SOURCE - Jean-Marie Guénois - La Croix - 9 novembre 2006
Au terme de leur Assemblée plénière, les évêques de France ont adressé jeudi 9 novembre un message de soutien à leur président, le cardinal Jean-Pierre Ricard, sur le dossier des intégristes. Réaffirmant leur communion avec le pape et leur souci d'accueil des lefebvristes, ils soulignent leur attachement au Concile
Une vraie surprise. Juste avant de conclure son Assemblée, jeudi 9 novembre à Lourdes, la Conférence des évêques de France (CEF) a rendu public un message à son président, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Message de confiance et de soutien pour l’aider dans la tâche qui l’attend à Rome.
Au sein de la commission Ecclesia Dei, chargée du dossier des lefebvristes, et dont il est membre, il va discuter du fameux motu proprio qui défraye la chronique puisqu’il instituerait la possibilité, pour tout prêtre catholique, de célébrer selon le rite de saint Pie V.
Sur la forme, affirment les évêques les plus anciens, cela fait bien une vingtaine d’années que la décision d’écrire une telle lettre ouverte de soutien n’avait pas été prise. C’est dire l’importance que l’épiscopat donne à cette affaire. Unanimement d’ailleurs, ou presque, puisque ce message a été voté à la « quasi-unanimité » de l’assemblée selon la confidence même du cardinal Ricard.
Une vraie surprise. Juste avant de conclure son Assemblée, jeudi 9 novembre à Lourdes, la Conférence des évêques de France (CEF) a rendu public un message à son président, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Message de confiance et de soutien pour l’aider dans la tâche qui l’attend à Rome.
Au sein de la commission Ecclesia Dei, chargée du dossier des lefebvristes, et dont il est membre, il va discuter du fameux motu proprio qui défraye la chronique puisqu’il instituerait la possibilité, pour tout prêtre catholique, de célébrer selon le rite de saint Pie V.
Sur la forme, affirment les évêques les plus anciens, cela fait bien une vingtaine d’années que la décision d’écrire une telle lettre ouverte de soutien n’avait pas été prise. C’est dire l’importance que l’épiscopat donne à cette affaire. Unanimement d’ailleurs, ou presque, puisque ce message a été voté à la « quasi-unanimité » de l’assemblée selon la confidence même du cardinal Ricard.
Un « geste d’assentiment sans équivoque » au Magistère de l’Église
Malgré des propos rassurants, il reflète la « vigilance active » des évêques, selon les propos de Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse et président de la Commission épiscopale pour la liturgie.
Sur le fond, le texte réaffirme «la communion» des évêques avec le pape, les «richesses» du concile Vatican II, la volonté «d’accueil» des fidèles séparés, «l’attachement à la rénovation liturgique», mais énonce deux conditions pour la «réconciliation» désirée : que les fidèles séparés posent un «geste d’assentiment sans équivoque» au Magistère de l’Église, et que la résolution de la question liturgique se fasse dans «la vérité», sans la séparer de l’ensemble de l’enseignement de l’Église.
Par ce geste, les évêques de France entendent appuyer leur président, mais sans s’opposer à Rome. « Cette opposition n’existe pas, affirmait jeudi Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun. Nos applaudissements sont un acte de foi dans l’Église et ce texte est une manière d’exercer notre responsabilité : profonde communion avec le pape, mais possibilité de débattre sur la particularité de la France et le risque d’introduire une subjectivité liturgique dans l’Église. »
"Une souffrance de pères, de pasteurs"
Même souci chez Mgr Christophe Dufour (Limoges) : « La racine de ce débat est une souffrance de pères, de pasteurs : nous demandons à être respectés dans ce travail patient de réconciliation que nous menons dans nos diocèses auprès de ceux qui ont cette sensibilité ecclésiale. » Mais sans opposition au pape, souligne Mgr Jean-Louis Papin (Nancy), vice-président de la CEF, pour qui « les évêques ne sont pas de simples préfets : la collégialité ne s’exerce pas seulement en aval, mais en amont des décisions ».
Participer à la décision, voilà l’enjeu. Sans tomber dans « le piège médiatique », prévient Mgr Michel Dubost (Évry). Et comme insiste Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont : « S’exprimer, mais ne pas donner plus d’importance qu’il n’en a à ce dossier. »
En attendant, le cardinal Ricard, qui a résumé la position de l’Église de France en six points dans son discours de clôture, entend lutter contre « une religion à la carte ». Et même s’il récuse « les stratégies à mener » ou les « combats à livrer », le voilà plus que conforté par ses pairs dans les discussions qu’il va mener à Rome.
Ce n’est donc plus l’une ou l’autre province ecclésiastique qui a pris position, mais l’ensemble des évêques de France : « J’accueille cela comme un geste de confiance, témoignait l’archevêque de Bordeaux jeudi en quittant l’hémicycle. Ce message, sans donner de consignes, exprime des convictions pour exercer ma responsabilité comme président de la Conférence des évêques et comme membre de la commission Ecclesia Dei. Il me donne des éléments pour analyser et me positionner par rapport au texte qui devrait être proposé. »