26 janvier 2009





Polémique après le retour des évêques lefebvristes
26/01/2009 - Jean-Marie Guénois - lefigaro.fr
Au lendemain de la levée par Benoît XVI de l'excommunication de quatre évêquesintégristes, les propos négationnistes tenus par l'un d'entre eux, Mgr RichardWilliamson, attisent la polémique.La polémique est mondiale. Les propos négationnistes de Mgr RichardWilliamson, un des quatre évêques lefebvristes qui a bénéficié, samedi, dela levée romaine de l'excommunication qui les frappait depuis 1988, ne passentpas.
Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, a certespris ses distances - «Je déplore ses propos, ils n'engagent pas la Fraternité»-, mais le cardinal André Vingt-Trois, président de la conférence des évêquesde France, a reconnu, samedi, «qu'un certain nombre de catholiques vont avoirune arête en travers de la gorge devant les propos de Williamson. Moi aussi,j'ai une arête en travers de la gorge. »
La communauté juive, à l'image de beaucoup, est profondément scandalisée.Le rabbin David Rosen, président du Comité juif international pour lesconsultations interreligieuses, a même estimé que «tant que le Vaticann'exige pas la rétractation (de ces propos), c'est l'Église tout entière quiest contaminée». Le parquet de Ratisbonne, en Allemagne, a ouvert une enquêtepénale à l'encontre de l'évêque.
Dimanche, Benoît XVI, lors de l'angelus dominical, a choisi de ne pas entrerdans cette polémique ni même de commenter sa décision alors que cerendez-vous hebdomadaire donne souvent lieu à des observations publiques surl'actualité.
À la même heure, en revanche, les conversations de sorties de messesallaient bon train sur les parvis entre catholiques. À Paris, dans les deuxparoisses les plus symboliques de cette affaire, les sentiments étaient trèsdifférents mais l'embarras était commun. À Saint-Nicolas-du-Chardonnet lessourires dominaient. Agnès et Franck Lobignat, jeune couple avec deux enfants,se disaient «ravis» de la levée de l'excommunication, mais en «totale désolidarisation»devant les thèses de Mgr Williamson. «Il n'a pas du tout le soutien desfidèles de la Fraternité», précisaient-ils.
Doublement sonné
A quelques centaines de mètres, Bertrand Cavalier, un des piliers de laparoisse Saint-Séverin, témoin, à l'époque, des «grandes souffrances» dela crise qui déchira les fidèles de ce qui était alors une paroisse unique endeux églises, confiait, un brin résigné : «Qui ne souhaite pas se réconcilier ?»Mais ajoutait «ça nous laisse un peu d'incompréhension». Sans parler de sonmalaise profond pour l'affaire Williamson qui ajoutait nettement au trouble.
Plus largement, les évêques de France, partageant cette totale réprobationdes propos de Mgr Williamson, évitaient de se prononcer publiquement avantd'évaluer les conséquences théologiques et pastorales posées par cette décisionpapale qui les a tous pris de court.
Aucun, en effet, n'en a été informé au préalable. Il n'y a pas eu, commeen 2007, une lettre spécifique que Benoît XVI avait pris soin de leur écrirepour leur expliquer sa décision de rétablir la messe du missel de 1962 (diteen latin) comme «rite extraordinaire» dans l'Église.
Une Église de France doublement sonnée donc. Par la polémique Williamson -cet anglican converti, redouté au sein même de la Fraternité Saint Pie X,pour ses déclarations extrêmes - et par «la secousse» que le cardinal AndréVingt-Trois a reconnue. Même si, constatait un autre évêque : ce chocest diversement ressenti «selon les générations» qui ont connu ou pas lacrise intégriste.