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4 novembre 2006 - Jean-Michel Thenard - liberation.fr |
Flatterie Par Jean-Michel THENARD QUOTIDIEN : samedi 4 novembre 2006 La messe sans le latin que chantait Brassens n'en finit pas «d'emmerder» ... l'Eglise. Plus de quarante ans après le concile de Vatican II, Benoît XVI songe à renouer avec un logiciel d'avant l'informatique : la liturgie selon le rite de saint Pie V. De quoi conforter la réputation d'un pape dont le conservatisme n'en finit pas d'agiter les prie-dieu. Après avoir échauffé le monde musulman au sortir de l'été, le voilà qui provoque à l'automne la fille aînée de l'Eglise. La rumeur venue de Rome l'annonce prêt à signer un décret pour faciliter la célébration de la messe en latin. Exactement ce que réclament de toute éternité les intégristes adeptes de Mgr Lefebvre, excommunié en 1988 par Jean Paul II. Son fils spirituel, l'abbé Philippe Laguérie, spécialiste de l'occupation forcée d'églises, applaudit avec tous les croisés de la chrétienté qui aiment à flirter avec l'extrême droite lepéniste. A l'inverse, nombre d'évêques se disent «préoccupés» par un biritualisme qui mettrait l'Eglise catholique dans une situation chaotique. Benoît XVI rêve de rassembler ses ouailles et de mettre fin à un schisme ; il réussit pour l'heure à pousser les feux de la révolte dans l'épiscopat hexagonal. Combat-on les intégristes en cédant à leur revendication ? La question est d'importance à l'heure où l'intégrisme est un mal en expansion. En flattant les siens, le Vatican prend le risque de les renforcer. Et de laisser penser que le dialogue oecuménique qu'abhorrent les traditionalistes doit céder le pas devant la nécessité de serrer les rangs, religion contre religion, dans un nouveau choc des civilisations. Quand les esprits ont besoin de s'ouvrir, l'Eglise catholique peut-elle donner l'image d'une institution qui se ferme sur son passé et tourne le dos à la modernité ? |