Papauté - Des brebis galeuses réintègrent la bergerieLe pape Benoît, 16e du nom, vient d'annuler l'excommunication touchantquatre évêques ultra-conservateurs et qui avaient été ordonnés par l'intégristefrançais Lefebvre. Parmi eux, l'Anglais Williamson, dont on apprend àl'occasion qu'il défend des thèses négationistes, prétendant entre autresqu'aucun déporté juif ne serait mort dans les chambres à gaz des camps deconcentration nazis.
La réintégration de ces intégristes dans le giron de l'Église officielleconstitue un geste significatif de la part du successeur de Jean-Paul II, maisqui ne surprendra que ceux qui croyaient que l'Église catholique s'était véritablementouverte à une prétendue modernité, sous prétexte qu' il y a quelques annéesle concile Vatican II avait décidé que les prêtres ne seraient plus obligésde porter la soutane dans le privé, ou que la messe serait désormais dite dansla langue du pays, plutôt qu'en latin.
Dieu nous garde, si l'on peut dire, de vouloir entrer dans une querelle surle droit canonique. Que le rituel s'accomplisse en latin, en français ou enverlan, que les curés puissent se promener en costume de ville, cela concerneceux qui y croient. Libre à eux.
Le pire est ailleurs. Il y a certes de quoi être choqué par la décision dela papauté de réintégrer en son sein quelques brebis qui lui apparaissaientil y a encore quelques années un peu trop galeuses. Mais peut-on l'être moinsalors que, par exemple, la doctrine officielle de l'Église, défendue entreautres par le prédécesseur de Benoît XVI, Jean-Paul II, impose à sesadeptes, et au-delà à des populations entières, le refus de l'usage de moyenscontraceptifs, y compris dans des continents comme l'Afrique, où le sidafauchait, et fauche encore par centaines de milliers, hommes, femmes et enfants.
On n'en est certes plus au temps, en 1633, où la papauté obligeait Galiléeà se renier pour avoir osé prétendre que la Terre tournait autour du Soleil.Notons cependant qu'il a fallu attendre 1992, soit 300 ans, pour que l'Églisecatholique reconnaisse du bout des lèvres qu'elle avait pu se tromper sur cetteaffaire. Effectivement, on n'en est plus là, mais les choses n'ont guère évoluédans les rituels et les dogmes de l'Église, depuis qu'il y a plusieurs sièclesdes règles ont été édictées qui font encore foi et loi dans les églises etdans les cours de cathéchisme et que certains essayent d'imposer à toute lasociété.
Jean-Pierre VIAL |