Quatre jours après avoir levé l'excommunication d'un groupe d'évêques intégristes -dont un négationniste-, le pape Benoît XVI a exprimé mercredi sa "solidarité pleine et incontestable" avec les juifs.
Ces propos du pape n'ont pas suffi à calmer la colère de la communauté juive. Quelques heures après cette tentative d'apaisement, le grand rabbinat d'Israël, plus haute instance du judaïsme dans le pays, a annoncé la rupture de ses relations avec le Vatican pour protester contre la réintégration de ces évêques.
Samedi, Benoît XVI a notamment réintégré dans l'Eglise catholique l'évêque intégriste et révisionniste britannique Richard Williamson, qui a encore nié récemment l'extermination de six millions de juifs dans les camps de concentration nazis et l'existence des chambres à gaz.
Mercredi, le souverain pontife s'exprimait au cours de son audience générale hebdomadaire au Vatican en présence de plusieurs milliers de fidèles et pèlerins.
"En réaffirmant (s)a solidarité pleine et incontestable avec nos frères (juifs)", Benoît XVI a souhaité "que la Shoah puisse servir à chacun d'avertissement contre l'oubli, la négation et une approche réductrice".
Les quatre évêques intégristes réintégrés samedi par Benoît XVI avait été excommuniés par Jean Paul II après avoir été ordonnés en 1988, sans le consentement de Rome, par Mgr Marcel Lefebvre, le défunt archevêque français ultraconservateur. Le Vatican avait alors qualifié cette initiative de "schisme"
Les évêques "lefebvristes" concernés sont le Suisse Bernard Fellay, l'Espagnol Alfonso de Gallareta, le Français Bernard Tissier de Mallerais et le Britannique Richard Williamson, regroupés au sein de la Fraternité Saint Pie X, un groupuscule traditionaliste opposé aux enseignements libéraux du concile Vatican II.
Dans une interview accordée en novembre dernier mais diffusée la semaine dernière par la télévision suédoise, Richard Williamson avait affirmé que les preuves historiques allaient "massivement à l'encontre du gazage délibéré de six millions de juifs dans des chambres à gaz comme politique délibérée d'Adolf Hitler".
Richard Williamson prétend que tout au plus "entre 200.000 et 300.000 personnes ont péri dans les camps de concentration nazis, mais pas une seule d'entre elles par gazage dans les chambres à gaz".
Le Saint-Siège a tenté de prendre ses distances avec les déclarations de l'évêque britannique en expliquant de façon quelque peu embarrassée que la levée d'excommunication ne signifiait nullement que le Vatican partageait ses vues.
Mercredi, le grand rabbinat d'Israël a adressé une lettre au Saint-Siège exprimant son "chagrin" et sa "douleur" après la réhabilitation décidée par le pape. "Il sera très difficile pour le grand rabbinat d'Israël de poursuivre comme auparavant son dialogue avec le Vatican". AP |