A Paris, l'Institut du Bon Pasteur fait salle comble |
22 novembre 2006 - Jeanne Smits - present.fr mise en ligne par unavoce.fr |
A Paris, l'Institut du Bon Pasteur fait salle comble Archicomble, même ! Il n’y avait pas assez de chaises, et même pas assez de place pour les retardataires debout, en la grande salle de la Mutualité, lundi soir, pour accueillir le gros millier de personnes qui ont participé au « IIe Carrefour apostolique» organisé autour du thème « La Tradition catholique, notre bien commun :ensemble pour la paix de l’Eglise ». L’Institut du Bon Pasteur (IBP), qui en était le maître d’œuvre, a signé là un vrai succès qui tenait autant à la grande diversité des participants qu’à la preuve apportée de la possibilité d’un débat, dans l’Eglise, sur des questions qui naguère fâchaient trop. Ce qui frappait, c’était le souffle de joie et d’enthousiasme : la« guerre de 70 » serait-elle vraiment terminée, comme l’affirme l’abbé de Tanoüarn ? Il est certain que les défenseurs du rite traditionnel de la« messe grégorienne » jouissent d’une nouvelle considération fondée davantage sur la justesse de leur combat et de leurs demandes que sur une volonté d’arrondir les angles – en témoigne le discours de Benoît XVI à la Curie le 22 décembre dernier, qui fut évidemment beaucoup évoqué. Ce qui frappait encore, c’était le fait que des catholiques de diverses« chapelles » puissent se retrouver désormais, clercs compris, dans une atmosphère cordiale où l’on n’évacue pas pour autant les questions épineuses. La Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi, les Dominicains de Chéméré…étaient tous représentés. Bon nombre des intervenants se révélèrent unis non pas dans une sorte de satisfaction aveugle, mais désireux de parler de doctrine, des difficultés de Vatican II, de la liberté de conscience, du sens qu’il faut donner à l’oecuménisme ou encore des rapports entre l’Eglise et l’Etat. Une liberté de parole qui était au fond facilitée par la formule – impensable il y a un an encore – des débats où avaient accepté de venir des personnalités aussi diverses que Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, Gérard Leclerc (France catholique ) ou le Père Michel Lelong, partisan du « dialogue interrreligieux » entre les catholiques de tradition et les autres. Leurs interpellations obligeaient à une clarification. Elles étaient aussi le signe indirect du « droit de cité »de la liturgie traditionnelle. Une première table ronde, avec l’abbé de Tanoüarn et Philippe Maxence (L’Homme nouveau), fut l’occasion de souligner ce que Benoît XVI a déjà fait en faveur d’un retour au véritable esprit de la liturgie et de la remise à l’honneur de l’interprétation des textes, du Concile Vatican II notamment, à la lumière et dans le respect de la tradition bi-millénaire de l’Eglise. Philippe Maxence fit applaudir le Saint-Père, longuement, debout, pour ce qu’il a déjà donné à tous ceux qui ont tant souffert de l’éclipse de la Tradition. J’essayai quant à moi de montrer que, s’il est encore trop tôt pour remercier Benoît XVI d’un motu poprio qui se fait attendre, ses écrits et ses actes tendent à recentrer la liturgie sur Dieu, dans une démarche qui fait quarante ans réclament « le catéchisme, l’Ecriture et la Messe »… L’abbé Christophe Héry (IBP), notre Rémi Fontaine et Olivier Pichon (directeur de Monde et Vie) répondaient pour leur part aux« Evêques de France » après l’Assemblée de Lourdes. Notamment à l’affirmation par le cardinal Ricard selon laquelle « il faut résister à la tentation d’une “religion à la carte” », à quoi Rémi Fontaine répondait: « S’il y a bien une religion à la carte c’est celle du nouveau rite(polymorphe) et non celle de l’ancien! » Mais ce fut aussi l’occasion pour Olivier Pichon de dire la nouvelle fermeté que l’on a pu voir dans des affaires aussi emblématiques que celle de l’enseignement catholique (Mgr Cattenoz) et du Téléthon(Mgr Rey). Ne croyons pas le Saint-Père prêt à enterrer Vatican II, dit ensuite en substance l’abbé Claude Barthe –mais il montra que la balance générale, à travers les actes et les nominations du Saint-Père, permettent d’espérer une sortie de la modernité. Deux grands débats clôturèrent la soirée, celui entre l’abbé Laguérie, Jean-Pierre Denis, Gérard Leclerc et Bruno Larebière (Le Choc du Mois) et celui réunissant l’abbé Sébastien Leclère, professeur à Wigratzbad, le père Lelong et l’abbé de Tanoüarn. Tout n’est pas gagné, certes. Mais comme les choses changent ! |