
Son secrétaire général, Alain Escada, nourrit quelques ambitions pour le courant national-catholique dans la perspective des municipales de 2014. En janvier, l'un des cadres de l'Institut, l'abbé Cacqueray a vendu la mèche dans un texte intitulé L'engagement municipal de 2014 : un devoir pour les catholiques. Il écrivait : "Est-il de peu d’importance que l’administration des communes soit toujours laissée à ceux qui ne sont pas de vrais et fervents catholiques ? Est-il de peu d’importance qu’elles soient administrées, sur toute la France, par des dizaines de milliers d’hommes qui sont indifférents ou hostiles au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Il y aura sans doute en 2014 des centaines, voire des milliers de nouveaux élus musulmans qui décupleront l’expansion de l’Islam. Cela n’a-t-il pas d’importance ? N’y a-t-il rien à faire ?".
Le 8 mai 2011, lors de son défilé en hommage à Jeanne d'Arc, l'Institut par la voix d'Alain Escada se disait prêt à dresser une liste noire des "hommes et femmes politiques qui doivent disparaitre de la scène publique en raison de leur comportement ouvertement christianophobe".
Plusieurs figures de l'extrême droite nationale catholique musclée sont passées par cet Institut. C'est le cas de Franck Abed, proche des Phalanges libanaises, ou de Fabrice Sorlin,qui est apparu brièvement en 2009 sous les feux de l'actualité après qu'une émission de télévision eut mis en avant son rôle au sein de l'association extrémiste bordelaise Dies Irae, auquel étaient prêtés des pratiques paramilitaires et des discours racistes.
L'Institut Civitas se veut une nouvelle Cité catholique, mouvement qui connut une certaine influence dans les années cinquante et soixante .La Cité catholique de Jean Ousset se vit à l'époque "comme une école de cadres catholiques, ayant pour but d'éclairer, de susciter, animer, tout ce qui peut tendre à promouvoir une renaissance authentiquement française- donc catholique-dans l'ordre temporel", explique Marie-Monique Robin dans sa remarquable enquête Escadrons de la mort, l'école française (La Découverte).
La Cité Catholique publiera une revue, Verbe, qui sera lue aux fins fonds des djebels algériens et inspirera de nombreux officiers français, théoriciens et praticiens de la "guerre contre-révolutionnaire" en Algérie. Via les réseaux d'anciens OAS, elle influencera également les militaires argentins dans leur guerre antisubversive, raconte encore Marie-Monique Robin.
Comme la Cité, l'Institut Civitas vise à recruter "une élite" et attache une importance particulière aux milieux militaires. Plusieurs généraux de réserve parrainent son action.
L'activisme de Civitas et de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X est peu du goût des autorités de l'Eglise préoccupées par les visées politiques poursuivies par ces deux structures.
Pour éviter que certaines de ses ouailles, choquées par la pièce de Rodrigo Garcia, ne se fassent entrainer dans les rassemblements de Civitas, Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a appelé à une veillée de prière à Notre-Dame de Paris, jeudi soir. Il indique dans un entretien publié le jour même dans le Parisien: "Ceux qui parlent de christianophobie utilisent un vocabulaire inadapté (...) Considérons plutôt les vraies victimes d’attaques antichrétiennes : au Moyen-Orient ou au Pakistan. Oui, là-bas les chrétiens paient de leur vie leur appartenance à l’Eglise. Mais en France, de grâce, ne mélangeons pas tout. Même si elle fait souffrir, la dérision n’est pas une persécution physique…"
A l'appel de la Ligue des droits de l'homme et de plusieurs formations de gauche et d'extrême gauche, un rassemblement de soutien au Théâtre du Rond Point a eu lieu jeudi en fin d'après midi, avant la représentation, en bas des Champs Elysées. Jean-Michel Ribes, le directeur de la salle, a pris la parole. Manuel Valls, l'un des principaux lieutenants François Hollande est venu au nom du candidat socialiste.
L'Institut Civitas a par ailleurs prévu d'organiser, dimanche 11 décembre à Paris, sa deuxième manifestation "nationale" contre la christianophobie en un peu plus d'un mois.
C'est reparti. L'Institut Civitas appelle, chaque soir, à compter de ce jeudi 8 décembre, 22 heures, à des rassemblements "contre le contenu blasphématoire" de Golgota Picnic, la pièce de Rodrigo Garcia donnée jusqu'au 17 décembre, au théâtre du Rond Point à Paris. Jeudi soir, ils étaient ainsi plusieurs centaines de personnes ( Civitas dit 1200, nos estimations visuelles sont plus proches de 300 à 400) à se réunir à quelque mètres de la salle.
Voir ici la vidéo de la manifestation de jeudi soir à Paris.
Fin octobre, c'est ce même Institut qui avait été à l'origine des manifestations devant le Théâtre de la Ville, à l'occasion desquels la mouvance intégriste et nationale-catholique s'était efforcée, plus de dix jours durant, de perturber les représentations de "Sur le concept du visage du fils de Dieu" de Romeo Castellucci. Pas moins de trente plaintes ont été déposées par le Théatre de la ville, à la suite de ces incidents.
En raison de la disposition des lieux, de la proximité du théâtre du Rond Point avec le palais de l'Elysée et des menaces reçues par son directeur, le dispositif policier de protection était particulièrement impressionnant.
La Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), mouvement catholique intégriste, créé par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre et qui accapare depuis plus de trente ans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (à Paris), avait elle aussi été particulièrement active devant le théatre du Châtelet. Elle est également de la partie ce jeudi 8 décembre, ayant décidé de faire arriver sa procession annuelle de l'Immaculée Conception, au rond point des Champs Elysées. Il est vrai que l'abbé Beauvais, prieur de saint Nicolas du Chardonnet, est également membre de Civitas.
L'engagement municipal pour 2014
Avec "la dénonciation de la christianophobie", l'Institut Civitas qui s'appuie sur la FSSPX , laquelle s'appuie en cascade sur deux groupuscules d'extrême droite contre-révolutionnaire, le Renouveau français et l'Action Française, entend fédérer la mouvance nationale-catholique.
Son secrétaire général, Alain Escada, nourrit quelques ambitions pour le courant national-catholique dans la perspective des municipales de 2014. En janvier, l'un des cadres de l'Institut, l'abbé Cacqueray a vendu la mèche dans un texte intitulé L'engagement municipal de 2014 : un devoir pour les catholiques. Il écrivait : "Est-il de peu d’importance que l’administration des communes soit toujours laissée à ceux qui ne sont pas de vrais et fervents catholiques ? Est-il de peu d’importance qu’elles soient administrées, sur toute la France, par des dizaines de milliers d’hommes qui sont indifférents ou hostiles au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Il y aura sans doute en 2014 des centaines, voire des milliers de nouveaux élus musulmans qui décupleront l’expansion de l’Islam. Cela n’a-t-il pas d’importance ? N’y a-t-il rien à faire ?".
Le 8 mai 2011, lors de son défilé en hommage à Jeanne d'Arc, l'Institut par la voix d'Alain Escada se disait prêt à dresser une liste noire des "hommes et femmes politiques qui doivent disparaitre de la scène publique en raison de leur comportement ouvertement christianophobe".
Plusieurs figures de l'extrême droite nationale catholique musclée sont passées par cet Institut. C'est le cas de Franck Abed, proche des Phalanges libanaises, ou de Fabrice Sorlin,qui est apparu brièvement en 2009 sous les feux de l'actualité après qu'une émission de télévision eut mis en avant son rôle au sein de l'association extrémiste bordelaise Dies Irae, auquel étaient prêtés des pratiques paramilitaires et des discours racistes.
L'Institut Civitas se veut une nouvelle Cité catholique, mouvement qui connut une certaine influence dans les années cinquante et soixante .La Cité catholique de Jean Ousset se vit à l'époque "comme une école de cadres catholiques, ayant pour but d'éclairer, de susciter, animer, tout ce qui peut tendre à promouvoir une renaissance authentiquement française- donc catholique-dans l'ordre temporel", explique Marie-Monique Robin dans sa remarquable enquête Escadrons de la mort, l'école française (La Découverte).
La Cité Catholique publiera une revue, Verbe, qui sera lue aux fins fonds des djebels algériens et inspirera de nombreux officiers français, théoriciens et praticiens de la "guerre contre-révolutionnaire" en Algérie. Via les réseaux d'anciens OAS, elle influencera également les militaires argentins dans leur guerre antisubversive, raconte encore Marie-Monique Robin.
Comme la Cité, l'Institut Civitas vise à recruter "une élite" et attache une importance particulière aux milieux militaires. Plusieurs généraux de réserve parrainent son action.
L'activisme de Civitas et de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X est peu du goût des autorités de l'Eglise préoccupées par les visées politiques poursuivies par ces deux structures.
Pour éviter que certaines de ses ouailles, choquées par la pièce de Rodrigo Garcia, ne se fassent entrainer dans les rassemblements de Civitas, Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a appelé à une veillée de prière à Notre-Dame de Paris, jeudi soir. Il indique dans un entretien publié le jour même dans le Parisien: "Ceux qui parlent de christianophobie utilisent un vocabulaire inadapté (...) Considérons plutôt les vraies victimes d’attaques antichrétiennes : au Moyen-Orient ou au Pakistan. Oui, là-bas les chrétiens paient de leur vie leur appartenance à l’Eglise. Mais en France, de grâce, ne mélangeons pas tout. Même si elle fait souffrir, la dérision n’est pas une persécution physique…"
A l'appel de la Ligue des droits de l'homme et de plusieurs formations de gauche et d'extrême gauche, un rassemblement de soutien au Théâtre du Rond Point a eu lieu jeudi en fin d'après midi, avant la représentation, en bas des Champs Elysées. Jean-Michel Ribes, le directeur de la salle, a pris la parole. Manuel Valls, l'un des principaux lieutenants François Hollande est venu au nom du candidat socialiste.
L'Institut Civitas a par ailleurs prévu d'organiser, dimanche 11 décembre à Paris, sa deuxième manifestation "nationale" contre la christianophobie en un peu plus d'un mois.