SOURCE - Sophie Lemaire - 20 Minutes - 7 novembre 2006
Pas facile d'oublier les divergences du passé, même au sein de l'Eglise. Près de deux mois après la main tendue du pape Benoit XVI aux traditionalistes de Saint-Eloi, leur statut vis-à-vis du diocèse de Bordeaux n'est toujours pas réglé. Erigé par le pape et dirigé par l'abbé Philippe Laguérie, l'Institut du Bon Pasteur – autorisé à suivre une liturgie antérieure à Vatican II (1962-1965) – ne dépend que de Rome pour son fonctionnement interne. Mais sa constitution en « paroisse personnelle » nécessite une convention avec le diocèse. « C'est seulement à partir de cet accord que l'église Saint-Eloi pourra être mise – pour un temps – à disposition de cette paroisse personnelle », expliquait début octobre le cardinal-évêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard. « Il n'y a aucune raison pour que les discussions n'aboutissent pas, affirme de son côté l'abbé Laguérie. J'ai même des contacts avec plusieurs évêques pour faire ordonner des prêtres dans le rite traditionnel. » Le diocèse affiche, lui, un enthousiasme plus modéré. « Les premiers contacts ont été pris, explique le père Jean Rouet, vicaire général de Bordeaux. Mais il nous faut du temps pour trouver le bon point de départ. » Comme lui, d'autres prêtres et laïcs engagés dans la vie du diocèse ont exprimé leur « émotion ». Alors que la décision du Pape de tendre la main aux traditionalistes suscite l'émoi au sein de l'Eglise de France, Bordeaux semble cristalliser le débat. « On ne peut oublier la violence qui a marqué les relations des occupants de Saint-Eloi avec l'église diocésaine », a rappelé l'évêque. En guise de nouveau départ, il demande à Philippe Laguérie une lettre « de regrets et de communion à l'église qui l'accueille ». « Je veux bien exprimer cette communion, mais je ne vois pas pourquoi je regretterais d'avoir restauré Saint-Eloi et d'en avoir fait une belle église avec 700 fidèles », répond l'abbé.