SOURCE - Nicolas Senèze - La Croix - 25 janvier 2009
Les quatre visages des évêques concernés par la levée des excommunications
Mgr Bernard Fellay, Mgr Tissier de Mallerais, Mgr Richard Williamson et Mgr Alfonso de Gallareta avaient été consacrés évêques sans mandat pontifical par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988, encourant l’excommunication latae sententiae, prononcée formellement par la Congrégation pour les évêques le lendemain
Mgr Bernard Fellay, le patron
Aussi affable et précis dans le propos que ferme sur le fond, Mgr Bernard Fellay, 51 ans, est depuis 1994 supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X. Originaire du Valais suisse, il grandit tout près du séminaire d’Écône où il entre en 1977.
Ordonné prêtre en 1982 par Mgr Lefebvre, il est d’abord économe général de la Fraternité avant de succéder à l’abbé Franz Schmidberger à sa tête. Réélu supérieur général en 2006 et basé à Menzingen (Suisse), il est le principal interlocuteur intégriste de Benoît XVI et du cardinal Castrillon Hoyos, en charge du dossier au Vatican.
C’est lui que le pape avait reçu, dès août 2005, à Castel Gandolfo. Maniant habilement le chaud et le froid, les déclarations enflammées autant que les paroles rassurantes, il apparaît comme le tenant d’une ligne « centriste » au sein de la Fraternité, ouverte au dialogue avec Rome, mais sans jamais transiger avec les principes fondamentaux de la pensée lefebvriste.
Bernard Tissier de Mallerais, l’intellectuel
Issu d’une famille de tradition maurrassienne – son grand-père était secrétaire particulier de Charles Maurras –, Bernard Tissier de Mallerais, 63 ans, fut l’un des premiers séminaristes que Mgr Lefebvre accueillit en octobre 1969 dans le séminaire qu’il venait de fonder à Fribourg. Ordonné prêtre en 1975 à Écône, il demeure alors au séminaire où il est successivement professeur, sous-directeur puis directeur.
Désigné secrétaire général de la Fraternité Saint-Pie-X en 1984, il le reste jusqu’en 1996, date à laquelle il se consacre à un livre sur Mgr Lefebvre, qui constitue aujourd’hui une biographie de référence.
En 1991, il avait pris la tête d’une « commission canonique » chargée de se substituer aux tribunaux ecclésiastiques diocésains, auxquels les fidèles liés à la Fraternité ne peuvent faire appel. Cet intellectuel réside aujourd’hui à Écône, où il poursuit un travail de critique de Vatican II, notamment en ce qui concerne le principe de la liberté religieuse affirmé par l’Église au Concile.
Alfonso de Galarreta, le discret
C’est le plus discret des quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre en 1988. Né en 1957 à Torrelavega (nord de l’Espagne), Alfonso de Galarreta émigre à l’âge de 4 ans en Argentine avec sa famille.
En 1975, il entre au séminaire de La Plata (dont l’archevêque, Mgr Antonio José Plaza, sera un soutien actif de la junte argentine) avant de rejoindre en 1978, Écône et le mouvement lefebvriste. Ordonné prêtre en 1980, il revient en Argentine pour enseigner au séminaire de la Fraternité à La Reja, près de Buenos Aires.
Supérieur du district d’Amérique du Sud de 1985 à 1988, il prend en 1989 la direction du séminaire de la Reja. Second assistant général de la Fraternité de 1994 à 2006, il réside aujourd’hui à Madrid où il dirige les activités intégristes en Espagne et au Portugal. Considéré comme plus proche de Mgr Williamson que de Mgr Fellay, Mgr de Galarreta a plusieurs fois émis des doutes sur la possibilité d’un accord doctrinal avec Rome.
Richard Williamson, l’extrémiste
Celui qui s’est fait remarquer pour ses propos niant l’existence des chambres à gaz nazies, la semaine dernière à la télévision suédoise, est un habitué des déclarations outrancières.
Né en 1940 à Londres, diplômé de Cambridge, Richard Williamson enseigne d’abord la littérature au Ghana. Anglican passé au catholicisme, il est novice chez les oratoriens avant d’entrer au séminaire d’Écône en 1972.
Après son ordination en 1976, il part enseigner au séminaire américain de la Fraternité à Winona (Minnesota). En 2003, il prend la direction du séminaire argentin de La Reja, près de Buenos Aires. Au sein de la Fraternité, il apparaît comme le principal opposant à Mgr Fellay et le tenant de la ligne la plus dure, frôlant parfois le sedevacantisme (refus de reconnaître le pape comme successeur authentique de Pierre).
Ce polémiste, qui se plaît à citer le ‘Protocole des Sages de Sion’, s’en prend régulièrement à la « Rome moderniste », voyant dans Vatican II l’œuvre d’un complot judéo-maçonnique contre l’Église.
Nicolas SENEZE